L’assemblée générale annuelle de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), tenue ce week-end, a été l’occasion pour le Président sortant, Abdoulaye Bâ, de signifier à Cheikh Tidiane Sy la déception née chez ses pairs du fait de la non satisfaction de leurs préoccupations et de la nature des relations que l’Exécutif entretient avec le Judiciaire. Mais le ministre de la Justice ne s’est pas gêné, sur un ton ferme, de battre en brèche de telles remarques. Pis, il appellera les magistrats à éviter de ’descendre dans l’arène’, tout en leur rappelant les vertus qui structurent la magistrature.
(Correspondance) - ‘Il y a un an, au cours de la même cérémonie, les magistrats sénégalais par ma voix exprimaient tout l’espoir qu’ils portaient à votre retour à la tête du département de la Justice eu égard à votre précédent séjour alors marqué par des actions d’envergure qui commençaient à changer le visage de Dame Justice. Mais force est de constater, aujourd’hui, que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. En effet, l’essentiel de nos préoccupations n’ont pas été satisfaites. Aussi, la nature des relations que l’Exécutif entretient avec le Judiciaire est à repenser’. Ce sont les mots qui ont retenu le plus l’attention de l’auditoire de l’Assemblée générale (Ag) de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), lorsque le Président sortant, Abdoulaye Bâ, s’adressait au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, venu présider à Saly Portudal, ce samedi, l’ouverture de l’Ag annuelle de l’Ums. Abdoulaye Bâ ajoutera : ‘Mais cela, au lieu de nous décourager ou d’émousser notre volonté de nous battre pour un pouvoir judiciaire fort et indépendant, nous ragaillardit au contraire et nous conforte dans notre conviction que rien de signifiant et de durable ne s’acquiert sans peine’.
En prononçant son discours, Cheikh Tidiane Sy n’a pas manqué de réagir par rapport aux complaintes exprimées par son hôte. ‘Vous m’avez interpellé. Je voudrais de la manière qui soit la moins polémiste vous répondre. Vous dites que les revendications ne sont pas satisfaites et que depuis notre dernier rendez-vous de l’année dernière, rien n’a été fait. (…) Les questions sont effectivement prises en charge par le gouvernement’, laissera-t-il entendre. Se contentant d’indiquer au Président de l’Ums que ‘ces questions vous seront tout à l’heure expliquées dans vos discussions lorsque le secrétaire général du ministère, qui est un de vos siens, fera son intervention’.
Passé cet épisode, le Garde des Sceaux est revenu d’une façon implicite sur les perturbations notées dans le secteur durant l’année judiciaire qui s’écoule. Il aura d’abord rappelé ‘(son) engagement de faire de (son) mieux pour que l’institution judiciaire puisse pleinement jouer son rôle, en actionnant plusieurs leviers : la revalorisation de la situation des personnels magistrats et non magistrats ; l’amélioration des infrastructures ; l’informatisation et la mise en réseau des juridictions ; la réforme de la carte judiciaire ; l’optimisation du fonctionnement des juridictions ; le renforcement de la sécurité juridique et judicaire’. Cheikh Tidiane Sy dira déplorer qu’’au fur et à mesure que des acquis de taille sont obtenus : augmentation substantielle du budget du département de la Justice, revalorisation conséquente de l’indemnité de judicature, ouverture de nouveaux palais de justice, dotation des chefs de juridiction en véhicule de fonction, triplement des budgets de fonctionnement etc., d’autres revendications se font plus pressantes, et plus importantes au point d’arriver à des ruptures dans la distribution et le bon fonctionnement des juridictions, malgré des négociations engagées à tous les niveaux’. ‘C’est regrettable, parce que la justice, en tant que gardienne des libertés, arbitre des institutions et dernier rempart, ne doit pas ajouter au tumulte, ni descendre de son piédestal, car elle n’est belle que lorsqu’elle marche de manière sereine et vertueuse’, estimera-t-il.
Il rappellera aux magistrats ‘les vertus qui structurent la magistrature : l’impartialité, la mesure, la pondération, la dignité, l’humilité, la hauteur d’esprit, le respect des lois et des règlements, le respect de l’éthique et de la déontologie’. Parce que, justement, ‘on attend tout du magistrat, rien ne lui est pardonné’, note le ministre de la Justice. Il insistera sur le serment du magistrat : ‘Vous devez en tout vous comporter en dignes et loyaux magistrats’.
Pour clore ce débat, le Garde des Sceaux de prévenir les magistrats en ces termes : ’Il faut, en définitive, éviter de descendre dans l’arène, car qui le fait reçoit des coups. Et je n’ai pas envie que le lien de confiance entre la justice et la société soit rompu. Parce que le coût pour l’Etat de droit et pour la démocratie en serait incommensurable’.
6 Commentaires
Zossss
En Août, 2011 (03:16 AM)Dems
En Août, 2011 (03:26 AM)Attention monsieur le ministre ,aux pneus du garage lat dior
Xxx
En Août, 2011 (03:27 AM)Airborne
En Août, 2011 (04:32 AM)Airborne
Justiciable
En Août, 2011 (13:45 PM)C'EST ETRE COMPLICE DE VOL...
Pfs
En Août, 2011 (16:02 PM)Participer à la Discussion