Un colloque scientifique sur les inondations s’est ouvert, vendredi 11 juin 2010, avec un diagnostic sans complaisance. Elles sont moins liées à l’intensité des pluies qu’à la réduction du potentiel de la surface d’infiltration des eaux dans la banlieue.
L’Amicale des diplômés de l’Ecole polytechnique de Thiès (Adept) a livré son premier jet de propositions à la résolution des inondations dans la banlieue où les pertes économiques sont estimées à 45 milliards de francs Cfa, en 2009, selon une récente étude de la Banque mondiale.
La première étape de la résolution de ce phénomène, soutiennent les ingénieurs polytechniciens, passe par la connaissance des vraies causes de ce drame écologique, économique et social qui a affecté près de 300.000 personnes dans la banlieue, en 2009.
« Les inondations sont devenues des préoccupations complexes et préoccupantes pour les populations. Il est indispensable de proposer des solutions durables », défend le président de l’Adept, El Hadji Mamadou Thiam.
Le professeur Goumba Lô, de l’Institut des sciences de l’environnement (Ise) et les docteurs Honoré Dacosta du département de Géographie de l’Ucad et Sylvestre Dasylva de l’Université de Paris 1 ont montré que le concours de facteurs est à la base de la survenue du phénomène.
Le professeur Pape Goumba Lô a démontré que certaines zones de la banlieue sont composées de sable argileux et de nappe superficielle empêchant l’infiltration des eaux. Outre la morphologie des sols, l’obstruction des voies naturelles de passage des eaux, le remblaiement des réceptacles naturels, le faible volume cumulé d’évacuation des eaux des ouvrages, sont les facteurs déterminants des inondations.
« Nous avons une réduction des zones potentielles de rétention d’eau. En plus, les ouvrages ne sont pas opérationnels pour évacuer les eaux. Ces pluies ne devraient pas nous causer des problèmes », soutient Honoré Dacosta.
Selon le géographe, Dakar avait enregistré 113,7 mm le 24 avril 1989 sans beaucoup de dégâts, alors que les 70,7 mm du 20 août 2005 avaient provoqué la catastrophe. Cette thèse est partagée par le docteur de l’Université de Paris 1, Sylvestre Dasylva, pour qui les inondations, à Dakar, sont moins liées à l’intensité des pluies qu’à l’imperméabilisation généralisée des sols avec des constructions en ciment, la pollution liée aux déchets plastiques. La radioscopie des causes a permis de lever le voile sur les limites des méthodes mises en œuvre pour lutter contre ce drame. Raison pour laquelle, le représentant du Conseil régional de Dakar, Masseck Sène, a invité les autorités à s’inscrire dans la recherche de solutions durables.
Prenant la parole, le ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction, Oumar Sarr, a axé son intervention sur l’option gouvernementale de trouver des solutions viables aux inondations afin de soulager les populations. « La récurrence des inondations nous impose d’agir pour mettre un terme à ce phénomène. Le gouvernement cherche des solutions durables. Nous attendons beaucoup de vos conclusions pour enrichir nos actions », indique-t-il.
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