COLONEL MASSAMBA DIOP , DIRECTEUR DE L’HOPITAL A. LE DANTEC - «Nous sommes dans une dynamique d’élaboration d’un projet d’établissement ».

Dans cet entretien à bâtons-rompus avec la rédaction de Sud Quotidien et de Sud Fm, le colonel Massamba Diop, directeur général de l’hôpital, revient sur les principaux dysfonctionnements relevés dans la marche de la première structure hospitalière du Sénégal, en termes d’ancienneté et sur le plan de son effectif de patients (17.000 par jour). Une structure dont les problèmes de divers ordres semblent devoir être réglés de manière définitive par le projet d’établissement que l’hôpital Aristide Le Dantec couve en son sein, conformément à l’esprit de la réforme hospitalière de 1998.

Depuis quelque temps, vous êtes confrontés à des difficultés de fonctionnement dans certains de vos services. Pouvez-vous nous les recenser ?

-Les difficultés de l’hôpital sont très connues. Elles sont liées à la vétusté de l’établissement, à un plateau technique qui est également vieillissant mais qu’on est en train de renouveler, à son parc routier qui est complètement détérioré. Mais, malgré tout cela, nous avons la volonté de mieux répondre à la demande de service social et à assurer notre mission de service public, avec l’appui du ministère de tutelle et des autorités.

Avez-vous effectué des améliorations concrètes au niveau des services de l’hôpital?

-Ces améliorations que vous pouvez constater de visu découlent de notre politique de booster l’offre de soins. Notre souci constant est donc de mieux répondre à la demande sociale, d’offrir mieux des prestations de qualité. C’est ainsi que nous avons pu obtenir un scanner, grâce à l’appui du ministère de la Santé. L’arrivée de ce scanner nous a permis d’améliorer l’environnement de la radiologie et de l’imagerie médicale. A côté de cela, nous avons pu créer grâce à l’appui de la coopération belge un service d’androthérapie (prise en charge des problèmes gastro-entérologiques entre autres qui nécessitaient auparavant des évacuations médicales en Occident). Nous avons considérablement amélioré l’offre de soins et le plateau technique dans la gastro-entérologie. Nous avons également offert un plateau technique un peu plus étendu, en qualité et en quantité, au niveau de la Néphrologie. D’autant qu’au Sénégal, il y a une très forte demande de personnes qui souffrent d’insuffisance rénale. Notre hôpital effectue également des tarifs qui sont assez sociaux si on sait qu’une séance d’hémodialyse coûte 150000FCfa alors que nous, nous les faisons à 50000Fcfa pour les malades chroniques et 2500 Fcfa pour les personnes en phase aiguë comme les diabétiques. On perd ainsi 147 500 F par malade rien que pour sauver des vies et offrir un plateau technique adéquat.

Outre ces services, où avez-vous accentué vos efforts ?

-A côté de ces deux services, nous avons également amélioré un peu l’offre de soins au niveau de l’Urologie comme pour les personnes âgées souffrant de prostate et les femmes victimes de mariages précoces et de fistules uro-vaginales. Le service était complètement vétuste ; on a fermé une aile du service et on a rénové un vieux bâtiment qu était fermé. Tout autant, nous nous sommes investis à créer un nouveau pavillon qui est quand même agréable, confortable et qui offre toutes les qualités de sécurité, d’environnement et d’humanisme. Enfin, le service de la Cardiologie , car nous avons aussi des malades qui souffrent d’hypertension, de maladies cardiaques. Nous sommes donc en train d’améliorer l’offre de soins dans tout l’hôpital. Mais on ne s’arrêtera pas là parce qu’aujourd’hui, nous avons pris la décision de nous inscrire dans une dynamique d’élaborer un projet d’établissement. Dans ce projet, le volet médical est entièrement terminé . Cela veut dire que nous nous sommes inscrits dans l’optique de présenter aux Sénégalais au moins dans les cinq années à venir quelque chose de très cohérent

Que pensez-vous des problèmes rencontrés au niveau du bloc opératoire surtout pour ce qui concerne la rupture de l’oxygène?

-Nous avons des solutions à cela. Le bloc opératoire a connu entre l’année dernière et celle-ci deux difficultés énormes liées à la rupture de fluotal et d’anesthésiques en décembre dernier. A cela s’ajoute une dette énorme de 01 milliard 300 millions due à nos fournisseurs . Une dette qui s’explique par la modicité de nos tarifs au nom de l’accessibilité aux soins pour nos populations et par la prise en charge des cas sociaux. De sorte que nous éprouvons d’énormes difficultés à équilibrer nos comptes. Il y a donc un déficit qui s’accumule d’année en année et qui tourne aujourd’hui autour d’un milliard 300 millions. Si tu dois à quelqu’un une telle somme, tu ne peux pas exiger d’elle qu’elle te fournisse de l’oxygène. Mais ce problème est en train d’être pris en charge par l’Etat et principalement le ministère de la Santé qui s’est engagé dans la résolution des dettes des établissements publics de santé. Sans compter maintenant les mouvements sociaux qui ralentissent ou arrêtent la vie de l’hôpital pour plusieurs semaines et qui font que nous continuons à avoir des charges récurrentes de fonctionnement et sans bénéficier des recettes réelles ou appropriées. Donc aujourd’hui, le problème de l’oxygène est réglé avec une deuxième société d’approvisionnement en oxygène de sorte qu’on arrive à assurer le suivi en cas de rupture.

Et pour ce qui concerne enfin la fermeture de la Maternité ?

-Concernant la maternité, les travaux sont en cours et la première tranche est déjà terminée. Le projet est piloté par la DIEM, logée à l’époque au ministère de la Construction, de l’habitat et du patrimoine bâti. N’empêche que les appels d’offres ont été déjà lancés et les fournisseurs sont déjà sélectionnés. Il reste maintenant le gros chantier qui est le bâtiment historique et Mme Viviane Wade et sa Fondation se sont beaucoup investies pour appuyer l’hôpital Le Dantec ainsi que l’Etat du Sénégal. Tout comme le ministère de la Santé qui a financé une bonne partie de ce chantier. Le bâtiment date de 1913 et un cabinet a été choisi pour mieux diligenter les travaux.

Pour que Dantec retrouve son lustre d’autrefois, des réfections sont en train d’être effectuées. Pour le moment sur les 24 services, 5 sont en cours de réfection. Il y a beaucoup de chemin qui reste à faire, mais nous sommes déjà déterminés pour suivre cette voie. Il faut noter enfin que pour ce qui concerne les toilettes, nous avons signé un contrat de prestation avec un service d’entretien pour faire aussi le curage des égouts et le nettoyage des locaux. Tout cela va nous permettre d ‘améliorer sensiblement notre offre de services.

EXERGUES

« Les difficultés de l’hôpital sont très connues. Elles sont liées à la vétusté de l’établissement, à un plateau technique qui est également vieillissant mais qu’on est en train de renouveler, à son parc routier qui est complètement détérioré »

«A cela s’ajoute une dette énorme de 01 milliard 300 millions due à nos fournisseurs . Une dette qui s’explique par la modicité de nos tarifs au nom de l’accessibilité aux soins pour nos populations et par la prise en charge des cas sociaux. »