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CHOIX, CALCUL OU NÉCESSITÉ : La polygamie séduit de plus en plus les filles

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CHOIX, CALCUL OU NÉCESSITÉ : La polygamie séduit de plus en plus les filles

Le mariage est sacré. Toujours d’actualité, il interpelle toutes les consciences. Peu acceptée autrefois, la polygamie est de plus en plus prisée par les jeunes filles. Celles-ci ne rechignent plus à être coépouses. Ce que certaines considèrent comme une place de choix, car elles feraient l’objet de toutes les attentions du mari. Des femmes mariées, des jeunes filles, des divorcées et des hommes expriment diversement leurs opinions.

Le constat est là : nombre de femmes n’hésitent plus à cibler la deuxième position dans un ménage polygame. Leur calcul est double : charmer un mari commun jusqu’à en faire une propriété et lui ôter de la tête toute envie de prendre une troisième épouse. La vie conjugale est à la fois chose délicieuse, mais également contraignante. Aussi, partager son homme devient un calvaire pour certaines femmes. Ce qui est à l’origine des disputes constatées dans beaucoup de ménages et qui garnissent les colonnes des “ faits divers ” des journaux. Vieille ou jeune, la femme co-épouse doit être très forte et futée pour ne pas sombrer dans le piège de la jalousie, rageuse et rongeuse.

Cependant, la perspective d’être confrontée à ce syndrome de la polygamie ne fait plus reculer les femmes. Celles-ci ont tendance à vouloir être une “ niarel ” (deuxième épouse). Derrière cette “ mode ”, il y a une stratégie. Pour certaines femmes, leur mari ne va plus ainsi chercher une autre épouse, même s’il court après les “ disquettes ”. “ L’homme aime la nouveauté. Je ne suis pas du même avis que les femmes “ niarel ”, qui disent que leur mari les préfère à la première. Cela peut être vrai, mais dans le sens où l’homme est égoïste, et ne pense qu’à son plaisir ”, défend Khady Barry, 45 ans environ, une deuxième épouse très bien dans sa peau. En habit traditionnel, maquillage discret, la “ drianké ” aux formes épanouies est un exemple patent de ces femmes qui aiment faire concurrence à leur coépouse. “ J’ai toujours souhaité devenir une seconde épouse, sachant que les hommes sont incontrôlables. Et occupant la deuxième place, je peux espérer qu’il ne va pas chercher une troisième ”, explique Mme Barry, rencontrée en cours de route vers l’hôpital Gaspard Camara, accompagnée de sa belle-mère.

Un bébé au dos, en train de sucer une glace, Coumba Danfakha s’est mariée, il y a deux ans. Cette “ drianké ” de taille moyenne est également fière d’être une seconde épouse. Une chose qu’elle a toujours voulue et qui lui permet de garder son époux en exploitant “ ses points de faiblesse ”. Les cheveux en chignon tiré derrière, cette dame âgée de 34 ans confie : “ quand j’étais jeune fille, ma seule ambition était de devenir la deuxième épouse de mon mari. Les hommes mariés étaient ma cible. C’est un choix pour lequel j’ai opté, dans le seul but de fermer la porte aux autres”.

“ Actuellement, les filles sont plus nombreuses que les hommes et si elles se contentent de dire qu’elles ne veulent pas de co-épouses, cela ne fera pas l’affaire des autres ”, estime Ndèye Camara, une femme mariée. Pour Mme Camara, l’idée de devoir partager son mari avec une co-épouse ne l’empêche pas de dormir. Selon elle, il lui suffit de faire plaisir à son bien-aimé et que ce dernier la respecte en retour, le reste n’est pas un problème pour elle. “ La situation actuelle du pays est telle que les femmes ne doivent pas refuser d’avoir des coépouses. Je n’en ai pas encore, mais lorsque je l’aurai, cela ne me fera pas grand-chose ”, poursuit, avec assurance, notre interlocutrice. Quant à Seynabou Seck, une nouvelle mariée de 21 ans, la polygamie ne la perturbe guère, car elle a “ grandi dans une famille polygame qui s’entend bien”. “ Etre Awo, c’est difficile ”

La jeunesse est un passage de la vie qui ne laisse jamais indifférent. Seule la manière de gérer cette étape peut différer. Après cette vie, il y a une autre, celle de la vie conjugale. Depuis quelques années, l’on constate une grande avancée des femmes face à la “ maladie de la jalousie ”. Choix ou nécessité ? Dans tous les cas, le sujet fait débat. Certains associent ce phénomène à une crise que traverse le pays, empêchant surtout les hommes de s’occuper d’une femme et d’entretenir une famille ou de faire face à une concurrence de la part des jeunes filles. Une peau éclaircie par les produits de dépigmentation, Saye, soutient : “ Je ne suis pas encore mariée. Jamais je ne serai une “ Awo ” (première épouse) parce que c’est difficile. Tu vis avec ton mari les plus durs moments de la vie, un jour il réussit à avoir un peu d’argent. Son objectif premier, c’est d’aller prendre une deuxième femme ”, fustige notre interlocutrice, qui avoue avoir vu sa copine vivre un tel “ drame ”.

