L’on peut affirmer sans se tromper que l’édition 2006 de la commémoration de l’appel de Limamou Laye s’est terminée dans l’apothéose, lorsque Chérif Ousseynou Laye a entraîné tout le monde dans une ambiance délirante d’évocation du Tout-Puissant par le vocable suprême : Lahi Laha Illa Lah ».
C’est par la traditionnelle cérémonie officielle qu’ont été bouclées les manifestations marquant le 126e anniversaire de l’appel de Limamou Laye. Occasion pour le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Me Ousmane Ngom, de livrer le message des pouvoirs publics.
Pour l’essentiel, trois éléments, du reste très déterminants, ont caractérisé l’événement : l’engagement des jeunes layènes, sur injonction de Chérif Ousseynou Laye à ne plus jamais recourir à l’émigration clandestine, les mises au point pertinentes, relativement à l’unité de la famille, faites par Seydina Issa Laye Thiaw. Il y a aussi l’hommage appuyé de Me Ousmane Ngom à la communauté layène dont la philosophie, souligne-t-il, « bannit le sectarisme ». Invité à dire le dernier mot aux milliers de fidèles qui ont massivement investi la vaste place de Yoff Diamalaye, dès les premières heures de la journée, il a simplement agi à l’américaine. Cela, en initiant spontanément un gigantesque chœur d’évocation de l’unicité du Très Haut, sur la base de la formule consacrée par le Mahdi. Il a fini par interroger la foule en lançant : « Vous engagez-vous à abandonner les pirogues et autres embarcations de fortunes pour aller en Europe ou mourir ?
Respect du serment de Diamalaye
À cet effet, le Oui massif qui s’est extériorisé des poitrines a conduit le porte-parole du khalife de Seydina Limamou Laye de dire à Me Ousmane Ngom : « Transmettez le message au président Abdoulaye Wade et dites lui d’aider et d’encadrer cette jeunesse, afin qu’elle respecte le serment qu’elle vient de faire sous vos yeux. La jeunesse est l’espoir pour le développement de la nation, qu’il faut appuyer de manière démocratique, sans distinction de religion, de confréries ou d’appartenance politique, syndicale, associative, etc. ». S’agissant de l’émigration, Chérif Ouseynou Laye a rappelé qu’elle « relève des programmes et prévisions d’Allah le Tout-Puissant qui, d’ailleurs, destine aux émigrés, une part du produit de la Zakat (aumône légale) ».
Mais, faudrait-il « que ces derniers respectent les règles étables qui régissent l’émigration », souligne-t-il. En outre, le marabout, affectueusement surnommé le « docteur de la jeunesse », a exprimé la gratitude du khalife El hadj Abdoulaye Thiaw Laye aux talibés et aux pouvoirs publics, principalement le chef de l’État, Me Abdoulaye Wade.
Aider et encadrer la jeunesse,
L’autre discours qui n’en a pas moins captivé l’attention des participants à la cérémonie a été celui de Seydina Issa Thiaw Laye, fils aîné du khalife, ancien député à l’Assemblée nationale. Dans une envolée qui a acquis, de fait, l’adhésion de la masse d’adeptes de la doctrine de Baye Laye présents, Seydina Issa, constant dans la démarche, a fait d’importantes mises au point au sujet de l’unité dans la famille, autour du khalife et ses frères, avec Chérif Ousseynou en tête. Ainsi, il a promis un enterrement de première classe « aux adeptes de Satan le maudit qui, animés d’intentions peu orthodoxes, présagent, en y oeuvrant, à l’éclatement de la famille en plusieurs clans », précise le guide.
Il a ainsi fustigé, « comme je l’avais fait en 2002, ceux qui essaient d’entrer chez Serigne Ablaye père par la porte de derrière ou la fenêtre. Ils nous trouveront devant eux, mes frères et moi, le fils aîné ». Il est revenu sur beaucoup d’actions réalisées par le khalife et des membres de la famille, notamment le règlement d’un conflit entre les travailleurs des Industrie chimiques du Sénégal (Ics), les habitants des villages environnants des installations de la société, et le directeur général de l’époque, l’octroi de milliers d’hectares de terre à l’État pour le projet des parcelles assainies, lors du naufrage du bateau le « Joola », la contribution à la consolidation de la paix dans le pays, etc. Mais, parallèlement, il a fait noter que « des gens malintentionnés du pouvoir agissent de façon inélégante à l’endroit de la communauté layène et de ses guides.
