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CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE : Le nouveau visage du Sénégal

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CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE : Le nouveau visage du Sénégal

Le Sénégal dans sa nouvelle peau. Un pays qui s’épanouit ou qui se pare de ses laideurs ? Cinquante années après les indépendances, nos reporters vous proposent une promenade dans les grandes villes de ce pays. Commençons part la capitale. Dakar s’est taillée une robe en ciment, fer, béton et bitume pour offrir, à ses habitants et aux nombreux étrangers qui y vivent et y travaillent, un cadre de vie plus attrayant, de la Patte d’Oie à l’Avenue Léopold Sédar Senghor et du Boulevard de la République à l’Aéroport Sédar Senghor en passant par les Almadies, les Mamelles et la Corniche Ouest. A une dizaine de kilomètres, il suffit d’emprunter le tapis de la nouvelle Autoroute à Péage pour se retrouver, en une dizaine de minutes, à Pikine. Cité grouillante, ville dortoir qui polarise des quartiers à très forte demande sociale : assainissement, inondations, emploi, routes... Une facture sociale que l’Etat est appelé à prendre en charge dans le cadre des différentes initiatives en faveur de la jeunesse. Des réalisations et des attentes... Sortons de Dakar. A soixante-dix kilomètres de la Place de l’Indépendance, le Programme... Spécial Indépendance de 2004 a changé le visage de Thiès, la cité du Rail... sur les rails de la modernisation. Une porte ouverte sur Saint-Louis, le centre du bon goût qui baigne dans les acquis et formule de nouveaux besoins. Plus loin, Podor creuse les sillons du renouveau économique et social pendant que Tambacounda et Kédougou tirent du sous-sol les nouveaux éclats d’un quotidien. Fatick, cœur du Sine, bat au rythme de ses infrastructures modernes. Enfin, la Casamance cultive le champ de la reconstruction. Restez dans les pas de nos reporters sur les routes du Sénégal.

INFRASTRUCTURES : Dakar, la mue capitale

Par la magie de son statut d’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (Aof) et de tous les avantages hérités ainsi que sa position géographique privilégiée, Dakar a toujours fait figure de capitale mythique. Cependant, au fil du temps, pression démographique sauvage, étroitesse, obsolescence des infrastructures routières, pollution, anarchie, indiscipline... ont fini de lui coller au visage telles de vilaines verrues. Mais en l’espace de dix ans, grâce à la volonté démiurgique du président Wade de hisser Dakar à la hauteur de sa réputation, le visage de la capitale sénégalaise en est sorti transfiguré. Pour le meilleur.

Des échangeurs surgis d’on ne sait où et tels de miraculeux aiguilleurs du sol, rendent fluides les interminables théories de voitures. Des chaussées à doubles voies filant jusqu’à l’ivresse vers l’inconnue. Des tunnels forés dans les entrailles de la corniche et procurant la saveur de l’ivresse de la vitesse tel un rider chevauchant sa Harley Davidson sur le Highway 44.

Une autoroute à péage, tel un énorme boa constricteur, serpentant sur une cinquantaine de kilomètres, dans les dédales de la bruyante banlieue dakaroise, s’efforce de relier, telle une veine jugulaire, Dakar à la nouvelle plate-forme économique de Diamniadio...

A l’évidence, la capitale sénégalaise s’est littéralement transmuée. Vous suffit-il de vous éloigner de Dakar pendant quelques années, que vous ne le reconnaîtriez plus !

Assurément, entre le visage de Dakar d’hier et celui d’aujourd’hui, c’est comme entre la nuit et le jour ! Suffoquée, congestionnée -au point que ses embouteillages monstres n’avaient plus rien à envier aux tristement célèbres go-slow de Lagos-, populeuse, crasseuse, polluée, obscure, anarchique..., l’ancienne capitale de l’ex-Afrique occidentale française (Aof), métropole le plus à l’ouest du continent africain et qui lui a valu le titre prestigieux et envié de porte océane du continent noir, ne tenait plus son rang de grande capitale internationale.

