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ACCEUIL DES 115 « FOUS DE LA MER » A LA MARINE NATIONALE : Un mineur de 14 ans était à bord de la pirogue

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ACCEUIL DES 115 « FOUS DE LA MER » A LA MARINE NATIONALE : Un mineur de 14 ans était à bord de la pirogue
Dimanche dernier, une équipe de l’Observateur a assisté à la marine nationale à l’arrivée de 115 clandestins sénégalais qui voulaient se rendre en Espagne à bord d’une embarcation de fortune. Reportage. Arsenal de la marine. Il est une heure du matin. Nous sommes devant le bureau du commandant de la brigade de gendarmerie (Cb). Un vent frais caresse les visages. Malgré tout, des moustiques «marins» par des piqûres sporadiques nous rappellent que nous sommes sur leur territoire. Dans leur caserne. Qu’importe ! Nous attendons. Le calme nocturne laisse entendre le bruit des vagues qui s’écrasent sur les bateaux stationnés sur le quai. Situé à quelques mètres. Quelques minutes après, le téléphone du commandant de brigade sonne. « Ils sont arrivés. Le bateau va accoster dans quelques minutes », nous informe-t-il. «Allez-y, montez dans la voiture. On y va », ordonne-t-il. «Oui ! Mon commandant ». Nous nous exécutons. Nous prenons alors place à bord de la voiture de la marine garée juste devant les locaux. 01 heure cinq minutes. Nous sommes au quai d’honneur. A part quelques lueurs provenant des bateaux au large du port. C’est l’obscurité totale. Le décor est tout simplement naval. Partout des bateaux. L’ambiance essentiellement marine. Des marins disputent le quai aux journalistes. La pirogue qui a embarqué les clandestins et qui a été remorquée par le bateau de la marine venait d’accoster. Avec à son bord des éléments de la marine. Reconnaissables par leurs gilets de sauvetage rouges. Leurs armes en bandoulière. Dans cette pirogue de la mort, l’on pouvait voir dans un désordre créé par la panique, des chaussures, des fûts d’eau. Des fourneaux. Des sacs de riz. Bref tout un arsenal de…départ. « Où sont-ils ? », demande une voix dans la pénombre. « Popenguine (Ndlr : le nom de la patrouille en haute mer qui achemine les clandestins) va accoster de l’autre côté à la Warp à l’instant même», répond-on dans la pirogue. Il ne faut pour rien au monde rater cet événement ! Le quai avait fini de refuser du monde. Essentiellement les éléments de la marine. De la gendarmerie. De la police. Et de la presse. Tout ce beau monde semble être pris de court. D’un ton ferme et plein d’autorité, le chef de la division communication de la gendarmerie, D. D, lance à son équipe de reportage : « Allez ! Courrez ! Si vous ratez l’arrivée. C’est foutu ». Commence alors une course contre... l’arrivée. Le quai d’honneur s’est transformé pour la circonstance à une piste d’athlétisme. Où journalistes et autres hommes de tenue se sont livrés à une partie de course dans l’obscurité pour ne pas rater l’événement. Arrivés au lieu indiqué. Nous apercevons Popenguine à quelques mètres. Prêt à accoster. Les projeteurs sont allumés. Sur le bateau à part l’équipage. Nous reconnaissons « les fous de la mer ». En jean. Blouson. Drapé dans des bâches. Ils attendent l’heure de revenir sur terre. Après l’avoir « boudé » durant neuf jours d’enfer. Les autorités de la marine et de la gendarmerie procèdent aux derniers réglages pour les cueillir dans la fourgonnette garée au bas de la passerelle. Tête basse. Les mains dans la poche. La démarche titubante. Ils prennent place dans la voiture. Direction. Le poste de brigade de la gendarmerie de la marine. Pour les interviews et autres interrogatoires.

Un mineur à bord

Né en 1992. Mor Fall est le plus jeune des : « 115 fous de la mer » qui voulaient affronter la mort pour se rendre en Espagne. Pieds nus. Habillé d’une culotte. L’air très fatigué. La voix grave, Mor Fall, le neveu du capitaine raconte : «Je suis élève en classe de Cm1 à Yarakh ». Le petit Mor que ces compagnons de galère appellent affectueusement «Thiaat » (Ndlr : benjamin) poursuit sa mésaventure : «J’habite à Yarakh. Lorsque je partais, mes parents n’étaient pas au courant». Certainement même son maître d’école encore moins ses camarades de classe n’ont eu vent de son voyage vers la mort. Quand on demande au petit Mor ce qu’il va faire en Espagne, la réponse coule de source. Innocente : « Démay dem liggey (Ndrl : je vais travailler) ». Quel travail ? «Si on m’apprend un métier, je saurais le faire», se défend-il. Etait-il conscient des dangers et des risques qu’il encourait en se jetant en mer ? Le jeune Mor en était conscient. Pourquoi diable voulait-il pour autant aller mourir ? Le benjamin est resté muet. Il n’avait que ses yeux pour nous regarder. L’air absent. Les pensées tournées vers ces neufs jours de galère. De croisade contre la mort. Pour un mirage. L’Espagne. L’Europe. Incroyable !



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