Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

[Reportage] A Dakar, le sachet d'eau en plastique, on le boit et on le jette

Single Post
[Reportage] A Dakar, le sachet d'eau en plastique, on le boit et on le jette
Moussa Ndoye, 28 ans, boit d’un trait deux sachets plastiques d’eau fraîche et les jette sur une plage de Dakar. "Ici, c’est notre poubelle", rigole-t-il devant ses copains approbateurs assis autour du thé à l'ombre d'une grande pirogue.

Ce geste négligent, ils sont innombrables à le faire chaque jour.

Les sachets vides transparents de la taille d'une poche traînent partout, surtout en ces mois où la température ne descend pas sous les 30 degrés. Sur la plage de Hann, ils se mêlent à une masse de déchets drainée par les eaux nauséabondes de canalisations défectueuses. Ils jonchent les abords des stades et le pied des chantiers. Personne n'y prête attention.



"Il y en a beaucoup sur la plage, ça fait partie des déchets plastiques qu’on voit le plus", constate Pape Diop, responsable d’une association de protection de l’environnement. Pratiques, partout disponibles dans les commerces ou auprès des vendeurs de rue, moins chers que les bouteilles, ils font partie du quotidien, même de l'importante corporation des pêcheurs.

Avant, "pour boire, les pêcheurs emmenaient des bidons en mer. Maintenant ils utilisent les sachets d’eau, puis les jettent. Ces déchets finissent tous ici (sur la plage) car la mer les rejette", rapporte M. Diop.



Ces sachets sont un produit de consommation courante dans un certain nombre d'autres pays d'Afrique, au Nigeria, en Côte d'Ivoire, au Burkina. Ils sont proscrits au Kenya ou au Rwanda, en vertu d'interdictions sur les plastiques à usage unique remontant à 2017 et 2019.



Le Sénégal lui-même a voté une loi analogue en 2020. Elle est restée lettre morte en ce qui concerne les sachets d'eau. L'Ouganda connaît une situation similaire.

Effet Covid

Conséquence: des quantités de sachets finissent dans la rue, végétant sur le béton dakarois ou disparaissant dans le sable omniprésent même en ville. Les poubelles publiques sont inexistantes. Le nettoyage laisse à désirer, le recyclage est balbutiant. Plus de 250.000 tonnes de plastique sont jetées chaque année, près de 30.000 seulement sont recyclées, disait un rapport du ministère de l'Urbanisme en 2022.



Différents interlocuteurs de l'AFP soulignent la nocivité de ces sachets, qui mettent 400 ans à se décomposer en microplastiques, selon le professeur Adams Tidjanis, environnementaliste.



Non seulement ils polluent les eaux, mais ils obstruent les évacuations et contribuent aux inondations qui affligent chaque année les Dakarois. Il est commun qu'on les brûle, ce qui libère des dégagements toxiques.

La loi adoptée en 2020 complétait une législation de 2015 qui proscrivait la vente de sacs plastiques fins mais n'était guère appliquée. Le nouveau texte visait les plastiques à usage unique et jetables, comme les pailles pour les boissons ou les emballages dans le commerce.


Les autorités avaient presque immédiatement consenti des exceptions, dont les sachets d'eau ont fait partie. Le Sénégal était en plein Covid-19, les restrictions affectaient durement la population, dont une grande part vit au jour le jour. Le gouvernement avait décidé d'assouplir l'application.

Khadidjatou Dramé, chargée des affaires juridiques au ministère de l’Environnement, reconnaît que "nos réalités socio-économiques ne nous permettent pas d’aller vers leur interdiction totale".

La fabrication, dans des unités artisanales ou industrielles, et la distribution font travailler des milliers de personnes.

Hygiène douteuse
"Si Belle", "Mame Dior", "Ci Weul", "Kontoma"… Des dizaines de marques se disputent le marché. Elles se vendent à l'unité ou par lots de 30. Le sachet de 400 ml coûte 50 francs CFA (0,076 euro) et celui de 250 ml 25 francs CFA (0,038 euros).

