À défaut d’une requalification des faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, la Cour d’assises a reconnu au meurtrier de Mbaye Bâ l’excuse de provocation. Auparavant, l’avocat général, dans ses réquisitions, a exposé qu’Hamadou Sow est coupable des faits à lui reprochés. Il a requis 15 ans de travaux forcés à l’encontre de l’inculpé. Car Hamadou, au lendemain d’une altercation avec Mbaye Bâ, s’est de nouveau bagarré avec la victime, lui occasionnant des blessures sur le crâne, au niveau de la mâchoire supérieure gauche et sur le bras gauche à l’aide d’un coupe-coupe. Ces blessures jugées graves ont coûté la vie à Mbaye Bâ. Cette accusation fait suite à une enquête rondement menée par les éléments de la brigade de gendarmerie de Linguère, informés du meurtre par le médecin-chef du district sanitaire de ladite localité à la date du 31 octobre 2008. Les gendarmes enquêteurs découvriront que la veille, Mbaye Bâ la victime et le meurtrier Hamadou Sow s’étaient disputés avant d’être séparés par deux autres amis, Mody Tall et Ifra Tall. Le lendemain, la bagarre a repris de plus belle, mais cette fois en pleine brousse, loin de toute intervention étrangère. Mais pour la défense assurée par Me Sidy Seck et Me Mamadou Ciré Bâ, l’inculpé n’a fait que répondre aux provocations de la victime qui est allée le retrouver en brousse, là où il faisait paître son troupeau. Ils ont plaidé l’excuse de provocation. C’est à la suite de cette bagarre que la victime a perdu la vie, causée par une hémorragie abondante consécutive du traumatisme cranio encéphalique et des fractures comme il est mentionné dans le certificat de genre de mort établi le 1er novembre 2008 par docteur Fatou Ndiaye Sylla Fall, médecin-chef du district sanitaire de Linguère. À l’enquête préliminaire comme devant le magistrat instructeur, Hamadou a toujours soutenu avoir été provoqué par la victime qui le traitait de poltron. Il reconnaît cependant être l’auteur des blessures qui ont causé la mort à Mbaye Bâ. Précisant qu’il n’avait pas l’intention de le tuer, que c’est Mbaye Bâ qui a d’abord sorti son coupe-coupe et lui a asséné un coup à la tête. La constance des déclarations de l’inculpé n’empêche pas le ministère public de rester convaincu que Hamadou Sow avait bien l’intention de donner la mort, vu le nombre de coups portés, la profondeur des blessures occasionnées, leur violence, les parties visées et atteintes. Il estime que la bagarre invoquée par l’inculpé pour se disculper ne saurait prospérer du fait qu’aucune blessure importante n’est constatée sur Hamadou. La défense, persuadée qu’Hamadou n’a fait que répondre à des coups qu’on lui a portés, a plaidé la requalification des faits en coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. La cour l’a suivi dans sa plaidoirie en condamnant le meurtrier de Mbaye Bâ à 3 ans de travaux forcés.
TRISTE DESTIN D’UN JEUNE BERGER
Hamadou Sow est né en 1989 dans la communauté de Thiel, arrondissement de Barkédji, département de Linguère. À trois ans déjà, il perd sa mère des suites d’une maladie. Sa tante maternelle continue de l’allaiter et se charge de son éducation jusqu’à l’âge de quatre ans. Il est envoyé à Mbour pour apprendre le Coran. Après trois ans d’études, son père le ramène à Thiel parce qu’il avait commencé à fuguer. C’est ainsi que Hamadou est employé comme berger par le frère de la victime Mbaye Bâ, après s’être installé chez sa sœur à Guet Ardo, communauté rurale de Thiel. Il est dépeint par l’enquête de personnalité comme un jeune calme qui, malgré son jeune âge, s’est toujours battu pour gagner son pain. Hamadou aime se faire distinguer dans la bravoure. Il aime se retrouver avec ses amis. Il lui arrivait de payer le thé pour maintenir ses amis sur place. Hamadou quittait le village tôt le matin pour aller en pâture et ne revenait que le soir. Il ne possédait aucun bien sinon de maigres revenues qui provenaient de son métier de berger. Il sortait pour aller voir sa sœur ou prendre du thé avec ses amis parmi lesquels la victime.
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