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CRISE SCOLAIRE - Bacary Badiane, président des parents d’élèves du Sénégal : «L’Etat a laissé pourrir la situation>

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CRISE SCOLAIRE - Bacary Badiane, président des parents d’élèves du Sénégal : «L’Etat a laissé pourrir la situation>

Dans le décor sommaire de son bureau, sis au Breda, Bacary Badiane, président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Fenapes), par ailleurs, vice-président au niveau africain de l’Association des parents d’élèves, revient sur la crise scolaire qui menace l’enseignement, depuis deux ans au Sénégal. Il ne fait pas dans la dentelle pour situer la responsabilité des uns et des autres. Et d’exiger que l’Etat et les enseignants trouvent la formule adéquate pour satisfaire les élèves.

SERIES DE GREVES DES ENSEIGNANTS

«En tant que enseignant et parent d’élève, je dois dire que c’est la première fois que nous sommes confrontés a une situation de ce genre. Les enseignants ont présenté des plate-formes revendicatives, car il y en avait plusieurs. Quand nous avions été saisis de ces plate-formes, nous sommes allés vers eux, pour rencontrer l’Intersyndicale A et le Cadre unitaire des enseignants du moyen-secondaire (Cusems). Après discussion, nous leur avons fait part de notre volonté d’offrir notre médiation et de servir de facilitation pour l’ouverture de négociations entre le gouvernement et les syndicats. Cela, pour ne pas sacrifier l’année scolaire. Car, s’il n’y a pas d’examen, ce serait la catastrophe en ce sens que les parents d’élèves ont suffisamment investi pour mettre les enfants dans les conditions optimales d’études.

L’Etat aussi, il faut le reconnaître, a consenti 40 % de son budget pour l’Education. En effet, c’est pour cela que nous devrions pouvoir nous entendre et les enseignants auraient pu nous comprendre. Mais, en vain. Le comble dans cette grève, c’est la rétention des notes, d’autant que celles-ci n’appartiennent pas aux professeurs. Ce sont des évaluations. Donc, elles appartiennent aux parents, aux élèves et à l’établissement. Sans les notes, on ne peut pas tenir un conseil de classe. Mais, heureusement que le ministère de l’Education a trouvé une formule qui a permis de passer des examens et de tenir un conseil de classe. Néanmoins, quand il y a eu rupture, nous nous sommes employés à faire de sorte que le président de la République puisse recevoir les syndicalistes, le 17 juillet 2006. Le résultat a abouti à un protocole qui porte sur 60 points d’accords. Le seul point d’achoppement est l’indemnité de logement. Les syndicats ont demandé 20 mille francs Cfa, alors que l’Etat consent à leur donner 15 mille francs Cfa en fin janvier et les 5 mille francs Cfa restants, en fin octobre. Donc, le problème des 20 mille francs Cfa est réglé, pour l’année 2007. Donc, les parents d’élèves ont toujours cru que la paix pouvait revenir dans les établissements.»

POINTS DE REVENDICATIONS

«Seulement, le Cusems a posé des revendications particulières liées à une hiérarchisation des indemnités de logement, etc. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas raison. Car, ils ont droit à un logement décent. Mais, la question est de demander si celui qui demande a le droit de se mettre en grève. A notre niveau, la réponse est non. Il fallait continuer les négociations, mais, quand les enseignants ont voulu bloquer, nous avons pensé que c’est un sabotage du système éducatif. Je trouve que ce qui se passe est extrêmement grave : Le privé marche cinq sur cinq, et les professeurs qui sont en grève dans le public donne des cours dans le privé. Les enfants du privé continuent de recevoir des cours, alors que ceux qui sont dans le public restent chez eux et auront à passer le même examen. C’est une éducation à deux vitesses.

C’est pourquoi, nous demandons aux enseignants d’être parents d’élèves et de comprendre qu’il faut savoir terminer un combat. Ils peuvent se contenter de ce qu’ils ont obtenu et continuer à lutter. Si sur cinq points de revendications, l’on en obtient trois ou quatre qui sont satisfaits, on peut crier victoire pour ensuite reprendre et se remettre à la lutte pour obtenir le reste.

L’Etat et les enseignants ont pris l’engagement de s’occuper de l’éducation de nos enfants. Nous parents, notre devoir, c’est de mettre les enfants au monde, de les habiller et de les amener à l’école. Maintenant, nous exigeons que le gouvernement et les enseignants fassent tout pour que nos enfants aillent à l’école et se présentent à l’examen. Car, ils représentent l’avenir de demain. Nous sommes désolés de voir nos enfants dans la rue.»

NIVEAU DE RESPONSABILITE

«D’abord, l’Etat avait traîné les pieds pour rencontrer les enseignants, ce qui ne devrait pas se faire. Les enseignants ont envoyé leur plate-forme revendicative, mais, ils nous ont dit avoir attendu des mois pour être reçu. Cela n’est pas bien. Si l’Etat les avait écoutés, nous n’en serions pas là.