Amadou Diallo, âgé d'une soixantaine d'années, a lancé la marque "Débèya" en 2017. Dans sa petite unité de la banlieue dakaroise, l'eau du robinet transite par trois tubes bleus qui renferment du coton, du fil et du charbon. Le liquide ainsi "filtré" et "purifié" à en croire M. Diallo abonde deux réservoirs superposés de 1.000 litres chacun qui eux-mêmes approvisionnent une machine d’emballage. L’appareil remplit les sachets, les scelle puis les dépose dans une bassine bleue. M. Diallo dit produire 300 à 400 packs par jour en période de chaleur.

Toutes les marques sont censées disposer d’une autorisation délivrée par les autorités. Certaines ont meilleure réputation que d'autres. Un certain nombre de clients disent s'être déjà posé des questions sur la provenance de l'eau qu'ils ingurgitaient.

Beaucoup d’unités de fabrication manquent aux règles d’hygiène, dit le lieutenant Mbaye Loum, responsable au Service national de l’hygiène.

Cela ne freine pas la production, au contraire.

Se lancer ne coûte pas grand-chose. Le mètre cube d’eau du robinet coûte 202 francs CFA. "Imaginez: ils filtrent cette eau du robinet, parfois même pas, la mettent en sachet et la revendent, c'est une manne pour eux", dit un responsable de la société d’exploitation et de distribution de l’eau Sen’Eau sous couvert de l’anonymat.

"On ne peut même pas compter" ceux qui opèrent clandestinement, dit M. Diallo, le fabricant; "Ils installent leur usine dans des maisons fermées et tu ne peux même pas te douter qu’on fabrique de l’eau (à l’intérieur)".




10 Commentaires

  1. Auteur

    Karim$

    En Octobre, 2023 (09:42 AM)
    Il est urgent que les femmes de Pastef arrêtent leur grève de la faim pour sauver SONKO ! Parce qu’elles risquent d’être responsables de la mort de SONKO ! Djiguène limou dougou yakh-ko, parce qu’elles sont bêtes, elles ne réfléchissent pas !  Surtout femmes africaines. Elles agissent toujours avant de réfléchir ensuite ! Pourquoi gâcher notre combat à seulement 4 mois de la fin ? Stop ! Arrêtez cette grève de la faim tout de suite ! Il y a un mauvais proverbe Sénégalais qui dit ” Djiguène xelam dafa seugue” Et si ça continue, je vais finir par croire que c’est vrai ! Pourquoi craquer à seulement 4 mois de la fin ??? Tchim ! Et puis quand Guy Marius Sagna va faire son lambar lambari dans la diaspora alors que le pays va mal, ça signifie sue tapette leu ! Méfiez-vous d’un gars qui va dans la même église que Juda Diaz ! Sénégalais dafa ragal té moussoul té meune na worr ! Bref on a beaucoup de défauts et trop peu de qualités. 
    Top Banner
    • Auteur

      Reply_author

      En Octobre, 2023 (10:43 AM)
      Ici on parle de problème environnemental et de la santé des populations. Ce monde et le Sénégal ne se résume pas à une seule personne et ses problèmes, d'ailleur tout le monde en a et Sonko n'en a pas plus que les autres.
    {comment_ads}
    • Auteur

      Reply_author

      En Octobre, 2023 (11:28 AM)
      Ce journaliste raconte sa vie le metre cube d'eau du robinet (1000 litres) ne coute pas 200 francs
    {comment_ads}
    • Auteur

      Mea Culpa

      En Octobre, 2023 (11:55 AM)
      il a bien raison autant pour moi  la tranche sociale  est de 202 francs Cfa le m3 pour les villes assainies et 188,5 francs Cfa le m3 pour les villes non assainies, la tranche pleine  est de 697,97 francs Cfa le m3 pour les villes assainies et 636, 34 francs Cfa le m3 pour les villes non assainies, la tranche dissuasive est de 878,35 francs Cfa le m3 pour les villes assainies et 778,87 francs Cfa le m3 pour les villes non assainies.  Diégalou c'est les factures en hausse qui m'ont traumatisée 
    Top Banner
  2. Auteur

