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BLANCHIMENT ET DELINQUANCE FINANCIERE : CES MILLIARDS QUI FONT TREMBLER LE PALAIS

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BLANCHIMENT ET DELINQUANCE FINANCIERE : CES MILLIARDS QUI FONT TREMBLER LE PALAIS

Le Sénégal qui a signé toutes les conventions en  matière de lutte contre la circulation de l’argent sale est bien obligé de servir contre les délinquants à col blanc qui sont légion. Non pas parce qu’il le veut réellement, mais parce que les Conventions qu’il a signées et la forte surveillance exercée sur lui, à travers divers organes, l’y astreignent. Mais ce n’est pas sans conséquence.

Le garde des Sceaux, ministre de la Justice est véritablement sur la corde raide, non pas seulement pour des raisons politiciennes, mais fondamentalement à cause de la façon dont il pilote les dossiers dit sensibles. Comme il l’a annoncé lors de l’émission « Grand Jury » de la Radio futurs médias (Rfm), une quarantaine d’affaires liées au blanchiment de fonds au Sénégal, sont en train d’être traités par la Justice, en procédure d’instruction. Le ministre de la Justice d’ajouter que certains de ces dossiers connaîtront un jugement dans le courant de ce mois de mai. Ce qui crée une véritable levée des boucliers dans les coulisses de l’Etat car toutes les personnes concernées, directement ou indirectement, ne sont pas toutes bonnes à poursuivre. « Et lorsqu’on attaque une quarantaine de dossiers à la fois, c’est qu’on a automatiquement 500 personnes derrière qui vont vous faire la guerre. Car il y a beaucoup d’intérêts connectés en jeu », ajoute-t-on de sources proches du dossier.

Dans la mélasse de l’argent sale

En tout cas, le premier acte de cette procédure est clairement posé par le déferrement, non suivi de mandat de dépôt, de deux « hommes d’affaires » de nationalité turque et d’un Guinéen. Une affaire gênante pour l’Etat du Sénégal ; les autorités ayant fait preuve de naïveté au départ, lorsque cinq titres au porteur (1,5 milliards d’Euros chacun) leur ont été présentés par les trois délinquants à col blanc aux autorités sénégalaises. Le ministre El Hadj Amadou Sall a été accusé dans cette affaire de faire dans l’excès de zèle, alors que l’Etat ne veut pas qu’il y ait trop de bruits autour de cette affaire plus que nébuleuse. Qui met à nu les carences de l’Etat.

Le ministre de la Justice ne s’est pas simplifié la tâche en déclarant, toujours sur les ondes de la Rfm, à propos de l’affaire des 20 milliards de Sudatel révélée par notre confrère Abdou Latif Coulibaly : « j’attends qu’on m’apporte des preuves. C’est vrai, des accusations ont été faites, pour le moment, ça demeure des accusations. Les poursuites ne sont jamais déclenchées de cette façon-là ». Cette déclaration n’a pas plu au sommet de l’Etat. « Le Palais n’a pas en effet compris que le ministre Sall se permette d’enfoncer le clou de cette façon, alors que la posture habituelle, c’est de défendre les yeux fermés les autorités visées », explique une source bien introduite. C’est sans doute à cause de ces affaires-là, qu’El Hadj Amadou Sall a été convoqué au Palais en fin de semaine dernière, par Me Abdoulaye Wade qui lui a dit ses quatre vérités. Loin des regards et oreilles indiscrets. Le Palais exigera sans nul doute des garanties sur certains dossiers pour pouvoir le laisser à son poste.

L’œil de Big Brother

En vérité, il ne s’agit pas là des seules affaires qui effraient le Palais. Beaucoup de dossiers transmis par la Centif et ventilées au niveau des cabinets  d’instruction dérangent l’Etat. Mais le pouvoir, plus que le ministre de la Justice, est lui-même entre le marteau et l’enclume. Pour avoir signé toutes les conventions en matière de lutte contre l’argent sale, le Sénégal est obligé de sévir, au risque de se voir sur la liste noire. C’est là une garantie pour la poursuite des investissements qui ne peuvent point s’accommoder d’un environnement nébuleux. Le G 20 surveille l’Afrique grâce des organes comme le Groupe intergouvernemental d’actions contre le Blanchiment d’argent en Afrique (Giaba) et la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (Centif). Ces organes constituent, en effet, les yeux grandeur Etat, des bailleurs de fonds. Et le réseau mis en place est d’une telle densité que les renseignements sont partagés entre les Etats, de l’Amérique, à l’Europe en passant par l’Asie. Une source proche de la Giaba explique ainsi que le dossier des titres au porteur des Turcs constitue l’exemple type d’opération de blanchiment, rapidement maîtrisée. Des fonds d’investissements ou de placement sont mis en place. Ces fonds peuvent provenir de trafic de drogue, du crime organisé, de la vente illicite d’armes, de détournements de fonds etc. Des intermédiaires commis par les propriétaires de ces fonds sont lâchés sur le terrain pour prospecter les marchés favorables au blanchiment. Premier critère : l’Etat ne doit pas être trop regardant sur la transparence des procédures. Second critère : les Etats visés doivent baigner dans une anarchie qui permet ce type d’opération. Une fois la cible identifiée, les accords de partenariat sont scellés, étant entendu que ces fonds peuvent être injectés par exemple dans un secteur comme l’immobilier. En 2008 au Sénégal, des enquêtes des services de la Giaba avaient permis d’établir que près de 80% des financements dans le secteur du bâtiment se sont faits hors circuit bancaire. Et c’est tout bénéfice pour les personnes ou groupes qui acceptent de jouer le jeu. Généralement sur un milliard injecté, les opérations ne rapportent à leurs initiateurs que 300 millions environ. Mais cela a l’avantage de rendre « propres » les fonds travaillés à la « blanchisserie ». L’argent n’ayant pas d’odeur…



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