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A GRAND-YOFF, LIBERTÉ 6, LIBERTÉ 5 : Les jeunes entre ennui et attentisme

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A GRAND-YOFF, LIBERTÉ 6, LIBERTÉ 5 : Les jeunes entre ennui et attentisme

Le chômage est un problème ambiant à Grand-Yoff, dans les Sicap Liberté 6 et 5. Les jeunes exercent une diversité d’activités pour combattre leur désœuvrement à Grand Yoff et, dans une moindre mesure dans les Sicap où certains jeunes attendent tout de leurs parents ou cherchent à travailler dans les institutions financières ou encore dans les bureaux.

La ruelle du populaire Khar Yallah ne vit pas aux ballets incessants des habitants. Le quartier est dans un calme plat à 9 heures. Ahmed Sadio, né en 1979 à Sédhiou, est assis sur les rebords d’une muraille. Depuis plusieurs semaines, ses journées sont immuables. Il n’a pas de travail depuis un certain temps. Il se fait employer quelquefois dans les chantiers pour engranger des sous afin de subvenir à ses besoins. « J’avais travaillé dans une société de collecte des ordures. Après sa fermeture, j’ai essayé avec le carrelage. Actuellement, je gagne ma vie dans les chantiers », confie le jeune, originaire de Santassou, un quartier de Sédhiou. Ahmed Sadio ne se fait pas de fixation sur une profession. Il n’a pas de préférence pour tel ou tel boulot. Il se prévaut de la maxime qui dit qu’il n’y a pas de sot métier. « Pour moi, l’essentiel, c’est de travailler », ajoute-t-il.

Plus loin, au fond de la rue, trois jeunes garçons enturbannés malaxent le ciment avec du sable pour mouler les briques. La construction est le secteur qui emploie le plus ces jeunes des sous-quartiers de Grand-Yoff frappés par le chômage. Sous l’acacia et près de la boutique sise sur une artère qui débouche sur le garage Casamance, cinq jeunes discutent. Ces scènes sont visibles dans plusieurs coins de la rue à cette heure. Ils se regroupent parce qu’ils sont logés à la même enseigne. « Le chômage des jeunes est une réalité dans ce quartier. On ne peut pas compter le nombre de chômeurs. Parfois, certains travaillent dans les chantiers pour se faire de l’argent », renseigne Cheikh Thiam, âgé de 24 ans, qui fait une formation en mécanique et travaille dans les chantiers de temps à autre. Près du petit marché de Khar Yallah, Ibrahima Ngom, teint noir, conduit un pousse-pousse rempli de bottes d’herbe. Il transpire. Chaque jour, et très tôt dans la matinée, Ibrahima part couper l’herbe dans les Niayes pour la revendre. Il n’éprouve aucune gêne à faire de cette activité sa préoccupation quotidienne, en attendant de trouver mieux. « Auparavant, je vendais le foin, maintenant, c’est l’herbe que je vends. Cela ne rapporte pas gros, mais il faut s’accrocher en attendant un autre travail », confesse Ibrahima Ngom. Son souhait, c’est d’ouvrir une cantine dans un marché de la place pour faire le commerce. Tel n’est pas le cas de Cheikh Tidiane Kane, un jeune de Liberté I croisé non loin de l’école Ipg.

Ce garçon longiligne et de teint clair rêve d’exercer la profession de banquier. « Nous ne faisons rien. Le chômage est une réalité dans nos quartiers. La plupart des garçons, s’ils sont fauchés, vendent leurs chaussures, leurs habits pour régler leurs problèmes. Nous ne pouvons pas quémander », affirme Cheikh Tidiane Kane. Marina, une étudiante gabonaise habitant Liberté 6 et trouvée près d’un arrêt bus sur cette voie débouchant au Terminus de Liberté V, a même saisi l’ampleur de la manifestation du chômage dans les quartiers de la Sicap. « Les gens croient que dans les Sicap tout est rose, mais tel n’est pas le cas. Les chômeurs sont très nombreux. Les garçons passent tout leur temps à jouer au football, à crier jour et nuit. Il faut entrer dans les maisons pour s’en rendre compte », soutient l’étudiante. Et pourtant, les gars piaffent d’impatience pour sortir de l’oisiveté et pour se prendre en charge. « Aucun jeune ne souhaite être nourri et habillé par ses parents jusqu’à un certain âge. Nous n’avons pas de travail, mais nous sommes prêts à faire certains boulots. Nous voulons aussi travailler dans les bureaux », confie un garçon de Liberté V qui a requis l’anonymat.

La recherche d’un emploi attrayant

Cap sur le Terminus et un détour au Jardin public Ababacar Sy. Ici, sous l’ombre des arbres, on peut voir les personnes âgées lire des journaux ou jouer au Pmu. Les jeunes palabrent dans cet espace ombrageux. A la différence de ces jeunes, Lamine Cissé, originaire du village de Bounau, dans la région de Sédhiou, a les yeux rivés sur un verset du Coran. Il habite Liberté 6 depuis plusieurs années. Le chômage, dit-il, est une réalité dans ces quartiers de Liberté 6 et 5 et dans les Sicap, d’une manière générale. Lamine Cissé s’empresse de dénoncer le manque d’initiative des jeunes de ces quartiers. « Je suis prêt à faire tout travail qui n’aura pas de conséquence sur ma santé et aussi qui me rapportera de l’argent.

Le problème dans les Sicap, c’est que les jeunes attendent tout de leurs parents. Ils n’ont pas de problèmes pour payer le loyer ou pour subvenir à leurs besoins. Ce sont des fils à papa. Il y a un manque d’initiative dans ces quartiers. Tout le monde cherche à travailler dans les bureaux. C’est là le grand problème. Toutefois, il y a certains qui subissent maintenant la formation », selon M. Cissé. Le chômage est donc diversement combattu selon qu’on est dans les populeux sous-quartiers de Grand-Yoff ou dans les Sicap.



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