Chaudes larmes, récriminations, regrets.... : Le cas de Khady Ndiaye émeut les parlementaires

(Correspondance) - La délégation de parlementaires sénégalais, qui a visité, hier, la Maison d'arrêt et de correction (Mac) de Saint-Louis, a été bien sensible au cas particulier d'une dame placée sous mandat de dépôt, pour ‘menaces de violence, de voies de fait’. Une situation qui a ému l'essentiel de la délégation. Certaines parlementaires femmes ayant même versé de chaudes larmes. ‘C'est extraordinaire ! Nous avons vu qu'on a placé sous mandat de dépôt pour menaces de violences et voies de faits alors que pendant 25 ans dans le barreau, personnellement, je n'ai jamais vu cela être considéré comme un délit. Mais il n'y a pas de tentative, il n'y a pas d'actes préparatoires. Ce n'est pas un délit que nous avons appris. Et la dame Khady Ndiaye est en prison. Au Sénégal, on emprisonne pour un oui ou pour un non. C'est inadmissible’, se désole l'avocat.

Le chef de la délégation des députés a pour sa part laissé entendre, qu’’il faut qu'on parle aux magistrats, aux décideurs qui mettent les gens en prison. Nous nous adressons à qui de droit avec le ministre d'Etat, chargé de la Justice, ses services compétents pour discuter avec les magistrats qui ont en charge notre sécurité et la sécurité de tout le monde. On ne doit pas balancer des mandats de dépôt pour un oui ou un non avec les drames consécutifs’.

Par ailleurs, la forte délégation de la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale, a plaidé pour la délocalisation ou la construction d'une autre prison en lieu et place de l'actuelle citadelle du silence, construite en 1863. Les parlementaires, promet Me Babou, ‘mettront tout en œuvre pour défendre, devant le ministre de la Justice, le dossier de la délocalisation de cette prison. Saint-Louis est un cas à part. La prison est exiguë et ne répond plus aux normes modernes de détention. Avant il fallait priver les gens de liberté. Maintenant, les gens s'occupent de réinsertion. Ici, il n'y a pas d'aires de jeu, pas de brasseurs d'air, pas de télévision etc .’.

Pour le député Abdoulaye Babou, un prévenu qui a commis un délit et qui n’est pas jugé, doit être libéré après une détention provisoire de six mois. Selon lui, le fait de le maintenir dans les liens de la prévention pendant des années, est injuste. ‘Un problème récurrent qui revient, c'est la longue détention. Et il y a un principe de la Constitution qui dit que chaque citoyen a droit d'être défendu et de jouir de ses libertés’. ‘Si on vous prive de vos libertés et qu'on ne vous juge pas dans des conditions acceptables, nous croyons qu'il y a là un manquement de l'Etat’, estime-t-il. Pourtant, précise Me Babou, ‘les délits, le code de procédure pénale permet, à partir de six mois, une libération automatique. Mais le code ne dit rien quand il s'agit d'un crime. Ainsi, à Rebeuss, par exemple, quelqu'un est resté quatorze ans en détention’, informe-t-il.