Diplômée en sciences de l'information documentaire, Aissata Cissé Dardache dirige, depuis février 2021, le service de la documentation de l'UFR Sciences économiques et sociales de l’Université, Iba Der Thiam de Thiès, où elle sert depuis 2013. Mais c’est bien par son engagement humanitaire et par ses actions philanthropiques qu’elle se distingue, en particulier pour les personnes non voyantes ou détenues dans les lieux de privation de liberté.
Mme Dardache porte le social en bandoulière et s’affirme comme une militante acharnée des causes des personnes vulnérables. Ses actions vont du village de Touba-Peykouk, en passant par le monde carcéral, les non-voyants, les albinos et toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, sont reléguées au second plan. « Je suis une sénégalaise lambda, passionnée de lecture, renseigne-t-elle. Lire c'est vivre, le social et les livres occupent une place importante dans ma modeste vie ».
Ce n’est pas tout, « telle une bête sociale et humanitaire », Aissata s’est lancée dans le bénévolat. Son unique but est « être au service de la communauté ». «Je suis, au quotidien, entièrement au service de mes passions, le droit à l'information pour tous et les bibliothèques pour tous. Des bibliothèques pour les prisonniers. Des bibliothèques pour les aveugles. Des bibliothèques pour les plus nécessiteux. Des bibliothèques pour les gens qui ont le plus besoin de se faire entendre et qui ne sont malheureusement jamais écoutés ! Je le fais avec amour, avec passion. Point besoin de distinctions ou remerciements ! Mon plus grand désir est de plaire à Dieu et d'être un messager d'espoir » confie-t-elle.
Elle se met dans la peau des aveugles, pour se former en braille
Elle a un projet de bibliothèque carcérale, mais aussi en braille. Elle s’est mise dans la peau de la cible. « Je me disais qu’il me fallait aller vivre comme des aveugles ». Mme Dardache reçoit une formation à l’école et est aujourd’hui diplômée en braille. Elle raconte son aventure avec passion. « Nous lisons avec les yeux, eux le font avec les doigts, indique-t-elle. Je suis convaincu que pour gérer une bibliothèque pour eux, il faut lire comme eux ».
Derrière cette passion, se cache un travail de longue haleine. « On vous bande les yeux et vous demande de marcher pendant des kilomètres. L’idée est de développer tes sens en mettant des obstacles sur le chemin, observe-t-elle. Comment comprendre à travers les voix et autres combien de personnes se trouvent dans une foule avec les voix, le son du vent comprendre leurs émotions entre autres… ».
Cela lui a permis de ne pas accorder du crédit à l’étiquette de mendicité que l’opinion publique colle aux aveugles. Son formateur, explique, d'ailleurs que c'est elle qui les aide avec les auteurs. « Elle va les voir directement et nous demande ensuite de les appeler. Dans le milieu carcéral, quand elle voit un déficient visuel, elle nous invite à préparer sa réinsertion parce qu’en prison, les autorités n’ont pas pris en compte ces personnes victimes de handicap pendant la construction », affirme Alé Dia . “Si le Sénégal avait plus de Aissata Cissé, la cause des sans voix que nous sommes serait acquise”, ajoute-t-il.
La question des droits d’auteurs et droits voisins entrave la mise en œuvre du projet de bibliothèque en braille. « Le traité de Marrakech est signé par le Sénégal mais tarde à être promulgué. Le Mali a aujourd’hui, l’autorisation de traduire en braille, en gros caractère, mais aussi en élément sonore. Je suis membre bénévole de G8, un groupe restreint qui se bat pour l’accès à la documentation et dispose pour cette année d’un budget d’un financement de l’Organisation pour la Propriété Intellectuelle (ONPI). Mon rôle est de sensibiliser les auteurs et les éditeurs pour avoir l’autorisation de transcrire leurs livres”.
Aissata garde l’optimisme et poursuit son plaidoyer qui porte déjà ses fruits. « L’auteur Mamadou Samb a accepté qu’on transcrive toutes ses œuvres, révèle-t-elle. Il nous a cédé ses droits. On y va à pas de caméléon, avec l’ouvrage le regard de l’aveugle qui est déjà transcrit ». Elle a aussi envoyé des lettres aux maisons d'édition pour leur faire part du projet. Un acquis de taille : « Pendant le salon international du livre de Thiès, qui se tient du 8 Mars au 12 Mars, la Promotrice des projets bibliothèques carcérales et bibliothèques brailles (INEFJA, Institut national d'éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès) aura un stand où l’autorisation de l’auteur Mamadou Samb sera exposée, les éléments sonores diffusés. L’idée étant de motiver les autres à intégrer la démarche ».
