Le défi est majeur. En matière de sécurité contraceptive, le Sénégal, à l’image de nombreux pays de la sous-région, traîne encore les pieds avec un taux de prévalence contraceptive de l’ordre de 10,3 %. Seules 10 % des femmes en âge de reproduction utilisent une méthode moderne de contraception alors que 32 % en expriment le besoin, mais ne l’utilisent pas. Ainsi, huit mille femmes voudraient différer leur prochaine grossesse, mais ne le font pas. Un chiffre très loin de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement où l’ambition est d’atteindre les 45 %. Une situation difficile qui interpelle tous les acteurs de la santé de reproduction. En lançant hier la campagne nationale de promotion de la planification familiale, l’Etat du Sénégal s’inscrit dans une dynamique de résorption des difficultés liées à l’accessibilité des méthodes contraceptives.
Selon l’Enquête démographique et de santé en 2005, 30 % des femmes en union, soit trois couples sur 10, n’ont accès à aucune méthode contraceptive. Et pourtant, le besoin est largement exprimé. En effet, l’accessibilité financière et la disponibilité des produits de contraception posent problème. Dans les postes et centres de santé, seules trois méthodes sont proposées aux femmes. Il s’agit du codom, des pilules et des injectables. D’autres méthodes intéressent les femmes, mais elles ne sont pas encore disponibles. Il s’agit du dispositif intra-utérin qui est une méthode fiable et qui a connu beaucoup de progrès depuis son apparition. Des implants contraceptifs avec une capsule que l’on met sur la peau sont également possibles. Le Sénégal est en phase d’introduire de nouveaux implants de seconde génération plus faciles à insérer et à retirer.
C’est pourquoi Suzanne Konaté Maïga, Directrice du Fonds des Nations Unies pour la population (Unpfa), en appelle à une implication de tous les acteurs. Dans son intervention lors de la cérémonie d’ouverture de la campagne nationale de promotion de la planification familiale, Mme Konaté a invité tous les acteurs à s’engager dans une dynamique de changement afin d’apporter et d’aider au mieux les femmes dans le choix de leur méthode contraceptive. De son avis, il est inconcevable qu’une femme meurt en donnant la vie.
En effet, il a été démontré que la planification familiale contribue grandement à la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Selon les spécialistes, en ciblant huit mille femmes en âge de procréer dont les besoins en matière de contraception sont non satisfaits, on arrivera à réduire au moins 23 % des décès maternels et 25 % de la mortalité néonatale.
Au Sénégal, les indicateurs sur la santé maternelle et néonatale sont alarmants. Avec 49 % des femmes en âge de procréation, le taux de mortalité maternelle se situe à 401 décès pour 100 000 naissances vivantes, soit environ cinq décès par jour. Du côté de la mortalité infanto-juvénile, le taux se situe à 61 pour mille, soit 41 décès par jour. La mortalité néonatale, quant à elle, se situe à 121 pour mille. Cette dernière, depuis des années, n’a pas connu de baisse substantielle. D’où la nécessité pour les décideurs de faire de la néonatalité une politique de santé publique.
L’objectif de cette campagne nationale de promotion de la planification familiale est d’augmenter, de manière considérable, le taux d’utilisation des services de planification familiale. Il s’agira de donner une image renouvelée et positive de la planification familiale comme première stratégie de lutte contre la mortalité maternelle, à travers une campagne mass média et des évènements régionaux.
Cette cérémonie a vu la participation de certains artistes dont Pape Diouf, leader de la Génération consciente, de Dj Awady et du jeune qui a chanté la musique sur le dessin animé ‘Kirikou’.
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