Face à ce qu’elle appelle - dans un document intitulé «Mise en place de magasins de référence : Système de régulation de la distribution et des prix», dont nous avons obtenu copie - «l’impossibilité de vérifier l’application des règles de la concurrence», l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) avait réfléchi sur la nécessité de «labelliser une chaîne de magasins dits de «référence» servant de régulateurs du marché». Pour ce faire, l’Unacois s’était «engagée à respecter une certaine éthique, notamment en matière de fixation de marges, et d’être une interface directe entre les industriels/importateurs et les consommateurs». Aussi, l’objectif primordial du système de «magasins de référence», selon la conception de l’Unacois, était d’«optimiser la présence géographique des produits sur l’ensemble du marché domestique, en quantité et en qualité, notamment en ce qui concerne les produits dits «stratégiques (riz, huile, Lait, sucre, tomate, gaz butane, savon de ménage, pomme de terre et oignon)».
L’Unacois avait aussi envisagé d’«utiliser ce réseau structuré, couvrant tout le territoire utile, pour commercialiser les produits agricoles locaux et mutualiser, au travers de centrales d’achat, les coûts de fonctionnement d’un réseau de distribution moderne, formel et efficace». Car, l’association d’hommes d’affaires avait fini par tirer la conclusion selon laquelle «la structuration des réseaux de distribution était anarchique». En effet, lit-on dans le document cité plus haut, «il n’existe aucune réglementation de la structure de la distribution en aval des importateurs et industriels (nombre d’échelons, PVP, répartition des marges..., il n’existe aucune structure de logistique transport et stockage formelle et structurée et tous les intervenants de la chaîne, du grossiste au détaillant, sont des opérateurs économiques qui opèrent 100% dans l’informel, avec des notions de prix de revient et de marge difficile à contrôler». En somme, il était question, selon l’Unacois, de «développer un urbanisme commercial moderne avec un accompagnement financier de l’Etat par la mise en place d’un crédit (8 millions Fcfa) à faible taux d’intérêt. Pour la mise en place de ses «magasins de référence», qui devraient être labellisés «Maref», l’association avait envisagé d’en installer 2500 au bout de 5 ans, soit 500 par an, sur toute l’étendue du territoire national. S’agissant du budget prévisionnel pour démarrer ce programme, l’Unacois avait prévu de mobiliser, sur fonds propres, pas moins de 4 milliards de francs Cfa.
Mais voilà que le gouvernement a commencé à mettre en œuvre un projet du genre. Et l’Unacois de crier au plagiat, en soutenant avoir déjà travaillé sur un programme similaire dont une copie dort, depuis près de deux (2) dans les tiroirs du … ministère du Commerce. Des accusations que le Directeur du Commerce intérieur, El Hadji Alioune Diouf, balaie d’un revers de la main.
«Nous avons ce projet depuis Aïcha Agne Pouye»
«On ne saurait parler de clonage, d’un quelconque plagiat, à propos des magasins de référence, dans la mesure où nous avons des cadres très compétents qui peuvent concevoir toutes sortes de programmes. Mieux, je vous dirai que nous avons ce projet depuis le temps où Mme Aïcha Agne Pouye était ministre du Commerce.» C’est en ces termes que le Directeur du Commerce intérieur, El Hadji Alioune Diouf, a réfuté les accusations de plagiat brandies, contre le ministère du Commerce, par l’Unacois. Toujours selon M. Diouf, «l’Etat, qui a déjà dégagé une enveloppe globale de plus de 2 milliards de Fcfa pour exécuter ce projet, a déjà agréé le groupe Ccbm de Serigne Mboup qui exploite l’enseigne Easy, alors que Mme Penda Ndiaye gère le label Prista, en attendant l’entrée en scène d’un troisième distributeur qui sera un nommé Bassirou Touré».
Poursuivant ses explications, le Directeur du Commerce intérieur a indiqué que «c’est, peut-être, parce que l’Unacois, qui était du lot pour bénéficier du circuit des magasins de référence, n’a pas été choisie, qu’elle rue dans les brancards». M. Diouf de souligner : «Ma conviction est faite que le plus important, dans cette affaire, est plutôt à chercher au niveau des brillants résultats engrangés, en si peu de temps, dans la banlieue de Dakar. Où les pouvoirs publics veulent, tout en luttant contre le chômage et la précarité, installer pas moins de 100 magasins au 31 janvier 2010.» Car, pour notre interlocuteur, «une telle dynamique va assurer aux consommateurs la disponibilité et l’accessibilité des produits de grande consommation, un approvisionnement correct et régulier, une pratique des prix juste et raisonnable et une offre de produits de qualité». Mieux, des «magasins de référence» ont été ouverts dans certaines localités de l’intérieur du pays, comme Mbour et Touba, pour coller aux deux critères qui président à leur installation : la pauvreté et la concentration humaine.
A noter que le coût global par magasin, immobilisations et marchandises comprises, est fixé à 10 millions de francs Cfa. Tandis que l’apport minimal requis est de 1 million de francs Cfa du coût global. En somme, il s’agit, pour le gouvernement, de «doter les populations sénégalaises d’un réseau fiable de distribution permettant d’assurer la transparence et le suivi strict des prix, sans perdre de vue les marges appliquées par les commerçants».
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