Le Comité de bonne gouvernance dans la passation des marchés publics que vient de créer le ministre Karim Wade ressemble par sa composition au Conseil de surveillance de la défunte Anoci. De là à ce que les mêmes causes produisent les mêmes effets…
Bluff ou volonté effective de transparence dans la gestion des marchés publics ? Karim Wade a créé un «Comité de bonne gouvernance dans la passation des marchés publics», a annoncé son département dans un communiqué reçu hier à L’Observateur. Une mesure qui fait suite à l’organisation, vers mi-mars dernier, d’un séminaire sur la transparence dans la passation des marchés publics par le ministère de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures (Micatti).
En présence du directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), dont un audit avait quelques semaines auparavant épinglé la gestion à l’Anoci de Karim Wade, ce dernier a dit vouloir «en finir avec la suspicion régulièrement entretenue et bien souvent à tort sur les procédures de passation des marchés». M. Wade a alors promis d’«asseoir définitivement les conditions d’une transparence incontestable des procédures de passation des marchés et lutter contre les travers qui peuvent quelquefois en gangrener le fonctionnement, comme le trafic d’influence, le favoritisme et la corruption». Certains y ont vu un «aveu» de taille alors que d’autres ont assimilé la déclaration d’intention à de l’esbroufe. Qu’en penserait le président du groupe de Btp Talix, Bara Tall qui se plaint d’avoir été et d’être «systématiquement écarté» des marchés publics pour avoir refusé une règle d’entente directe qu’auraient instaurée les dirigeants de l’Anoci d’alors, aujourd’hui «convertis» à la transparence ? Sa gestion de l’Agence, au titre de président du conseil de surveillance de la structure, a été dénoncée par le journaliste d’investigation Abdoul Latif Coulibaly dans son ouvrage «Contes et Mécomptes de l’Anoci» publié en août dernier. Celui-ci, basé sur le rapport de fin d’activités et documents de l’Agence même, a été conforté par la suite par l’Armp.
Bégaiement
La «gabegie» et la mauvaise conduite des passations de marchés ainsi établies l’ont été au nez et à la barbe du Conseil de surveillance censé apporter une caution morale au regard de sa composition, notamment des membres de la société civile, un journaliste, le patronat, etc. Quasiment le même scénario se présente à la lecture de la composition du Comité de bonne gouvernance dans la passation des marchés publics du Micatti. Hormis la présidence qui n’est pas assurée par Karim Wade mais par «une personne-ressource choisie pour sa rigueur et son indépendance», sont appelés à être membres du Comité «une personne-ressource dotée d’une expérience avérée en matière de gestion publique, un enseignant du supérieur, juriste et spécialiste des marchés publics, un journaliste». Pour faire bonne figure, «les représentants des partenaires techniques et financiers apportant leur concours au ministère participent de plein droit aux travaux du Comité en qualité d’observateurs».
Viennent à l’esprit les nombreuses complaintes de membres de la société civile et d’un journaliste (démissionnaire du Conseil de surveillance) qui ne souffraient pas d’être des belle mort, l’histoire semble bégayer. On sait ce qu’en a dit Karl Marx, lorsque l'histoire se répète, la première fois, c’est sous la forme d’une tragédie, et la seconde fois sur le mode de la farce.
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