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Coronavirus : le Covid-19 met la presse africaine au pas

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Coronavirus : le Covid-19 met la presse africaine au pas
De Dakar à Ouagadougou, de Lomé à Libreville, de Cotonou à Yaoundé, la presse vit son covid-19. Les revenus publicitaires, le traitement de l'information, les méthodes de travail et le tirage sont fortement impactés par la pandémie du coronavirus.

Le coronavirus n'épargne pas le secteur de la presse en Afrique francophone.

S'ils ne sont pas à l'arrêt, plusieurs médias ont dû réadapter leurs programmes et leurs contenus.

Licenciée pour avoir éternué

A Dakar, la capitale du Sénégal, Fatou Ly Sall est sans emploi depuis le 25 mars.

En service au quotidien gouvernemental ''Le Soleil'' la dame dit avoir "été licenciée à cause du Coronavirus" par son employeur alors qu'elle n'a pas contracté le virus.

"Elle a avoué présenter des symptômes similaires à ceux du Covid-19, et a refusé de voir un médecin ou d'aller en congé, raison pour laquelle je l'ai licencié pour faute lourde", soutient Yakham Mbaye, le directeur du journal, joint par la BBC.

Il avoue lui-même avoir été en quarantaine ainsi que deux de ses collègues qui ont été en contact avec des cas confirmés.

Télétravail pour les professionnels des médias à Dakar


Le Sénégal est sous couvre-feu depuis le 24 mars et plusieurs médias locaux ont dû s'adapter, certains font du travail à distance pour la production de leurs programmes et des contenus pour leurs medias.

Le groupe Futurs Médias, propriété de l'artiste Youssou Ndour, qui regroupe plusieurs organes de presse privée du pays, a eu un cas positif en mars.

Il a ensuite mis toutes les journalistes femmes en télé travail, une bonne partie du personnel de la télévision et de l'administration travaille depuis la maison.

Plusieurs autres médias du pays ne gardent que peu de personnes après 17h, pour permettre à la plus grande partie de rentrer avant le couvre-feu qui entre en vigueur tous les soirs à 20h.

Le ministère de l'Intérieur n'a pas pu délivrer des dérogations à tous les médias et tous les journalistes qui ont sollicité ce document qui leur permet de circuler pendant le couvre-feu "la distribution s'est faite par quota" commente Bamba Kassé, le secrétaire général du syndicat des journalistes sénégalais.


A Libreville, les journalistes font face à des difficultés


C'est justement ces autorisations qui posent problème au Gabon.

Contraints de quitter les bureaux à 17 heures afin d'éviter de tomber dans les embouteillages qui précèdent le couvre-feu de 19h à Libreville, plusieurs médias se plaignent de ne plus pouvoir effectuer leur travail normalement, pour n'avoir pas reçu une dérogation des autorités.

Mercredi, les éditeurs de presse privée se sont réunis à Libreville, la capitale, pour lancer un cri d'alerte sur ce qu'ils appellent une discrimination.

"Difficile d'accéder aux sites de prise en charge des malades, il nous manque des moyens de protection comme les masques et les gels hydro alcooliques", confie à la BBC Lathière Mebale, l'un des responsables du collectif des éditeurs de presse privée du Gabon.

Les imprimeries sont aussi au ralenti, tout comme les kiosques à journaux de Libreville.

Les parutions écrites dont le quotidien gouvernemental ont de la peine à s'afficher dans les kiosques qui sont à l'arrêt à cause du confinement.

A Yaoundé et Douala, les médias s'adaptent


Au Cameroun voisin, pays le plus touché en Afrique centrale avec plus de 1000 cas de contamination, il est difficile de voir les foules habituelles devant les kiosques des grandes villes comme Yaoundé et Douala.

Distanciation sociale oblige, les "titrologues" (terme local pour désigner ceux qui s'agglutinent pout lire les grands titres de journaux devant les kiosques) ont disparu ou viennent de moins en moins.

Mais dans les rédactions, ça tourne jusqu'à des heures tardives. Le pays n'est pas sous couvre-feu.

Mutations, l'un des titres privés les plus lus du pays, a adapté ses pages.

Selon Georges Alain Boyomo le directeur, son journal a créé de nouvelles rubriques pour coller à l'actualité, "principalement l'actualité décalée… ça détend mieux en cette période de confinement".

