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Achoura ou fête de Tamkharite au Sénégal célébrée mercredi

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Achoura ou fête de Tamkharite au Sénégal célébrée mercredi

Aux origines d’une tradition païenne
La Achoura, communément appelée Tamkharite, va être célébrée mercredi prochain. La communauté musulmane sénégalaise, à l'instar des autres pays de la Umma islamique, va communier pour prier dans la dévotion et la ferveur, après un copieux dîner. Cependant, le sens religieux de la fête est en train de perdre progressivement du terrain au profit d'actes profanes.
 

En réalité, la jeune génération ne retient de la Tamkharite que le «thiéré (bassi saleté)» et le «taajaboon (carnaval masqué)». Or, ce jour a une implication profonde dans l'édification de l'Islam. Si l'on en croit Abouhureyrat, un des sahaba du Prophète Mouhamed (Psl), la Achoura qui est le dixième jour du nouvel an musulman, coïncide avec l'Hégire, ce qui est tout un symbole.
Toujours selon Abouhureyrat, Dieu dans son immense grâce a descendu sur ses prophètes et leurs compagnons de grands bienfaits. C'est dire donc que la Tamkharite doit être vécue, par le musulman, dans la piété. Malheureusement, les Sénégalais fêtards devant l’Eternel et «amnésiques», selon les circonstances semblent oublier aujourd'hui cet ensemble de grâces et de bienfaits, cette occasion essentielle de renouveler sa foi en Dieu.

Fête initialement juive, la Tamkharit correspond au dixième jour du mois de Muharram, le premier mois de l’année musulmane. Elle revêt toutefois différentes significations pour les deux grands courants de l’Islam, le sunnisme et le chiisme. Pour les uns, elle marque le début de festivités, pour les autres c’est une journée de deuil commémorant la mort d’Hussein, petit-fils du Prophète Mahomet. La Achoura, communément appelée Tamkharite, est le dixième jour du nouvel an musulman et coïncide avec l’Hégire, ce qui est tout un symbole. On pourrait le comparer au 31 décembre et au jour de l’An dans le calendrier grégorien. La nuit et le jour de Tamkharite (achoura) regorgent de grâces et de bienfaits qu’il importe de connaître pour mieux en tirer profit en adoptant une conduite appropriée. En termes de dévotion, il est particulièrement recommandé de jeûner, de réciter le Coran, de prier, d’implorer le pardon, de faire œuvre charitable, de se montrer solidaire avec les nécessiteux et les orphelins et de faire largesses à l’endroit des membres de sa famille. Certains commémorent le triste souvenir de l’extermination des descendants de l’Imam Ali (qu’Allah l’agrée), quatrième calife du Prophète Mouhammad (PSL), à Karbala. C’est au Sénégal une fête mineure bien que les impératifs commerciaux et l’élévation du niveau de vie la rendent un peu plus animée chaque année. C’est la tradition pour ceux qui le peuvent de tuer un bœuf ce jour sacré. C’est aussi un bon moment pour se retrouver en famille et manger un plat à base de couscous communément appelé le «bassi saleté». En évoquant la tamkharite (achoura), beaucoup, au Sénégal, ne pensent qu’au succulent couscous servi au dîner de la veille et au «Taajaboon» nocturne prenant des airs de mardi gras ou d’Halloween avec les déguisements et s’accompagnant souvent d’actes de vandalisme et autre délinquance. C’est dire que rares sont ceux qui connaissent les dimensions spirituelles de cette fête purement islamique à cause de ses manifestations sociologiques souvent étrangères à l’islam dans sa lettre et son esprit.

