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A MGR PIERRE SAGNA, ANCIEN EVEQUE DE SAINT-LOUIS: Adieu Monseigneur !

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A MGR PIERRE SAGNA, ANCIEN EVEQUE DE SAINT-LOUIS: Adieu Monseigneur !

C’est curieux cela. Le destin a parfois de ces parallélismes qui étonnent. Aujourd’hui, mardi 3 juin de l’an de grâce 2008 après Jésus-Christ, la communauté saint louisienne toutes obédiences et toutes confessions confondues en communion avec le Sénégal tout entier ainsi que les pèlerins de la sous région et du monde organisent, Monseigneur, vos funérailles dans cette ville que vous aimiez tant et qui vous vénérait tout autant. C’est curieux, Monseigneur, parce que c’était au mois de juin 1998 aux premiers jours que je débarquais à Saint-Louis pour vous rencontrer à l’Evêché. Je venais vous entretenir de l’épineuse question casamançaise qui refuse encore de trouver solution définitive.

Votre Casamance natale dont la souffrance vous affectait terriblement. Reporter avide de réponses, qu’il tardait à trouver sur une crise à l’inextricable enchevêtrement, je questionnais à droite et à gauche et m’évertuais à rencontrer toute personne susceptible d’aider à la compréhension d’un problème aussi complexe.

C’est ainsi que ma quête inlassable me conduit ce 3 juin 1998 auprès de vous à Saint-Louis. On était ainsi à quelques jours de la mutinerie du 7 juin de feu le général qui n’avait pas été à l’école des Blancs, Ansoumane Mané en Guinée-Bissau voisine et parente qui ne peut ainsi s’empêcher comme la Gambie d’éternuer chaque fois que le Grand frère Sénégal toussait. A l’ombre de la spacieuse véranda, mon premier « perroquet » à la main,-je n’avais auparavant jamais goutté aux délices de ce nectar rafraîchissant que vous me fîtes découvrir,-je vous mitraillais de questions.

Curieux de tout, voulant tout savoir, affamé de comprendre. Alexandre Diadhiou le regretté pharmacien, sémillant sportif et dirigeant du Casasport, l’équipe fanion de la région qui avait été tout comme feu le colonel Georges Boissy, le Seigneur des Mancagnes, membre de la commission nationale de gestion de la paix en Casamance, nous disait souvent, « il faut rester au moins cinq ans en Casamance pour commencer à comprendre… »

Ce jour, Monseigneur avec un peu plus de pédagogie, certes, vous me dites la même chose. Me montrant en l’occasion la nécessaire modestie qu’il fallait pour apprendre.

J’ai appris que le Seigneur des Hommes et des Choses avait décidé de vous rappeler à ses côtés en vous arrachant à notre affection si tôt ! A seulement 76 ans après certes un alitement relativement long. Monseigneur je vous ai découvert bon, simple, affable et ouvert. Vous avez été tout aussi Ziguinchorois que Saint louisien. Disons simplement citoyen Sénégalais. En administrant le diocèse de Saint-Louis de 1975 à 2003, vous le fîtes dans le souci de la charité chrétienne et de la sociabilité, ont témoigné plusieurs des vôtres. Ma rencontre avec vous m’incline à les croire bien volontiers.

Tout autant que le Cardinal Thiandoum dont vous attestiez qu’il était le chantre du dialogue islamo-chrétien et de la cohésion nationale, vous avez été également un fort et puissant trait d’union entre les communautés et les ethnies du pays. Parlant du regretté Cardinal, ne disiez-vous pas « qu’il avait comme moi des parents musulmans et il avait beaucoup d’estime pour les musulmans. S’agissant de la paix en Casamance, le Cardinal était très respectueux des juridictions de l’Eglise catholique.

C’est ainsi qu’il s’est toujours interdit d’intervenir directement dans le problème de la Casamance, faisant toujours confiance aux pasteurs de la région en étudiant avec eux les voies de sortie de cette crise. Je sais qu’il nourrissait beaucoup d’espoir de voir déboucher tous les efforts vers une paix durable ». Comme lui, vous vous êtes interdit d’intervenir directement bien que Casamançais. Mgr. Maxent Coly de Ziguinchor ayant suffisamment d’autorité pour le faire. Mais cela ne vous empêchait point de connaître de la question et d’aider discrètement à toutes solutions de sortie de crise, porteuses d’espoir.

A l’Eglise du Sénégal, au Diocèse de Saint-Louis et à toute la communauté catholique du pays, aux parents, amis, alliés, Babacar Touré et l’ensemble du personnel du Groupe Sud Communication présentent leurs condoléances attristées. Que la terre lui soit légère. Adieu Monseigneur !

 



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