Le 11 septembre, sera célébré les attentats contre le World trade center des Etats-Unis par un groupe de terroristes. Mais, cette année, cette anniversaire sera marquée au Sénégal par l’attaque, sur le terrain judiciaire, de Baïla Wane contre l’auteur du livre : «Lonase, Chronique d’un pillage organisé». Abdou Latif Coulibaly, l’Adp et l’Imprimerie Monteiro ont été cités à comparaître à cette date pour divers délits visés par M. Wane.
Le journaliste-écrivain, Abdou Latif Coulibaly devrait répondre, aujourd’hui, à une convocation de la Commission nationale de lutte contre la non-transparence, la corruption et la concussion sur l’affaire de son livre : «Lonase, Chronique d’un pillage organisé». Mais, une autre paire de manches s’ouvre dans ce dossier car, le directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), Baïla Wane, a mis en exécution sa menace de porter cette affaire devant la justice. En effet, une pluie de plaintes s’est abattue, hier, sur les têtes des personnes et structures ciblées par M. Wane. Selon des sources judiciaires, trois citations directes ont été servies, hier. La première a visé Abdou Latif Coulibaly que le plaignant a accusé des délits de «diffamation et d’injures publiques». Ce dernier que nous avons joint au téléphone, hier, semble afficher une sérénité. Seulement, il se garde de faire quelque commentaire que ce soit sur le développement judiciaire de cette affaire. Son attitude s’explique par le fait que le dossier est entre les mains de la justice. «Demain (Ndlr : aujourd’hui) je vois mes avocats et après, libre à eux d’en parler. Moi de mon côté, je ne dirai rien», confie le directeur de l’Issic. Cette décision de Baïla Wane de convoquer Latif Coulibaly devant les juridictions avait été annoncée depuis la parution de son livre. Mais, l’on ne savait pas que le directeur général de la Lonase visait, par la même occasion, l’Agence de distribution de presse (Adp) qui fait aussi l’objet d’une plainte. Ainsi, renseigne-t-on, M. Wane n’a pas digéré que cette structure ait pris en charge la distribution du livre qui met à nu les bizarreries de sa gestion de la société nationale des jeux. C’est pourquoi, avise une source judiciaire, les délits visés dans la citation qui est servie à l’Adp sont «le non-respect des prescriptions du dépôt légal». Et le directeur général de la Lonase de demander, dans sa requête, au Tribunal, «la destruction de tout le stock du livre».
Autre société convoquée devant le juge par M. Wane dans l’affaire du livre du journaliste-écrivain, c’est l’Imprimerie Monteiro à l’origine de l’impression du livre au Sénégal. Cette procédure enclenchée contre l’imprimeur vise «la destruction des plaques et, éventuellement, des livres en cours de fabrication», soufflent des interlocuteurs. Seulement, cette affaire du livre de M. Coulibaly va, en effet, déboucher sur trois procès. Outre le cas du journaliste qui a été annoncé depuis longtemps, les citations directes servies à l’Adp et à l’imprimerie s’apparentent bien à une volonté d’installer la peur dans les structures qui seraient tentées de collaborer avec le journaliste ou toute autre personne pour d’éventuels ouvrages critiques contre le régime. Il reste à savoir si les griefs soulevés par Baïla Wane contre ces structures seront confirmés par le Tribunal régional hors classe de Dakar, le 11 septembre prochain, date du procès.
Seulement, la démarche entreprise par le directeur général de la Lonase suscite des interrogations du fait de son caractère inconséquent. Car, le livre, objet des trois plaintes, n’est pas seulement édité et imprimé au Sénégal. La maison d’édition, L’Harmattan a assuré la publication de la «Lonase : Chronique d’un pillage organisé» en France où un imprimeur s’est aussi chargé de mettre les écrits sur le support papier. Ainsi, autant l’auteur de l’ouvrage, l’Adp et l’Imprimerie Monteiro sont traduites devant les juridictions sénégalaises, autant le journaliste, les éditions Harmattan et l’imprimerie se trouvant dans l’Hexagone devraient être convoquées devant les juridictions françaises.
Mais, l’option prise par le plaignant ne semble pas être fortuite dans la mesure où le jugement de ce dossier par les tribunaux français pourrait bien constituer une jurisprudence. Car, un verdict rendu par les juges de l’Hexagone, loin des pressions politiques ou des groupes d’intérêt, pourrait contrarier une décision de la justice sénégalaise. Un camouflet qu’il faut éviter.
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