Le «bassi saleté», «star» du jour
Le jour de la Taùkharite au Sénégal, un seul plat est de rigueur et s’impose dans la quasi-totalité des foyers comme un impératif. Le «bassi saleté», plat à base de couscous avec une sauce tomate et du poulet ou mouton, c’est selon, est le dénominateur commun dans presque toutes les concessions. Mais avec la crise économique ambiante, les dépenses sont revues à la baisse.
Les ménagères déambulaient devant les étals comme un jour ordinaire. Le «tout approvisionnement» qui caractérise cet événement était à peine perceptible. «J’ai décidé de faire mes emplettes comme d’habitude», nous lance une dame, un «léger» sachet en plastique à la main. Le contenu se limite au strict minimum. Un kilogramme de chaque produit, «vraiment nécessaire», pour la circonstance : pomme de terre, tomate, oignon, poivron, couscous et poulet. Les prix ne se sont pas envolés, mais ils restent encore au-dessus de la norme pour les bourses. Coïncidant avec une période de crise très aigüe dans le pays, la Tamkharite, ou plutôt son aspect financier, est gérée avec parcimonie. Fini les gros couffins remplis de toutes sortes de légumes, de viandes et autres ingrédients. Les achats se font au compte-gouttes. Pour cette année, les repas de la Tamkharite ne sera pas plus riche que l’année passée», nous confie un père de famille, rencontré aux abords du marché Castors. Son ami, comptable, n’est pas mieux loti. Muni d’une liste, «préparée par madame», il s’apprête à boucler ses achats chez le boucher. «Ma femme et moi, nous nous limitons au strict minimum. Nous ne pouvons pas nous permettre plus, d’autant que le kilogramme de viande est proposé à 2000 Fcfa», dit-il, soulignant l’effort «herculéen» qu’il a consenti pour l’achat de certaines «gâteries». Du côté de la gent féminine, l’heure n’est plus aux folles dépenses. «Je me contente d’acheter juste le nécessaire pour la préparation du couscous. Pas de débours faramineux, les temps sont durs» confie Binetou Sarr. Même rengaine chez Marième Aidara. La quarantaine sonnée, cette dame aux allures de « djongoma» et au teint «xéessalisé» argue : «j’avais l’habitude de beaucoup préparer pour ensuite en offrir aux voisins mais cette année-ci, je vais juste donner un bol aux nécessiteux. Les prix des denrées sont trop chers.»

Le «réerou niarel, nietél…», une tradition jetée aux oubliettes?
Il est de coutume au Sénégal de voir les deuxième, troisième et quatrième épouse d’une même concession faire le tour des maisonnées pour réclamer le «réerou niarel, niétel et autre. Une sorte de rite qui leur permettait d’accumuler assez de condiments pour la préparation du couscous de la Tamkharite. Cela était non pas une aumône mais un geste que l’on faisait pour perpétuer une tradition de partage et de solidarité, mais, le scalpel de la cherté de la vie est passé dans les poches de bien des «goorgolu» et donc, le «réerou niarel, nietél et autre» ne fait plus bonne recette.

Le «taajaboon» en perte de vitesse?
La Tamkharite, c’est aussi l’occasion pour les plus jeunes de s’adonner à une pratique qui relève plus du paganisme que de la religion. Ainsi donc, les jeunes, mettent plus l’accent sur une autre dimension de la tradition. Les garçons se déguisent en filles et les filles en garçons. Ils parcourent les rues en chantant et en dansant, font le tour des maisons pour demander des étrennes et reçoivent en contrepartie des denrées ou de l’argent.
Mais, force est de reconnaître que de plus en plus, les carnavals organisés à travers le Sénégal prennent le dessus sur la pratique religieuse. Le «taajaboon», qui était déjà assez pervers, s'est enrichi de nouveaux artifices qui en font le moyen par excellence, pour les jeunes et certains adultes, de s'adonner à des activités bannies par l'Islam. Cependant, le «taajaboon» est en perte de vitesse dans notre contrée. Peu ou rare sont les jeunes qui sacrifient au rituel. Amidou, douze ans ne nous démentira pas. «Le «taajaboon»?, je laisse cela à mes petits frères et sœurs. Je n’ai plus la tête à ces gamineries» lâche t-il le dos rond. Du côté des parents, la hantise des viols, vols et enlèvements est passée par là. «La ville n’est plus sure. On entend chaque jour que Dieu fait des cas de viols, vols, pédophilies et autres et donc, je préfère garder mes enfants à la maison avec des divertissements et s’ils insistent, je leur fait faire le tour du pâté de maison et ils sont contents» confie Antar Dème, mère d’une fratrie de quatre enfants. Comme qui dirait, la pratique du «taajaboon» est en perte vertigineuse de vitesse. Turpitude de la vie, quand tu nous tiens!!!!!

 



2 Commentaires

  1. Auteur

    Mbaye

    En Décembre, 2010 (13:16 PM)
     :sn: 
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  2. Auteur

    Kab

    En Mai, 2013 (14:58 PM)
    c bien fait sokhna Ndeye fatou, mais juste une remarque, Abou hureyrat n'était pas un sahaba du prophète !!!



    concernant l'article c'est excellent, mais j'aimerai bien que vous insistiez un peu sur le plan historique et religieux en citant bien sûre vos références cela peut nous aider sur nos travaux de recherches.



    merci et courage.
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