Mais diantre ! Où a-t-elle donc acquis cette réputation de capitale prestigieuse ?

Cosmopolite, historique, politique, intellectuelle, culturelle, universitaire..., elle fut le centre névralgique de l’Afrique occidentale française dès 1902.

Mais au fil des années, elle s’est peu à peu décrépie, défraîchie, décatie, telle une vieille fille, perdant de son verni colonial sous les assauts impitoyables du temps.

Ne pouvant toutefois plus souffrir l’offense qui lui était infligée, elle décida de se transmuer grâce à la volonté d’un bâtisseur, tel un pharaon, à travers la maîtresse d’œuvre, l’Apix, l’agence chargée de donner corps à la vision présidentielle.

Il paraît, tout de même, que la transmutation prenait, jadis, au travers de formules alchimiques jalousement consignées dans le grimoire.

Mais ici, l’alchimie, s’il y en a eue, s’est opérée entre la vision et la volonté d’un chef, de faire de Dakar une ville digne de son rang, et la compétence et détermination d’hommes et de femmes, nourris par le soutien sans faille de bailleurs de fonds, autant publics que privés.

Cependant, pour en arriver là, que de travail, de sueur, de persévérance et de foi !

Des engins aux mains préhensiles forent sans arrêt, à longueur de journée, à longueur de nuit, les entrailles du sol dakarois

Les ouvriers, sous le cagnard qui écrase souvent la capitale sénégalaise, se lancent, à corps perdu, dans une lutte épique, armés de perceuses, de piques, de burins... : ils soudent, tirent, raccordent. Le tout dans un ronronnement d’engins dantesque. En bien des endroits, la capitale sénégalaise s’apparente à une immense fourmilière poussiéreuse.

D’une part, articulé autour de la réalisation de l’Autoroute à péage (de l’échangeur de Malick Sy à l’aéroport international Blaise Diagne) long de 45km, le réaménagement et la remise à niveau des infrastructures routières de la ville de Dakar pour une meilleure mobilité urbaine, ont permis à la ville de respirer.

D’abord, on commença par trancher le nœud gordien, pour ainsi dire, l’antique pont de Hann. Après une cinquantaine d’années de bons et loyaux services (il fut construit en 1951), le vénérable quinquagénaire s’écroule dans un tonnerre de fracas, dynamité en mars 2006.

Véritable goulot d’étranglement, il rendait infernale la circulation, aux centaines de milliers d’automobilistes qui empruntaient quotidiennement le sens banlieue-Dakar centre-ville et vice-versa.

Aujourd’hui, il y est érigé à la place, un échangeur ultra moderne de grande envergure, en forme de trèfle. Et en lieu et place d’embouteillages monstres, a succédé une distribution fluide de la circulation.

L’ancienne autoroute El Hadji Malick Sy qui remonte à 1951, a été entièrement relookée et élargie : ainsi le tronçon Malick Sy-Patte d’Oie, long de 7 km a été élargi en 2 x 3 voies.

De même qu’un échangeur moderne, fonctionnel et de grand gabarit, faisant figure de porte d’entrée à l’autoroute, y a été implanté. Donnant, ainsi, tout son sens à la notion de mobilité urbaine pour des milliers d’automobilistes.

En dehors de quelques embarras, Ibrahima, conducteur de bus sur la desserte Dakar-Bamako, confirme « même si la circulation est souvent congestionnée aux alentours de l’échangeur du carrefour de Pompiers dû à l’important flux de véhicules se dirigeant vers Malick Sy et la Rts d’une part. Et de l’autre, les véhicules en provenance de Yarakh qui empruntent l’échangeur pour repartir vers Malick Sy, ainsi que ceux venant de la gare routière Petersen qui prennent l’échangeur pour reprendre l’autoroute vers Colobane. Ces bouchons surviennent entre 9 h et 10 h du matin. Mais en dehors de ces bouchons, la mobilité des automobilistes est maintenant impressionnante ! »

Dans la même veine, le pont de Colobane, lui aussi quinquagénaire, a cédé la place à une infrastructure ultramoderne surplombant l’autoroute.

