(Correspondance) - Le marché hebdomadaire de Diaobé accueille chaque semaine des milliers de ressortissants de la sous-région ouest africaine pour des échanges commerciaux fructueux. Mais, mercredi dernier, la population de cette ville rurale située dans le département de Vélingara a subitement doublé comme par enchantement. Ce qui n’est que la conséquence de la crise qui sévit en Guinée voisine, disent les observateurs. Pendant ce temps, seuls 25 véhicules en provenance de la Guinée ont été recensés par les services compétents de la ville de Diaobé. Alors que, d’habitude, plus de 200 camions lourdement chargés de produits forestiers faisaient leur entrée dans cette ville rurale au grand bonheur des populations locales et des commerçants. Ces nouveaux venus du pays de Moussa Dadis Camara ont, pour la plupart, effectué le trajet à pied à travers la forêt et les routes cahoteuses pour rallier le marché de Diaobé, utilisé comme une zone de transit à destination de l’intérieur du pays ou de la Gambie. Très éprouvés par la fatigue, ces jeunes dont la moyenne d’âge varie entre 20 et 30 ans, sont assis à coté de la route qui traverse le marché ou dans les coins de rues. Les discussions tournent autour de la répression sanglante de Conakry. Mamadou Lamarana Diallo, entouré par ses camarades de d’infortune, relate avec amertume les événements qui ont conduit au carnage en Guinée. ‘Dans le stade, j’étais loin d’imaginer que des militaires supposés être des Guinéens allaient tuer leurs compatriotes de sang froid. J’ai assisté à une véritable boucherie humaine. Des soldats ôtaient la vie en jubilant devant leurs victimes’, conte-t-il. Après quelques minutes de silence, il continue le récit. ‘Les soldats, sous la menace de leurs armes, ont exigé que l’on ramasse de force les corps dans le stade et dans certaines rues de Conakry que nous entassions dans des camions militaires’, ajoute-t-il.
Son compagnon de galère, Aliou Barry, les yeux hagards d’en rajouter à l’horreur. ‘Des cris, des pleurs, des appels au secours et des femmes violées et tuées, c’est le décor qui était planté dans la ville de Conakry. Et pourtant, nous n’avions aucune arme pour menacer la République. La seule arme que nous détenions, ce sont les discours’, selon lui. Pour Fatou Bintou Diaby qui a abandonné son foyer ‘Dadis est pire que Sékou Touré. Il faut l’arrêter avant qu’il ne récidive’. Ces centaines de jeunes guinéens désœuvrés fuyant la Guinée sont en route pour se réfugier dans les villes du Sénégal et en Gambie. Leur présence à Diaobé commence à inquiéter les populations qui craignent une recrudescence du banditisme et des vols transfrontaliers.
Pour l’heure, l’activité économique est au ralenti au marché hebdomadaire de Diaobé, boycotté par de nombreux commerçants guinéens qui attendent le retour de la stabilité chez eux et la fin des persécutions pour reprendre leurs commerces hors du pays.
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