Projet de bibliothèques carcérales
Membre de l'ASBAD, Association sénégalaise des bibliothécaires, archivistes et documentalistes, Aissata a aussi, un projet de bibliothèque carcérale. Elle est aussi la présidente de la commission sociale de l'AFUT, (Amicale des femmes de l'Université de Thiès). Elle est aussi l’initiatrice du concept de Banque alimentaire à Thiès. Membre du comité d'organisation du Salon international du livre de Thiès (SILT), membre de l'ONG, Les Abeilles solidaires (2019-2020), elle est en outre bénévole, chargée de la gestion de la bibliothèque du Lycée Technique de Thiès (2018). Elle est, également, membre du Lions club de Thiès (2018), bénévole de l'administration pénitentiaire sénégalaise, promotrice des projets bibliothèques carcérales et bibliothèques brailles (INEFJA, Institut national d'éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès).
Mme Dardache est aussi promotrice du concept Challenge Prison et religion, distribution de documentation religieuse depuis 2018, membre du groupe (Facebook) Sunshine Meelting Pot, groupe à vocation sociale et humanitaire.
Dans son action humanitaire figure, aussi, la cause du village des lépreux de Touba Peykouk Sérère de Thiès (Don nature et ouvrages), des albinos, ambassadrice de la maison d'édition américaine Nouveaux horizons au Sénégal (2019-2021), bénévole à l'Université Iba Der Thiam de Thiès.
La promotion du livre comme sacerdoce
La motivation, Aissata Cissé la trouve dans sa conviction que ces personnes, laissées en rade, ont les mêmes droits que nous autres. Dans sa profession, elle cherche à garantir à tout le monde l’accès à la connaissance. « Depuis 2017, je travaille à la prison de Thiès. J’utilisais ma pause de trois heures de temps pour travailler à la prison. Il en était de même pour mes congés. Aujourd’hui, j’ai l’autorisation d’accès et de travail pour les 37 prisons ». Sans financement, elle écrit aux partenaires. C’est sur ces entrefaites que la Direction du Livre lui envoie des ouvrages. A défaut, avec ses moyens, elle achète les livres en tentant de satisfaire les besoins de ceux qui ont un déficit dans la compréhension du français. « Je suis l’unique dans mon domaine qui est dans ce monde carcéral, je ne suis pas une personne morale mais une personne physique. Je n’ai aucun budget pour mes différents projets. Je suis parfois dans l’obligation de faire des appels à Don dans les réseaux sociaux quand la demande est très forte. Toutefois je n’écris jamais de demande individuelle à une personne physique. Dans l’administration pénitentiaire, seul docteur Cheikh Ahmet Tidiane Dia, directeur de Reubeus m’aide financièrement dans l’acquisition d’ouvrages, la rénovation, la décoration…de sa bibliothèque carcérale. Elle a par conséquent lancé, sur les réseaux sociaux, un challenge pour doter les musulmans en milieu carcéral d’ouvrages coraniques. Son rêve le plus fou est de travailler à temps plein en milieu carcéral et de pouvoir ainsi réaliser pleinement son projet d'être au service des personnes en privation de liberté.
Pour le message aux femmes vulnérables en cette journée de célébration des droits de la Femme, Mme Dardache invite au respect de soi pour relever les défis. “Ce n’est pas parce qu’on est non voyant, en prison ou victime d’un handicap que le monde s’arrête autour de nous. Il faut qu’elles vivent, demain existe, et il faut croire qu’il sera toujours meilleur… ». Mais pour en revenir à elle : « Son rêve le plus fou est de travailler à temps pleinement milieu carcéral et de pouvoir ainsi réaliser pleinement son projet d’être au service des personnes en privation de liberté »
17 Commentaires
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En Mars, 2022 (01:01 AM)Contane
En Mars, 2022 (18:44 PM)Fatou Niang
En Mars, 2022 (18:48 PM)Reply_author
En Mars, 2022 (00:59 AM)Reply_author
En Mars, 2022 (01:05 AM)Akm
En Mars, 2022 (19:45 PM)Rama Ndoye
En Mars, 2022 (20:41 PM)Reply_author
En Mars, 2022 (01:04 AM)Bien à vous !
Bd
En Mars, 2022 (22:42 PM)Reply_author
En Mars, 2022 (09:34 AM)Faye Assane
En Mars, 2022 (00:32 AM)Cissé Abdoulaye Alphonse
En Mars, 2022 (13:15 PM)Amadou Diop
En Mars, 2022 (13:56 PM)Papa Demba Dioum
En Mars, 2022 (08:15 AM)Ndiaye Pa Amadou
En Avril, 2022 (13:00 PM)Participer à la Discussion