Du coup, elle aiguille admirablement les flux interminables de véhicules en provenance du centre-ville, de la vétuste route de Rufisque (Yarakh) mais aussi et surtout de la gare routière flambant neuve de Colobane dont le trafic voyageur journalier se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de personnes.

A l’autre bout, l’échangeur de la Patte-d’oie, l’un des plus modernes de la sous-région ouest-africaine, selon les spécialistes, fait figure de véritable plaque tournante. Muni de onze bretelles et de trois dénivellations supérieures, les automobilistes ont ainsi maintenant le loisir de filer à toute vitesse vers Yoff, Pikine ou le centre-ville de la capitale sans encombre.

Ce premier dispositif qui sert de tête de pont à l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, est accueilli avec un grand soulagement de tous les usagers pour plusieurs raisons.

Unique voie de sortie de la capitale, ce tronçon -courant de Dakar à Rufisque- d’après les spécialistes, « contribue pour près de 50 pour cent aux externalités négatives générées par la congestion de la circulation urbaine (ralentissement, accidents, pollution, etc.) (Le Soleil Investissement et Entreprise, N.2. Mars 2006). En effet, selon les calculs des spécialistes, soixante dix mille véhiculent empruntent quotidiennement, dans les deux sens le centre-ville de Dakar et sa banlieue (Parcelles assainies, Guédiawaye, Pikine, Thiaroye, Mbao, Keur Massar...). Outre le gain de temps, d’énergie et la réduction de la pollution impliqués par ces aménagements, les économies réalisées seront importantes : les embouteillages coûtaient 108 milliards de francs Cfa annuellement à l’économie sénégalaise et par conséquent des points de croissance.

Comme pour compléter la panoplie, l’échangeur du Cyrnos, de l’Ecole normale supérieure, les doubles voies de l’ancienne piste, la Vdn ainsi que l’autoroute Patte d’Oie-aéroport Léopold Sédar Senghor jouent admirablement leur rôle dans le bon fonctionnement du dispositif routier dans la capitale.

A présent, cap sur la Corniche est. L’autre bout de la presqu’île qui, en dépit de ses poussières de 0,5 pour cent du territoire sénégalais qu’elle occupe, renferme en son sein, 3 millions d’habitants (soit le quart du total national), concentre 80 pour cent des activités industrielles et commerciales de tout le Sénégal !

Autant dire que la métropole est une vraie étuve ! Ouverte aux alizés et autres Açores de l’Atlantique sur une trentaine de kilomètres, la corniche constitue les voies respiratoires de Dakar. A la faveur de l’organisation du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) en mars 2008, les responsables de l’agence chargée de l’organisation de la rencontre, avaient émis le vœu de faire de cette corniche l’une des plus belles d’Afrique !

En tout cas, à l’épreuve de la réalité, le vœu s’est réalisé : le visage de la vitrine atlantique de la capitale en est sorti complètement transformé.

A la place de l’ancienne route qui épousait la corniche de l’ancien site du Tribunal régional de Dakar à l’aéroport Léopold Sédar Senghor, est sortie une superbe autoroute ponctuée de tunnels et divers ouvrages d’arts qui est en passe de terminer sa course à l’aéroport Léopold Senghor en passant par le parc culturel dont l’imposant monument de la Renaissance africaine constitue le vaisseau amiral.

Emprunté par des dizaines de milliers d’automobilistes en provenance du plateau administratif ou des quartiers résidentiels de Dakar (Mermoz, Sacré cœur, Foire, Diamalaye...), le tronçon était en proie, par endroits, à d’exaspérants bouchons, aux différentes heures de pointe.

