Jeudi 25 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

A Dindéfélo : Les femmes divorcées sont obligées de rembourser la dot

Single Post
A Dindéfélo : Les femmes divorcées sont obligées de rembourser la dot
A Dindéfélo, les hommes ont inventé un code de la famille qui leur est propre. Ils peuvent divorcer une femme, même après dix ans de mariage, et passer à la caisse pour se faire rembourser la dot. La société civile tente, à travers le Centre africain pour l’éducation aux droits humains (Caedhu), de combattre de telles pratiques. Il a organisé le week-end dernier, dans le village, un atelier de formation des femmes grâce à la Fondation Konrad Adenauer.

(Envoyé spécial) – A Dindéfélo, le divorce est lucratif pour les hommes. Dans ce village situé à 35 km à l’est de la commune Kédougou, les hommes ont, visiblement, leur propre code de la famille. Là, on peut divorcer sa femme et lui demander de rembourser la dot, avant de la libérer. Le récit de Mme Salimatou Diallo, habitante de Ségou, village de Dindé Félo, en est illustratif, elle qui a déroulé ‘l’histoire’ de sa fille en marge de l’atelier de trois jours tenu le week-end dernier dans le village. ‘Ma fille était mariée à un jeune homme pendant neuf ans. Faute d’avoir eu d’enfant, elle est tombée en disgrâce au profit de sa coépouse. Son mari ne mangeait plus ses repas, il l’a rejetée’, explique Mme Diallo précisant que la jeune mariée finit par rejoindre le domicile de ses parents. ‘Après quelques arrangements, le couple se retrouve, mais pas pour longtemps, car son mari est resté intraitable. Le mariage a été rompu, mais son mari a exigé qu’on lui rembourse les 55 000 francs Cfa, représentant la dot’, se souvient, amère, Salimatou. L’argent a été remis au père du mari qui l’a empoché. ‘Nous lui avons fait remarquer que ce n’était pas juste, sans succès’, souligne-t-elle. Un an après, la divorcée se remarie et accouche d’un garçon.

Mme Sira Kanté du village de Dindé Félo a vécu la même mésaventure. ‘Il y a cinq ans, j’ai été obligée de rembourser 50 000 francs Cfa à mon beau-fils. Ce dernier a eu des problèmes avec ma fille qui était son épouse. Le mari, un jeune mécanicien, l’a chassée avec son enfant, une fillette’, raconte Sira. Moins chanceuse que la première, la divorcée est encore célibataire. ‘Son grand frère qui est gendarme, a voulu s’opposer à cette injustice. Mais, il en a été dissuadé par la famille’, poursuit Sira Kanté. ‘C’est une pratique courante ici’, assure Mamadou Diallo, enseignant à Dindé Félo. ‘Même si la femme a des enfants avec son mari, elle doit restituer la dot en cas de divorce’, ajoute-t-il.

La note est plus salée si l’épouse est originaire de la zone de Saraya. ‘Là, le mariage coûte plus cher. Car on réclame au mari sept vaches, 150 000 francs Cfa et des petits cadeaux à la tante, à l’oncle ou au grand-père de la femme’, annonce Diallo, ajoutant que des procès opposent couramment deux belles-familles ou des conjoints au tribunal de Kédougou. ‘Les plaignants sont en général déboutés, parce qu’on leur objecte, précise-t-il, que le Code de la famille n’autorise pas de telles sommes pour la dot’.

Le calvaire de la femme de Dindéfélo, c’est aussi les mariages fondés sur le sororat ou le lévirat. ‘Quand j’ai perdu mon mari, les fils de ma coépouse m’ont imposé de me remarier avec son petit frère. J’accepte, mais le mariage fait long feu. Pour autant, les fils de ma coépouse continuent de vouloir, à tout prix, me marier à leur oncle. Mais je les attends de pied ferme’, raconte Aissatou Touré, la quarantaine bien sonnée, habitante du village de Thiabékaré. ‘Nombre de femmes ont vécu de telles difficultés, elles ont honte d’en parler dans la salle’, précise la formatrice en droits humains du Centre africain pour l’éducation aux droits humains (Caedhu), Mme Assa Diallo. ‘Ce sont des cas récurrents. Il y en a même qui déshabillent leur épouse. Un homme a réclamé jusqu’aux boucles d’oreilles à son ex-épouse’, se désole le coordonnateur de Caedhu à Dindéfélo, Karim Camara. ‘Nous recevons des plaintes, mais elles sont encore timides. Ici, les gens sont plutôt fatalistes, elles vous diront que telle divorcée a remboursé, donc il en est ainsi’, renseigne Kamara.

Pour inverser la tendance, le Caedhu a formé les femmes au plaidoyer, en 2001. Le week-end dernier, trente-six femmes étaient en atelier de trois jours à Dindéfélo. La manifestation, une initiative de l’antenne locale du Caedhu appuyé par la Fondation Konrad Adenauer, est une session de formation des femmes en leadership et en droits humains. ‘C’est fini la marginalisation des femmes dans les instances de décision !’ C’est le cri du cœur de Mme Assa Diallo. Elle faisait face au parterre de femmes en provenance de villages de l’arrondissement de Bandafassi. Mme Diallo se faisait aussi l’écho de la position des trente-six femmes venues affirmer leur volonté d’investir les instances de décision qui seront issues des prochaines élections locales.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email