Mais, aussi à partir du moment où les négociations ont démarré, nous pensons que la lutte ne devrait plus continuer, surtout quand il y a des avancées. En effet, les parents d’élèves pensent que l’Etat et les enseignants doivent trouver, le plus rapidement possible, la formule qu’il faut pour que nos enfants reprennent les classes. Il faut arrêter. Aux enseignants, nous disons qu’il n’est pas possible de continuer la grève pendant deux ans. Surtout que ce n’est pas le salaire qui est bloqué. C’est une indemnité ! Pensez-vous qu’une indemnité doit amener à bloquer le système éducatif ? Je ne peux pas qualifier cela d’irresponsable, mais je dis, qu’ils doivent, quand-même, faire un pas.

Nous avons adressé une lettre au président de la République, pour lui demander de nous recevoir, une deuxième fois. Nous n’allons pas défendre les enseignants à la place des enseignants, mais, nous pouvons faire de sorte que le Président puisse trouver une formule pour satisfaire les enseignants. Mais aussi, les enseignants doivent chercher à satisfaire leurs élèves et écouter leur cri. Aujourd’hui, les élèves sont contre eux. Parce qu’ils pensent que leurs enseignants ne veulent pas qu’ils réussissent.»

SOLUTION A LA CRISE

«C’est pour rechercher des solutions que nous voulons rencontrer le Président, tout en espérant qu’il va nous écouter. Nous pensons qu’il sera sensible. C’est un enseignant, qui sait ce qui se passe, et il mesure la situation, à sa juste valeur. Lui, tout comme le ministre de l’Education, connaissent très bien les conséquences d’une année blanche. C’est pourquoi, nous avons bon espoir que ça va se régler. Il y a une éclaircie, car, le Cusems, qui était le plus dur dans ce mouvement, demande une indemnité de recherche pédagogique. Si c’est de la recherche dans le sens de donner plus de qualité aux enseignants, pour les rendre plus aptes à enseigner nos enfants, nous disons que cela peut se faire. Mais, là aussi, il faut qu’il soient raisonnables dans la demande qu’ils vont adresser à l’Etat.»

INQUIETUDES SUR LA VALIDITE DES DIPLOMES

«Ecoutez, il ne faut pas penser à cela. Parce que c’est un problème de quantum horaire, de temps de travail. Déjà, nous savons que dans les pays développés, le quantum horaire est de 1 000 heures. Au Sénégal, nous sommes à 700 heures. Si nous les respectons bien, un bon enseignement peut faire de bons résultats. Mais, avec ces grèves, les jours de congés, les magal, gamou, et autres, on ne peut pas avoir un enseignement de qualité. Et, s’il n’y a pas un enseignement de qualité, un bon diplôme ne peut pas en résulter. C’est un danger. Voyez, un peu partout en Afrique et dans le monde, les cadres sénégalais sont recherchés. L’Université de Dakar est très prisée. Donc, la qualité de l’enseignement est recherchée. Mais, si nous continuons ainsi, avec une année de neuf mois réduites en six mois, nous risquons d’avoir un diplôme au rabais, qui ne sera accepté ailleurs.»

LE GOUVERNEMENT ET LA CRISE

«Les enseignants sont des frustrés, parce qu’ils n’ont pas été entendus par le gouvernement. Nous n’avons pas compris pourquoi celui-ci a observé la situation jusqu’au pourrissement. Mais, je pense que l’Etat peut accorder, d’un seul coup, les 20 mille francs Cfa demandés par les enseignants, au lieu d’attendre la fin du mois d’octobre pour compléter les 5 000 francs Cfa restants. Je ne suis pas contre les enseignants. L’Etat doit faire son devoir, les enseignants aussi. L’Etat a fait un pas, que les enseignants acceptent de faire un petit effort. Mais, nous parents d’élèves, notre raison d’exister, c’est l’intérêt de nos enfants, donc de l’école sénégalaise. Au moment où on parle de la qualité de l’enseignement, ce n’est pas le moment de se mettre en grève.

Je dois reconnaître, par contre, qu’il y a des efforts qui ont été faits, surtout dans le cadre de l’accès du Pdef (Programme décennal de l’éducation et de la formation). Aujourd’hui, on a des lycées et des collèges, partout. Beaucoup d’enseignants ont été recrutés. Les vacataires peuvent suivre une formation diplômante, qui leur permet d’être recrutés.»

COUT DES EVENDICATIONS

«D’après la version de l’Etat, le coût des revendications est de 54 milliards de francs Cfa. Alors que le Cusems dit que le tout devrait revenir à 7 ou 8 milliards. C’est pourquoi, les syndicalistes soutiennent que c’est réalisable.

Mais, nous cherchons à rencontrer le ministre de l’Education. Et, je pense que le problème se trouve au niveau du ministre du Budget que nous rencontrerons, certainement. En effet, il nous dira ce que l’Etat peut faire, dans l’immédiat. Parce que c’est la course contre la montre. Nous avons aussi demandé une audience au Premier ministre, mais jusqu’à présent, il ne veut pas nous recevoir et je ne sais pas pourquoi. Si malgré tout, la situation perdure, les enfants sont prêts à marcher et nous serons devant, pour les soutenir.»  



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