Aujourd’hui, toutes ces plaintes et complaintes d’automobilistes sont rangées aux registres de mauvais souvenirs. Selon un automobiliste interrogé, « les embouteillages étaient vraiment le casse-tête des usagers de la corniche mais maintenant, c’est vraiment que de lointains mauvais souvenirs. C’est fluide.

« Avant, pour rentrer chez moi ou aller travailler, je faisais trente minutes. Alors que maintenant, je fais vingt ou même quinze minutes souvent. »

Un autre automobiliste, Mamadou Sagna, mécanicien de son état, rencontré devant l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan-Cheikh Anta Diop) lui fait chorus « entre la situation d’avant et maintenant, c’est vraiment sans commune mesure ! En matière de fluidité de la circulation, nous ne nous plaignons de rien vraiment. » Le seul hic, à l’en croire, est « l’ensoleillement qui nous éblouit souvent à l’entrée des tunnels. Ce serait une bonne chose que la voirie pense à installer des parasoleils à l’entrée des tunnels. Sinon, cela peut nous réserver de mauvaises surprises. »

Outre les nouveaux équipements routiers, l’aménagement de jardins, parcs culturels, places et autres commodités urbaines, a beaucoup contribué à ce nouveau visage plus reluisant de Dakar.

Si la Porte du Millénaire et la Place du Souvenir africain constituent aujourd’hui autant de passages incontournables sur la Corniche, le Monument de la renaissance africaine de 60 mètres qui trône sur l’une des deux mamelles de 100 mètres de haut et son complexe, sera sans doute, l’une des principales attractions de la capitale sénégalaise ainsi que son identité de métropole internationale. A l’instar de la tour Eiffel à Paris, de la Statue de la liberté « éclairant le monde » à New York ou encore la célèbre Sirène dans le port de Copenhague (œuvre d’Eriksen), Dakar sera dorénavant l’un des porte-étendards de la Renaissance africaine, ne fût-ce que symboliquement, à travers cette statue.

Même si Dakar ne dispose pas encore de grands jardins d’agrément comme Hyde Park à Londres, Bois de Boulogne à Paris ou Manhattan à New York -de véritables poumons verts dans l’Urban Concrete Jungle (ou l’enfer du béton que pourfendait Marley)- les riverains de la corniche se contente, en attendant, des aménagements le long de la corniche.

Chaque après-midi, ils sont des milliers de joggers à maintenir la forme en inspirant à pleins poumons la brise de l’Atlantique.

Avec tous ces aménagements, Dakar vient de se doter d’une corniche qui fait honneur à son rang de métropole internationale.

Quant à l’aménagement culturel de la ville, elle suit son cours, lentement mais sûrement. Ainsi, sur l’ancien site de la gare de Dakar, même si le projet de la Bibliothèque et des Archives nationales sont encore dans les cartons, le monumental Théâtre national est en train de sortir de terre. Une manière de rendre hommage à un peuple friand de dramaturgie et dont les maîtres ont noms : Douta Seck, Lucien Lemoine, Omar Seck, Makhourédia Guèye, Babou Faye...

L’embellissement, la mise à niveau du mobilier urbain, la réfection de la voirie ainsi que l’électrification de la capitale sont autant de réalisations emblématiques des volontés des autorités gouvernementales et des collectivités locales de faire de Dakar une cité moderne dans le troisième millénaire.

Il faut, toutefois hélas, se rendre à l’évidence : la capitale est surpeuplée et l’indiscipline dont font souvent montre ses habitants, n’aide pas à une amélioration rapide de leur environnement et conditions de vie.

A moins d’une réelle prise de conscience des citoyens faisant de la salubrité et l’embellissement de la ville l’affaire de tous, toute politique d’aménagement urbain sera un tonneau des Danaïdes.

Volonté, patience et discipline sont les maîtres-mots de la réussite de ce dessein.



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