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BON DEROULEMENT DE L’ANNEE SCOLAIRE 2008-2009 : L’épée de Damoclès toujours en suspension

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BON DEROULEMENT DE L’ANNEE SCOLAIRE 2008-2009 : L’épée de Damoclès toujours en suspension

A un mois de l’ouverture des classes pour l’année scolaire 2008-2009, l’école sénégalaise est confrontée encore à des questions tendancieuses qui renforcent les hypothèques sur son avenir immédiat. Ni l’Etat, ni les syndicats d’enseignants ne sont parvenus à se mettre d’accord sur les principaux points de divergence à la source d’une grève larvée de plus de six mois, au cours de l’année écoulée. Pis, les négociations entamées au forceps entre les pouvoirs publics et les syndicats, ont été suspendues dès leur entame, le 05 août dernier et depuis lors, rien ne présage de l’apaisement du champ éducatif à la veille d’une année scolaire 2008-2009 dite charnière pour le sous-secteur de l’enseignement élémentaire, puisqu’elle va coïncider avec la phase de généralisation du Curriculum de l’éducation de base.
Embourbé dans un cycle délétère d’oppositions et de conflits dont les principaux protagonistes ne sont plus les potaches et l’Etat mais, pur paradoxe, les syndicats d’enseignants et les pouvoirs publics, le système éducatif sénégalais traverse depuis 2005 des crises récurrentes qui fragilisent chaque année davantage son rendement interne.

Les diverses plateformes revendicatives des syndicats d’enseignants, engagées dans une dynamique « aveugle » de revalorisation de la condition enseignante en termes d’indemnités tous azimuts, d’accès au logement, de formation initiale ou continue, et l’incurie des pouvoirs publics à se conformer aux divers engagements paraphés d’accords parties avec les organisations syndicales, entre 2003 et 2007, ont fini par émietter les fragiles performances d’une école en quête désespérée de consolidation de ses acquis. La dernière année scolaire en a été un exemple symptomatique.

Pour cause, les divergences entre ces acteurs du système, des oppositions plus financières et matérielles que pédagogiques, selon beaucoup d’observateurs, se sont traduites dans les faits par divers mots d’ordre de grève s’échelonnant sur toute l’année scolaire écoulée, perturbant les apprentissages et délitant la qualité des enseignements dans tout le système, même si le sous-secteur de l’éducation élémentaire est dit avoir été le plus touché, avec la baisse notable du quantum horaire (moins de 550 heures).

Paradoxalement, c’est au niveau de l’enseignement secondaire que les performances internes du système ont frôlé la bérézina. Notamment pour ce qui concerne le Bfem, où les résultats ont été catastrophiques (moins de 30% de taux de réussite) et le Baccalauréat édition 2008, où les candidats se sont confrontés, lors de la proclamation des résultats de l’examen, à une hécatombe problématique. Jugez-en vous-mêmes.

Au total, sur 49.566 candidats pour le Bac 2008, seuls 20.624 ont obtenu le précieux sésame vers l’université, soit un taux global de réussite de seulement 42,9%. Par rapport à celui de 2007, qui était de 48,5%, une perte de 5,6 points a été enregistrée. Même comparé au taux de réussite de 2006, estimé à 50%, celui de 2008 est encore plus faible quoique le nombre de candidats soit plus élevé, avoisinant les 50.000, pour un taux de participation de 97,1%. L’éclaircie qui semblait venir des résultats du Cfee avec un taux de réussite de quelque 71% suscita pour sa part une interprétation des plus tendancieuses.

Pour la simple raison que certains observateurs soupçonnaient les enseignants de l’élémentaire, principaux artisans de la grève scolaire de l’année écoulée, d’avoir délibérément fait preuve d’élasticité et de compassion dans les corrections des épreuves pour étayer leur thèse de l’absence d’impact de leurs mouvements sur les performances des élèves.

En tout état de cause, les faits restent évidents que l’école sénégalaise vit un profond marasme dont le dépassement interpelle tous les acteurs, de l’Etat aux structures syndicales enseignantes en passant par les parents d’élèves et les organisations de la société civile actives ou non, dans le monde de l’éducation. Au-delà des entraves structurelles qui bloquent le développement du projet éducatif, en termes de gestion et de pilotage du système, il semble que notre école a tout au plus besoin de paix et de stabilité sociale.