    En Octobre, 2023 (10:22 AM)
    Comment ça se fait qu'il n'y a pas de poubelles dans les rues ? A chaque fois je mets des déchets dans mon sac pour les mettre à la poubelle une fois à la maison.. ucg ils sont courageux machallah mais 30 min après leurs passages tu vois des gros gaillards jetter à tout va sans gêne.. on mérite un environnement propre, des citoyens disciplinés et travailleurs.
    {comment_ads}
    Auteur

    Senegal

    En Octobre, 2023 (10:46 AM)
    Ma poubelle, c'est ma belle voiture, de l'extérieur elle est belle, à l'intérieur des sachets en plastiques ou des bouteilles d'eaux qui vont finir dans la poubelle de ma maison. Quand je vois des automobilistes jeter des tasses et autres en pleine chaussé me sidère.
    {comment_ads}
    Auteur

    En Octobre, 2023 (10:54 AM)
    Un bon article. Je préfère ce genre d'article ça qu'à parler tous les jours des politiciens ( des hommes). Au Sénégal, on parle trop des gens mais pas de nos priorités. Le problème des sachets en plastique est très grave. Le sénégalais n'est pas conscient du phénomène du plastique et il n'y pas de sensibilisation en ce sens. Pourtant nos journalistes et animateurs de TV avec l'appui du ministère de l'environnement pourraient aider à l'éveil des consciences par rapport à la pollution de plastique. Nous sommes dans un pays où 70% sont des ignorants. Ils faut toujours sensibiliser et sanctionner. L'autre jour j'ai vu un taximan jeter un sachet en plastique sur l'autoroute à péage, je lui ai fait un signe mais il était étonné que je lui disais que c'est pas bien de jeter son sachet sur la chaussée. Avec des gens avec cette mentalité et ce niveau d'ignorance, il faut de l'information et de la sensibilisation.  Au lieu d'utiliser de passer tout le temps à la télé à parler de politique, religion et lutte, il serait judicieux de sensibiliser.
    {comment_ads}
    Auteur

    En Octobre, 2023 (10:59 AM)
    Un zoo ça se mérite, faillite de l'éducation familiale et générale....finit en kinésithérapeute comme niarel !!
    Top Banner
    Auteur

    Djibson

    En Octobre, 2023 (11:01 AM)
    La juriste au ministère qui se défausse derrière nos  fameuses 'réalités" ici en l'occupation ''socio-économiques". Nos "réalités" ont beau dos. 
    {comment_ads}
    Auteur

    T.d

    En Octobre, 2023 (11:03 AM)
    Article qui réfléte la situation desespérante qui régne dans nos rues... il faudrait aussi noter le problème de nos concitoyens qui remplissent de dechets les containers qu'il envoient au Sénégal ...les gars le Sénégal n'est pas une poubelle ! 
    {comment_ads}
    Auteur

    T.d

    En Octobre, 2023 (11:05 AM)
    Article qui réfléte la situation desespérante qui régne dans nos rues... il faudrait aussi  souligner le problème de nos concitoyens qui remplissent de dechets les containers qu'il envoient au Sénégal ...les gars le Sénégal n'est pas une poubelle ! 
    {comment_ads}
    Auteur

    En Octobre, 2023 (12:43 PM)
    manque de civisme rek

     
    Top Banner
    Auteur

    Utile

    En Octobre, 2023 (13:16 PM)
    Pour une fois, un article extrêmement utile, qui participe à l'éveil des consciences. Si nos journalistes pouvaient nous produire plus d'articles de ce genre, ils participeraient davantage au changement de comportements que nous attendons de nos concitoyens. 
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email