*Bamba NIANG sanctionné pour faute professionnelle
*Turpin épinglé pour manquements au devoir de neutralité, de loyauté...
Radier Aminata Mbaye du corps de la magistrature serait lui rendre sa liberté d'expression et de dénonciation. Or, semble-t-il, c'est ce que ses pairs ont voulu éviter en lui aménageant une retraite anticipée. Ainsi, l'avocate générale est toujours tenue par l'obligation de réserve qu'impose la profession.
Avant le délibéré du Conseil de discipline de la magistrature, beaucoup avaient prédit le pire pour Aminata Mbaye. Mais, in fine, l'avocate générale n'a pas été radiée du corps des magistrats, elle a été simplement envoyée à la retraite anticipée. Une sanction jugée lénifiante par certains puisqu'Aminata Mbaye va continuer à percevoir son salaire, comme si elle avait été admise à faire valoir ses droits à une retraite bien méritée. Pourquoi l'organe disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature n'a pas eu la main assez lourde contre l'avocate générale alors que sa culpabilité était fortement présumée ? Analysant les sanctions du conseil de discipline, jugées magnanimes, une source judiciaire indique que c'est parce que ses pairs n'ont pas voulu prendre le risque de l'expulser de la corporation. En effet, une radiation signifierait pour Aminata Mbaye une rupture totale d'avec la magistrature. ‘Et, par voie de conséquence, l'avocate générale retrouverait sa liberté d'expression et de dénoniciation’, explique notre interlocuteur. Ainsi, poursuit-il, ‘n'étant plus tenue par le droit de réserve, elle pourrait faire un déballage qui risquerait d'éclabousser la République’.
En effet, Aminata Mbaye qui totalise plus de trente ans de magistrature, en sait un bout sur les travers de la justice sénégalaise. Et peut-être qu'elle détiendrait, par-devers elle, des preuves de l'indélicatesse de certains de ses collègues. N'a-t-elle pas laissé entendre, en substance, dans l'enregistrement de Djiby Ndiaye que des choses autrement plus graves se sont passées au niveau du tribunal sans que cela ne crée un tollé à la mesure de celui qui est né du dossier opposant Momar War Seck et Mohamed Guèye ?
Certains magistrats ont dû se sentir dans leurs petits souliers au moment où l'avocate générale passait devant ses pairs pour être jugée. Connue pour son commerce facile, elle a eu à développer des relations étroites avec tous les magistrats dont certains l'appelaient affecteusement Maman ou Tata. ‘Il y a des magistrats, souvent même des avocats, qui se confiaient à elle’, souligne notre interlocuteur. Une telle personne, il est dangereux de la pousser dans ses derniers retranchements parce qu'elle peut faire très mal si elle se décide à faire dans la délation. Et puis, rappelle notre source, ‘il ne faut pas perdre de vue qu'elle fait partie des doyens de la magistrature et que bon nombre de dossiers délicats l'ont trouvée en fonction. Les affaires Me Bacabar Sèye, Balla Gaye, cet étudiant fauché par balle à la fleur de l'âge, Talla Sylla, pour ne citer que celles-là, elle les a vécues en tant que haut magistrat’. Pour dire que ce n'est pas seulement la magistrature qui a intérêt à fermer le bec à l'avocate générale. Le pouvoir, peut-être, aussi...
En tout cas, la magistrature, elle, n'a pas voulu tenter le diable. Elle a opté pour la carte de la prudence en maintenant le lien entre Aminata Mbaye et son corps d'origine. Ainsi, est-elle toujours tenue par l'obligation de réserve, donc au silence. Voilà pourquoi, d'ailleurs, selon notre source, l'on hésite encore à envoyer Aminata Mbaye et les autres magistrats cités dans l'affaire dite de la corruption devant la justice en procès pénal. Entre les magistrats eux-mêmes d'une part, les magistrats et le pouvoir de l'autre, se tient-on par la barbe ?
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