Quinze jeunes d'un village situé à Ndiaganiao ont comparu devant le tribunal des flagrants délits de Mbour pour rassemblement illicite, rébellion, violence sur des personnes et dégradation de biens. Ils sont accusés d’avoir mené une expédition punitive contre les parents de leur ami S. Ndong, étudiant en droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, tombé malade et décédé une semaine après l'incident.
Le 8 avril dernier, à 16 h 30, une quinzaine de jeunes, visiblement convaincus que les parents de S. Ndong étaient à l’origine mystique de sa maladie, se sont rassemblés devant leur domicile. Selon les témoignages, ils les auraient accusés de pratiques occultes, allant jusqu’à les traiter d’anthropophages, proférant des menaces de mort. P. Dieng, considéré comme le meneur du groupe, aurait incité ses camarades à agir, exigeant que les parents de S. Ndong le guérissent sous peine de représailles. L’intervention de la gendarmerie a viré à l’affrontement.
Selon le parquet, les jeunes ont attaqué les agents déployés, caillassé leurs véhicules et blessé un gendarme. Il a fallu l’intervention conjointe de la police et de la gendarmerie pour ramener le calme, tard dans la soirée.
Lors de l’audience, le procureur a vivement fustigé le comportement des mis en cause. "Vous vous croyez tout permis. Vous avez défié l’autorité publique, terni l’image de cette famille. Si ces parents étaient riches, vous n’auriez pas agi ainsi. La maladie vient de Dieu", a-t-il déclaré. Il a requis deux ans de prison ferme pour chacun des prévenus. Deux d’entre eux ont dénoncé des violences subies lors de leur arrestation, évoquant des actes de brutalité et de torture par les gendarmes.
La mère de S. Ndong, visiblement éprouvée, explique : "Ils m’ont insultée. Ils ont menacé de me tuer. Je vis dans la peur depuis ce jour."
Malgré la gravité des faits, les parties civiles ont choisi de pardonner les jeunes et n’ont réclamé aucun dédommagement, exprimant toutefois leurs craintes pour leur sécurité.
Pour la défense représentée par Maitres Bassirou Sakho et Omar Sène, ce dossier est à la fois "regrettable" et "délicat". "Cette affaire touche à la dignité. Nous condamnons fermement les actes de violence, y compris ceux exercés par les forces de l’ordre sur mes clients. La loi a été appliquée avec excès", a estimé Me Sakho.
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