Des valeurs positives pour un citoyen nouveau
De tels individus n’aident pas le président Wade qui, du reste, est très attaché et porte une considération fraternelle à la communauté et à Serigne Ablaye, son ami de longue date et compagnon d’armes. Ils sont au service de leurs propres intérêts ». Puis Seydina Issa Laye Thiaw a apporté des éclairages sur le jugement des confréries en termes de minorité ou de majorité. Jugement qu’il estime « erroné, sachant que le seul jugement qui vaille pour un peuple est celui de la citoyenneté ». Il a souhaité que cesse les querelles de confréries et salué la présence de représentants de toutes les familles religieuse à Diamalye.
Pour Me Ousmane Ngom, « la philosophie de Seydina Limamou Laye doit faire des émules en ce moment où le président Abdoulaye Wade s’est engagé à construire un Sénégal nouveau, donc émergent. Entreprise qui doit s’appuyer sur un citoyen de type nouveau, imbu de valeurs positives comme celles enseignées par le Mahdi ». Cette philosophie de Limamou Laye, indique le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, a le mérite et la particularité de bannir le sectarisme, les barrières et cloisons sociaux, et prône la simplicité et l’humilité. En atteste le port par tout le monde de la tenue blanche, de manière à confondre tous les talibés à la même loge ». S’y ajoute que, « comme vient de le dire Seydina Issa Laye, un Peulh, un Diola ou un Mandingue, etc., peut, un jour, devenir khalife Limamou laye, tellement les considérations de castes, d’ethnies ou de races sont démystifiées par le Mahdi qui en fait le legs à sa famille », fait relever Me Ngom.
Il a loué les qualités de combattant de la foi de Chérif Ousseynou Laye et réitéré l’engagement du président Wade à accompagner tout ce qui se fait dans la famille.
Une kyrielle de personnalités
Chaque année, l’on a tendance à dire qu’il y avait plus de monde que pendant la précédente édition de la commémoration de l’appel de Limamou Laye. Celle qui vient de se terminer n’a pas dérogé à la règle. Car d’aucuns disent qu’il y avait plus de fidèles, parents, amis et sympathisants que lors des éditions passées.
En tout état de cause, les personnalités de tout bord ont participé aussi bien aux étapes de Cambérène et Ngor que pendant la dernière journée à Yoff (voir notre édition de samedi). Principalement, toutes les familles religieuses musulmanes avaient dépêché sur les lieux des délégations de haut niveau, marquant ainsi leur unité autour de l’essentiel que constituent les idéaux de l’Islam, comme l’a si bien signifié Seydina Issa Laye Thiaw.
Du côté des pouvoirs publics, outre Me Ousmane Ngom, chef de délégation, les institutions de la République (président de la République et gouvernement, Assemblée nationale, Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales), étaient fortement représentées à la cérémonie de clôture. C’est ainsi qu’on a noté la présence des ministres : Aminata Tall, ministre d’État auprès du président de la République, par ailleurs nièce du khalife de Baye Laye, Mame Birame Diouf, ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé. De même que Mme Bineta Bâ Samb, Ministre de l’Industrie et de l’ Artisanat, le Dr Issa Mbaye Samb, ministre de la Prévention, de l’Assainissement et de l’Hydraulique urbaine, et le Dr Bacar Dia, ministre de l’Information, porte-parole du gouvernement, le Général Samba, commandant du Groupement national des Sapeurs pompiers. Il y avait aussi le gouverneur Saliou Sambou, Directeur des affaires générales et de l’administration territoriale (Dagat) au ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, le préfet du département de Dakar, le sous-préfet urbain des Almadies, les directeurs et chefs de services nationaux, régionaux et départementaux et locaux impliqués dans l’organisation de la commémoration de l’appel. Le député et secrétaire élu du bureau de l’Assemblée nationale, par ailleurs adjoint au maire de la ville de Guédiawaye, Kalidou Niasse, maire de la commune d’arrondissement de Nimzath Wakhinane a dirigé la délégation de l’Assemblée nationale et de la ville de Guédiawaye. Tandis que le vive-président, Mamadou Aly Guèye, a représenté le président Me Mbaye-Jacques Diop et le Conseil de la République.
Du côté coutumier, le Grand Serigne de Dakar, El hadj Ibrahima Diop Momar Marème, était à la tête des dignitaires de la presqu’île du Cap-Vert. Pour sa part, El hadj Aliou Kébé, adjoint au maire et officier d’état civil principal de Pikine, a conduit la délégation représentant le député-maire, Daour Niang Ndiaye, et le conseil municipal. Mamadou Diop Député-Maire de Yoff qui a été vivement remercié a honoré de sa présence la cérémonie.
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