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CONVOITISES AUTOUR DE 200 HECTARES : Le feu couve à Diamniadio

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CONVOITISES AUTOUR DE 200 HECTARES : Le feu couve à Diamniadio

La lettre N° 000414/Srud/Sdur a confirmé ce que d’aucuns flairaient au niveau de Diamniadio : la venue massive, sur place, de spéculateurs fonciers. Et des terrains déjà cédés à des industriels et une partie du village de Dougar sont en passe, «sous le couvert d’un hôpital pédiatrique et d’un programme immobilier», de tomber dans leur besace. Surtout que cette affaire cache bien des incongruités avec, en embuscade, une très haute personnalité.        

Le énième scandale foncier sous l’Alternance. C’est ce qui est en passe de s’effectuer à Diamniadio où un groupe d’industriels est sous la menace d’une expulsion «pour cause d’utilité publique». Sauf qu’ils entendent, soutenus par les populations du village de Dougar, défendre crânement leurs biens. Et d’accuser purement et simplement des «prédateurs terriens» qui veulent leur ôter le pain de la bouche. Pour donner le ton, les propriétaires «légitimes» de ces terrains se retrouvent, ce matin, à Diamniadio pour, disent-ils, «sonner l’alerte et informer l’opinion publique nationale».

«Sommation et démolition»

Au fait, comment en est-on arrivé là ? Tout est parti, selon nos sources, d’une correspondance signée, le 23 septembre 2009, par le chef du service départemental de l’Urbanisme de Rufisque. Ayant comme objet : «sommation et démolition», il est mentionné dans la lettre citée en objet ce qui suit : «Dans le cadre de l’application de sa politique d’aménagement du territoire, l’Etat doit réaliser un hôpital pédiatrique sur quatre (4) hectares et des logements sur cent cinquante (150) hectares.» Rappelant aux concernés que tout ce qui est édifié sur la surface litigieuse «devra être détruit conformément à la réglementation en vigueur en la matière», le service de l’Urbanisme de Rufisque les a également sommés de «prendre toutes les dispositions utiles pour la libération du périmètre occupé dès réception de cette présente». Une «injonction malvenue» qui a fait sortir de leurs gongs ces industriels, dont certains ont des partenaires (Hollandais et Espagnols), qui ont déjà mis beaucoup d’argent dans l’aménagement des sites à eux octroyés «le plus régulièrement du monde, par des démembrements de l’Etat». Mieux, certains d’entre eux sont déjà en possession d’attestations provisoires de bail.

Incongruités à la pelle

«Celui qui a le moins investi, en termes d’aménagements, est déjà à près de 600 millions de FCfa. Il s’y ajoute que nous allons créer des centaines d’emplois sur place», informe une source proche de dossier qui renferme «tellement des incongruités que d’aucuns y perdent leur latin». C’est ainsi que nous avons pu savoir que «cette zone, industrielle par excellence, est non seulement traversée par des lignes de courant haute tension (30 Kw et 90 Kw) connues pour leur caractère cancérigène, mais elle est aussi très boueuse, donc inondable». Il s’y ajoute que la distance entre ce terrain «de toutes les convoitises» et la Route Nationale 1 ne respecte pas «la norme réglementaire de 450 mètres, spécifiée dans le Code de l’urbanisme, qui doit séparer des habitations et la chaussée». Les industriels de Diamniadio sont d’autant plus courroucés qu’ils soutiennent ne pas comprendre «l’acharnement des autorités, qui ont déjà donné leurs terres aux Chinois, alors qu’un terrain de quatre (4) hectares destiné à ce genre d’infrastructures est toujours disponible».                

Stratégie de riposte

Face à tous les écueils qui gravitent autour de ce dossier, le groupe d’industriels de Diamniadio, «qui entend riposter avec la dernière énergie», a un allié de taille : les populations du village de Dougar qui «craignent de voir cette boulimie foncière étendre ses tentacules jusque dans leurs terres». Pour anticiper «toute tentative d’expropriation pour cause d’utilité publique», les habitants de Dougar se sont réunis, samedi dernier, pour affiner, selon nos interlocuteurs, une stratégie de riposte. Et l’unanimité semble être faite sur l’option consistant à faire une jonction avec le groupe d’industriels. D’ores et déjà, des huissiers ont été commis pour «faire, à toutes fins utiles, un état exhaustif des lieux et se mettre en ordre de bataille au cas où…». Comme pour couper l’herbe sous les pieds des râleurs, les Chinois, chargés de la construction de l’hôpital, font le tour des localités environnantes pour recruter des ouvriers qui seront payés à raison de 2 800 FCfa par jour. En somme, l’Etat est, aujourd’hui, dans l’obligation, pour éviter que l’irréparable ne se produise dans cette zone, de prendre toutes ses responsabilités dans cette affaire.       

Circulez, y’a rien à expliquer !

Comme il est de coutume dans les affaires foncières, il nous a été impossible de mettre la main sur les autorités citées dans cette affaire pour vérifier les informations en notre possession. Il en est ainsi de l’identité du propriétaire de «la seule usine de ferraille rescapée de cette opération commando» qui serait «un intouchable par excellence». Idem pour «les rumeurs persistantes confirmées par de hauts fonctionnaires» sur un Décret «déjà signé» qui aurait déclassifié une partie importante de la forêt de Diamniadio «au profit d’un groupe international spécialisé dans les grands chantiers qui a, depuis peu, pignon sur rue au Sénégal». Il s’y ajoute que le chef du service départemental de l’Urbanisme de Rufisque, qui a envoyé les lettres portant sommation et démolition aux industriels, avec ampliation aux autorités administratives et municipales se trouvant dans la zone de Diamniadio, a «oublié» deux structures «de la plus haute importance» en matière foncière : les Domaines et le Cadastre. En tout cas, nos colonnes restent ouvertes aux autorités compétentes au cas où elles voudraient s’expliquer sur cette affaire et éclairer la lanterne des Sénégalais. S’agissant de ce projet d’hôpital pédiatrique - prévu pour décongestionner Albert Royer, sis à Fann et dont les travaux de construction doivent démarrer incessamment - il faut retenir qu’il devait, dans un premier temps, être logé près de l’Hôpital de Pikine, dans l’enceinte du Camp de Thiaroye. Mais, face à la levée de boucliers des militaires et des populations, l’Etat a jugé «plus sage» de le délocaliser, sans succès, à Keur Massar. C’est donc «en désespoir de cause» que les ministères chargés de l’exécution (Santé et Urbanisme) se sont rabattus sur la zone de Diamniadio. Toutes choses qui confortent nos interlocuteurs sur un fait : «L’Etat ne fait que nous tester. Si on s’érige contre cette mesure, il va de soi qu’il va battre en retraite. C’est tout le sens du lobbying que nous sommes en train de mener pour conserver notre patrimoine. Nous avons, d’ailleurs, pris contact avec le Khalife général des Mourides, Serigne Bara Mbacké, qui a pris l’engagement de nous apporter son soutien.»



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