Par contre, la jeune Gana Diagne, une vingtaine d’années, est catégorique : “ Je préfère ne pas me marier plutôt que d’être une deuxième épouse. Je sors avec quelqu’un qui a deux femmes, il vit à l’étranger et vient parfois au Sénégal sans que la première s’en rende compte. Et cela me met hors de moi ”, rétorque la jeune Gana rencontrée à Niary Tally. “ Ce genre d’homme, ajoute-t-elle, me décourage ”. Nogoye, en 1ére année à la Faculté des Sciences économiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop, semble un peu nuancée. 19 ans, la mine timide, habillée d’un jean assorti d’une chemise longue manche, elle confie : “ Je veux être la première de mon mari. Si toutefois il prend une autre épouse, j’essaierai de me retenir, mais il faut savoir que ce n’est pas mon souhait ”. Taille élancée, coquette, Mamy est une jeune fille très distinguée par sa forme bien bâtie. Elle ne passe pas inaperçue. Appréciée et sollicitée par beaucoup d’hommes qui “ courent ” derrière elle, Mamy ne veut surtout pas devenir une deuxième épouse car, pense-t-elle, les hommes ne méritent en aucun cas d’être choyés ou traités comme des individus. Très remontée contre les hommes, Mamy nous avoue : “ Je n’ai aucune confiance aux hommes d’aujourd’hui parce que la plupart de ceux qui me fréquentent sont mariés à une, deux femmes ou plus. Et ils racontent des choses que toi-même tu sais que ce n’est pas vrai. Ils t’offrent des cadeaux qui coûtent cher ou te donnent beaucoup d’argent alors que leur (s) femme (s) souffre (nt) ”.

Partant de cela, nombreuses sont les jeunes filles qui ne veulent pas humer le parfum de la vie conjugale malgré le “ rang serré ”, comme elles disent. Ce n’est pas le cas de Fama, qui veut coûte que coûte être la “ préférée de (son) époux et prendre soin de lui ”. Pour cela, elle a choisi d’être en seconde position afin d’occuper sa place, ajoute-t-elle.

Les hommes, des polygames nés ?

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Une affirmation très souvent soutenue par beaucoup de gens. A force de ressasser cette idée, de nombreuses jeunes filles se positionnent aujourd’hui pour la “ station ” de “ niarel ”.

Des sifflets qui tympanisent les oreilles, des chants accompagnés de battement de tam-tams nous font vivre l’ambiance du marché des Hlm 5. Une casquette sur la tête, Modou Ngom, un vendeur de chaussures, esquisse quelques pas de danse. “ Je suis marié à deux femmes et je compte aller jusqu’à quatre, car les filles sont à gogo. Si on ne les marie pas, elles resteront vieilles filles ”, nous lance notre interlocuteur. A quelques mètres de ce vendeur, nous trouvons Pa Ndiaye qui semble être dans l’embarras du choix. “ Je suis appelé à être polygame parce que je suis musulman. Mais, mon épouse occupe toutes les places que devaient prendre les autres. Les femmes sont belles, mais j’ai peur d’en prendre et qu’elles me rendent la vie difficile ”, sourit-il. Des témoignages qui confirment l’idée que les Sénégalais sont des polygames en puissance.

“ Chaque homme, dès qu’il se marie, a derrière la tête l’idée de prendre une seule épouse, mais ce sont les femmes elles-mêmes qui obligent les hommes à revenir sur leur choix initial ”, tente de justifier un vieux, qui se réfugie dans l’anonymat. Croisé dans un magasin du marché Hlm, ce vieux nous avoue qu’il souhaite avoir une deuxième femme, car son épouse ne lui “ prépare pas le petit-déjeuner, ni encore ne nettoie (sa) chambre ”. Un laïus pour franchir le pas ?

En tous les cas, tous les arguments semblent bons pour se taper une “ deuxième ” ou une “ troisième ” voire une “ quatrième ” femme.

“Ma co-épouse m’a pourri la vie”

La vie conjugale est parsemée de difficultés pour tout couple. Cependant, des désagréments de la vie ne sont pas favorables à tous les couples. Le mariage est tellement savoureux au début que l’on ne prévoit pas l’éventualité d’un divorce. Causé par tant de choses que l’on ignore parfois, le divorce est actuellement consommé dans beaucoup de ménages sénégalais.

Parmi les femmes que nous avons rencontrées, la principale cause de leur divorce est leur coépouse. C’est le cas de mère Sophie, une dame divorcée, il y a de cela quelques bonnes années. D’après cette mère de famille, c’est sa co-épouse qui lui a pourri la vie par du maraboutage la visant de même que son mari. Elle achetait des habits et même des chaussures pour sa coépouse.

La prenant comme une “ sœur ”, Sophie était incapable d’imaginer que sa rivale allait la chasser de la maison. “ Je ne la considérais même pas comme une co-épouse, je prenais soin de son bébé, car elle était très jeune ”, laisse entendre, très amère, la dame aujourd’hui âgée de 60 ans.

Ainsi, elle ne veut pas que ses enfants soient victimes de cette même situation. Ayant déjà subi cette expérience à jeter aux oubliettes, elle ne veut pas que sa fille ait une coépouse. “ J’ai rivalisé lors de mon premier mariage, mais cela ne signifie pas que j’ai peur d’une coépouse. Au contraire, cela m’a appris beaucoup de chose, je ne regrette pas. Maintenant, j’aime la concurrence ”, souligne pour sa part Mme Sow, que nous avons rencontrée au marché des Hlm 5. Une autre dame renchérit en estimant qu’aucune femme ne veut d’une co-épouse et que “ c’est seulement par résignation que l’on accepte cette situation ”. “ Pour le moment, je n’ai pas de coépouse. Je saurais comment m’y prendre le moment venu ”.



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