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BOOM IMMOBILIER AU SÉNÉGAL : Des immeubles cohabitant avec un océan de misère

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BOOM IMMOBILIER AU SÉNÉGAL : Des immeubles cohabitant avec un océan de misère

Depuis quelques années, les villes sénégalaises grandissent à une vitesse exponentielle. Dakar, la capitale, est saturée. Touba la ville sainte, s'accroît de jour en jour. Mbour, la cité balnéaire de la petite côte et ses villages environnants suscitent la convoitise des géants du secteur. Tels sont les fiefs, les plus prisés dans le domaine de l'immobilier. Voyage dans le microcosme dakarois et d'autres localités de l'intérieur caractérisés par un boom immobilier sans précédent avec son lot de contraintes. Celui- ci côtoie l'armée des miséreux.

L' observateur qui débarque pour la première fois dans notre capitale, a le sentiment d' être au contact d'une ville où les populations sont extrêmement riches. Les belles villas sortent de terre comme des champignons.  Les villes sénégalaises s'accroissent à une vitesse qui dépasse, de loin, les estimations. L'engouement autour du foncier est la résultante "de la volonté de tout individu de disposer de sa propre concession , surtout les jeunes". " Tant que la population augmentera, le besoin en parcelles se fera sentir", fait remarquer, M. Samba Gning, ancien conseiller rural à Ndiaganiao, maçon de son État.  La boulimie foncière ne peut-être une étiquette attribuée uniquement aux autorités. Les populations sont hantées, eux aussi, par les terres qu'elles s'attribuent. Ce qui réduit les espaces arables situés généralement, aux alentours des villes. Selon M. Gning, plusieurs milliers de parcelles sont distribués entre l'an dernier et cette année, dans les localités de Thiadiaye et Ndiaganiao. "La plupart des demandeurs, ce sont des étudiants et des ouvriers. Il y a aussi des enseignants et des professionnels.  Mais ces derniers s'engagent directement, le plus souvent dans  la construction", ajoute M. Gning. Pour la majeure partie, c'est à lui-même qu'ils confient la construction et pourtant "Leurs poches en souffrent beaucoup. Mais le plus important pour eux, c'est d'avoir un logement".
Dans l'intérieur du pays, la situation n'est pas seulement compliquée, du fait de la boulimie foncière qui y existe, des fois. Ces localités à majorité paysanne, rencontrent des difficultés liées à la perte de leurs périmètres arables. Le bras de fer contre les autorités locales peut atteindre des proportions démesurées. "Le problème majeur dont nous pouvons rencontrer dans ce cas de figure, est toujours lié à l'opposition des paysans, qui ignorent que ces espaces relèvent du domaine public. Ils prennent même l'initiative de clôturer ce qu'ils appellent leurs terres pour éviter que la commune se les attribue. Cela crée souvent des problèmes pouvant aller jusqu'au tribunal. Or il faut que la ville s'élargisse", laisse entendre un conseiller municipal à Thiadiaye, sous couvert de l'anonymat. Ces mêmes populations rurales, sont aujourd'hui les plus grands demandeurs de parcelles, malgré les difficultés financières. Chacun d'entre eux rêve de disposer d'un terrain en ville. "Chez nous,  presque tous les jeunes et autres pères de familles, ont des terrains, soit à Thiadiaye ou à Ndiaganiao. Ils n'ont pas assez de moyens. Ils me font faire, juste les bornes et des fois même, un petit bâtiment qui prouve que le terrain est occupé", explique le conseiller Gning. 

La petite côte bientôt une agglomération?

De Mbour à Sindia, plus d'espace vaquant. Grâce à sa position géostratégique, la petite côte constitue un milieu privilégié. Tout le monde ou presque, veut y habiter. Birame vit à Saly depuis 1987. À l'époque, "il était plus facile de voir du "nguer", de rencontrer des bergers peuls, de voir des singes que de voir à l'horizon une concession à deux étages". Aujourd'hui,  la donne a radicalement changé procurant un visage tout particulier, au village, récemment érigé en commune. Les parcelles restantes se trouvent à plusieurs kilomètres du centre-ville. "Ceux qui vont habiter là-bas ne seront pas de Saly mais de Ngarigne ou bien même de Ngaparou", lance Ibou Sané, un agent de nettoyage de Sapco Saly. Néanmoins, la course aux terres s'accélère faisant de la petite côte un bloc presque compact de villes, allant de Nianing à Sindia, en passant par Mbour, Gandigal, Saly, Campement Nguékokh, Ngaparou,  Somone et Bandia.
N'eussent été  les massifs de Diass, la file de villages et villes de la petite côte aurait constitué, d'ici peu, une plus grande  agglomération. De l'avis de Modou Ndiaye, un entrepreneur maçon, "cela est dû à  la position de cette zone. Tout le monde veut travailler ou habiter la petite côte. Elle offre plusieurs opportunités de travail, dans les hôtels, les résidences des blancs, les chantiers, l'artisanat et le commerce. Nous avons deux équipes de maçons, qui travaillent presque continuellement et de façon indépendante". Birame ne dit pas le contraire, mais puise dans l'actualité pour étayer son idée. Il donne son argumentaire : "le nouvel aéroport de Diass et l'autoroute annoncée, ont poussé tous les patrons à vouloir s'implanter dans ces villes. Non seulement,  il y aura de la fluidité dans le transport, mais cela contribuera à se libérer de la pression qui existe à Dakar".

La capitale sévèrement morcelée

Dans la capitale, les quartiers périphériques ont fini de subir un morcellement sans précédent. De gigantesques édifices voient le jour, de plus en plus. L'on a le sentiment que la pauvreté tellement décriée n'est pas vraiment réelle. "Partout, on voit des parcelles vendues à des promoteurs qui y construisent et les revendent à des prix très élevés et on les achète. Keur Massar, Tivaouane Peulh, Mbao, c'est des espaces qui étaient là  récemment, mais aujourd'hui, tout est parti. À  Dakar, il n' y a plus d'espaces. Ils ont tout vendu et pourtant la cherté de la vie reste un énigme pour les pères et mères de familles", a déploré Arfang Diédhiou, un taxi man. La commune de Yoff a été le théâtre d'affrontements sans merci entre les populations. Des gens ont eu recours à des haches, des coupe-coupe, des couteaux pour protéger leurs parcelles. Ce fut un véritable danger et cela pouvait être évité mais on ne fait rien pour prévenir ces genres de tensions liées aux parcelles. Le morcellement doit se faire de manière équitable car beaucoup de terres ici, sont la propriété des lébous qui s' y attachent vraiment, laisse entendre le vieux Mbaye Diène.
Partout, dans la capitale, se dressent des immeubles en construction. Les Sénégalais ont-ils faim ? "Bien sûr que les gens ont faim, mais il arrive de se sacrifier pour avoir un toit car on doit se marier aussi. Tu as l'impression que les gens n'ont pas de problèmes. Mais il faut noter que tous ceux qui construisent ne sont pas de la basse classe. Et pourquoi tous les jours, les populations crient sur toutes les ondes de radios ou les télévisions et même dans vos journaux, qu' ils ont faim, qu' il  y a les inondations dans la banlieue" soutient Fallou Mboup,  au Cem de Yoff. Le boom immobilier cache mal l' océan de misère dans laquelle végète la majorité des populations.



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