Fidèle à la réputation de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, le journaliste écrivain Abdou Latif Coulibaly n’a pas fait dans la langue de bois pour soutenir que des ministres de la République sont impliqués dans le blanchiment de capitaux. Comme cela a été révélé tout dernièrement dans son hebdomadaire La Gazette où le conseiller spécial du président de la République, Kader Mbacké aurait été épinglé, preuves à l'appui, par la Cellule nationale de traitement de l'information financière du Sénégal (Centif) pour blanchiment d'argent portant sur la somme de 1, 5 milliard. Occasion saisie par le journaliste écrivain pour manifester tout son désarroi et son inquiétude sur l’inapplicabilité de la loi 2004 relative au blanchiment de capitaux. Loi qui, selon Me Léon Patrice Sarr, est ‘ostentatoire à la profession d’avocat’.
Avec son étiquette de journaliste d’investigation, Abdou Latif Coulibaly demande la révision de cette loi pour son amélioration en vue de permettre une collaboration avec les journalistes. Car l’investigation du journaliste peut contribuer à la connaissance des mécanismes liés aux blanchiments d’argent sale. Le blanchiment d’argent, soutient-il, ‘sape l’économie de notre nation et ruine les fondements de la société’. Suffisant pour appeler à un sentiment citoyen animé d’une volonté politique pour éradiquer le phénomène du blanchiment d’argent avec la dénonciation des blanchisseurs, appuyée par une répression sévère à leur encontre.
Revenant sur le thème : ‘Blanchiment d’argent à l’épreuve de la pratique : regards croisés des professionnels’, qui a regroupé l’Association des jeunes avocats du Sénégal, son Bâtonnier, Me Alioune Badara Fall, soutiendra qu’’il s’agit d’un sujet intéressant. Mais il constitue un sujet étriqué, difficile et compliqué, d’autant que l’avocat est à l’affût de preuves et est sous le droit de réserve. Il ne sera animé que par la suspicion et la supputation’.
Propos entièrement partagés par Fatou Soumaré de la Cellule nationale de traitement des informations financières. Le 1er substitut du procureur Ibrahima Ndoye, qui s’occupe essentiellement de blanchiment d’argent, pense que la loi 2004 sur le blanchiment de fonds est difficile pour les avocats, le parquet et les magistrats. Non sans révéler les 46 dossiers relatifs à des affaires de blanchiment de fonds où 39 affaires sont toujours pendantes devant la justice. Et l’on cite pêle-mêle une affaire impliquant une Italienne, un dossier impliquant un Nigérian, qui est rendu par défaut, une affaire de détournement de deniers publics tournant autour de 600 millions de Fcfa, trois affaires de non lieu et deux dossiers qui ne proviennent pas du Centif. Le représentant de la Chambre des notaires a lui focalisé son speech sur le secret professionnel et sur le problème de la confidentialité des notaires qui sont assujettis à la déclaration de soupçon en matière de blanchiment d’argent.
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