Une continuité de service qui ne devrait pas tromper, insiste M. Boyomo.

"Nous avons baissé le tirage de moitié. Les abonnés sont privilégiés. Portion congrue aux kiosques. Ventes en lignes maximisées. L'essentiel du contenu éditorial porte sur le Covid-19", ajoute-t-il.

Plusieurs chaines de télévision ont maintenu leurs émissions de débat qui reçoivent des invités en plateau le dimanche ou en fin de soirée pour débriefer l'actualité.

Ce n'est pas le cas pour Balafon Radio, une antenne de Douala, qui a plutôt opté pour "le télétravail pour une bonne partie du personnel, et surtout pour ne plus recevoir des personnes de l'extérieur, même les partenaires, afin de limiter la propagation du virus", explique à la BBC Cyrille Bojiko son promoteur.

"La crise sanitaire n'est pas sans impact sur les revenus du média. La plupart de nos annonceurs sont dans l'industrie de la consommation. Avec le ralentissement de l'activité économique, plusieurs de nos partenaires ont retiré leurs annonces", déclare M. Bojiko.

Prudence de Lomé à Cotonou

Au Togo, la première personne décédée du Covid-19 est un journaliste.

C'est donc avec prudence que les journalistes togolais couvrent cette crise sanitaire.

"Ce n'est qu'en cas d'urgence majeure que les journaliste descendent sur le terrain. Nous les sensibilisons à privilégier le travail à distance et l'usage du téléphone pour vérifier l'information", confie Isidore Kouwonou, secrétaire général du syndicat des journalistes togolais joint par la BBC.

Le pays compte à ce jour 85 cas de coronavirus, et le gouvernement a décrété l'état d'urgence assorti d'un plan de riposte de 400 milliards de francs CFA, dont une partie est dédiée à l'aide aux secteurs d'activité touchés par la crise, mais la presse n'est pas prise en compte.

Le syndicat dit avoir relancé les autorités en vain, pour demander de l'aide.

Priorité à la bonne information, c'est le défi que s'est donné le syndicat des journalistes au Bénin qui partage une longue frontière avec le Togo.

Les responsables organisent des sensibilisations pour apprendre aux journalistes à donner la bonne information, tout en se protégeant contre la maladie.

"Le Covid-19 occupe la majeure partie des journaux depuis le début de la pandémie", souligne Zakiath Latoundji, la présidente du syndicat.

Les rédactions sont obligées de s'adapter au contexte et travaillent pour leur contenu.

Surtout qu'aujourd'hui "avec la crise beaucoup d'organisateurs annulent ou reportent des événements".

"Les acteurs de médias font donc appel à leur sens de réflexions pour identifier des sujets divers et d'intérêt pour la communauté", dit-elle.

Un défi que relève Venance Tonongbe.

Directeur de publication d'un journal en ligne, il dit avoir conservé ses trois collaborateurs, à qui il a offert des protections, et des moyens pour la collecte à distance.

"Tout se passe au téléphone. Sauf qu'il y a un prix à payer pour le journal. D'abord, nous avons dégagé un budget spécial pour la rédaction afin de faire face aux dépenses engendrées par la pandémie", souligne-t-il.

Des frais difficiles à recouvrer. Cotonou et 11 autres villes du Benin tournent au ralenti.

"Les partenariats publicitaires et autres sources de revenus sont bloqués", regrette M. Tonongbe.


Ouagadougou coupé de Bobo-Dioulasso

Plus au Nord, le Burkina Faso, un des pays les plus touchés par le Covid-19 en Afrique de l'Ouest et qui fait aussi face une crise sécuritaire, est aussi en état d'urgence sanitaire.

Toutes les grandes villes dont la capitale Ouagadougou sont cloisonnées sur décision des autorités.

Impossible d'entrer et de sortir, sans montrer une autorisation aux forces de sécurité postées aux extrémités des agglomérations.

Une situation qui impacte fortement la presse.

"C'est plus compliqué d'envoyer les journaux dans les autres villes autre que Ouagadougou, un lot de journaux qu'ils ne parviennent plus à écouler, certains sont contraints de diminuer leurs tirages", constate Boureima Ouedraogo, président des éditeurs de la presse privée.

Ce qui rajoute une note à la baisse des recettes publicitaires, indique-t- il.


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