Ces interrogations qui taraudent

L’apaisement du champ social reste en effet une condition sine qua non du développement de l’éducation. Malheureusement, rien n’augure d’un tel état de fait, à presque un mois de l’ouverture des classes pour l’année scolaire 2008-2009. Les points de divergence entre Intersyndicale de l’enseignement et Etat, à la source des divers mots de grève de l’année dernière, sont toujours en suspens avec l’échec des négociations interpartites qui ont avorté dès leur démarrage, le 05 août dernier. Comme une sorte d’épée de Damoclès suspendue sur la tête de notre système éducatif pour l’année scolaire à venir.

Pis, aucune initiative étatique n’a été amorcée de manière officielle pour rapprocher les positions et se rabibocher avec les syndicats afin de garantir à l’école sénégalaise un climat propice à la performance durant l’année scolaire 2008-2008. Après la stratégie de « pourrissement de la situation » adoptée durant ces deux dernières années avec des négociations qui ne s’ouvraient qu’aux mois de mai (2007) ou d’août (2008), autrement dit à quelques encablures des examens de fin d’année ou même après coup, les pouvoirs publics semblent se complaire dans la tactique de l’autruche, en tournant le dos aux sources de clash, alors même qu’elles restent patentes.

La question de l’indemnité de recherche et de documentation, principal point de fixation de la plateforme de l’Intersyndicale, est restée en l’état. Le problème des parcelles de logement dans les zones d’aménagement intégré n’a pas été vidé. Quid des attentes d’aspect pédagogique, de formation initiale ou continuée, indispensables dans l’absolu pour relever la qualité de prestation et de service des milliers et des milliers d’enseignants vacataires et autres volontaires admis dans l’école pour booster les taux d’encadrement, d’Education primaire universitaire (Epu), les taux bruts de scolarisation (Tbs), en somme l’accès et le maintien ?

Quoiqu’un atelier de formation sur « les négociations dans un contexte de crise » ait été diligenté par le Comité national du dialogue social (Cnds), il y a une dizaine de jours à Mbour, pour outiller les syndicats d’enseignants et permettre une reprise des négociations, la porte reste toujours fermée pour préparer une bon déroulement de l’année scolaire 2008/2009.

La louable initiative de la structure d’intermédiation dirigée par le doyen Yousoupha Wade, aux fins de favoriser l’unité d’action des syndicats, d’instaurer un cadre de concertations régulières entre gouvernement et syndicats, d’amener les différentes parties à négocier dans le sens de la prévention des crises et non en situation de conflits, de respecter les accords signés, voire d’installer un cadre de suivi et d’évaluation, semble buter, jusque-hier, à un mur de passivité de la part des autorités gouvernementales. Peut-être bien parce que les priorités et les urgences de l’heure se sont déplacées vers la gestion des inondations qui martyrisent les populations sénégalaises, principalement celles de la banlieue ! Qui sait ?

En tout état de cause, il importe de notifier, encore une plus, l’impact d’une éducation de qualité dispensée dans un climat de paix et de stabilité pour atteindre les objectifs de développement social et économique de tout Etat, dans un environnement mondial dominé par la quête du savoir, de l’efficacité technique et de la performance. L’école sénégalaise semble malheureusement loin de cette stabilité, à la veille de la rentrée scolaire.

Nulle éclaircie ne peut être signalée dans le cadre de la gestion du climat de sérénité favorable à la qualité de l’éducation. Et cela, à l’entame du démarrage d’une année scolaire qualifiée de charnière pour l’enseignement élémentaire, classé priorité numéro 1 de l’éducation au Sénégal. Puisqu’elle coïncide avec la généralisation du curriculum de l’éducation de base, vaste réforme programmatique destinée à refonder, à re-finaliser et à re-qualifier l’école.

En somme, à adapter l’école aux exigences de la modernité grâce au recours à une pédagogie par les compétences dont l’objectif est de promouvoir, à travers l’éducation, un nouveau type d’homme en phase avec son environnement, avec les besoins de base de sa société en constante mutation et avec un contexte mondial dominé par la compétition acharnée, la quête frénétique de savoir et surtout l’exigence d’efficacité.



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