L’école sénégalaise va mal. Depuis plus d’un an, le secteur est traversé par de graves perturbations marquées par des débrayages, des boycotts d’examens ou encore la rétention des notes. Et cette année, « la racine du mal » vient non pas des apprenants mais plutôt des enseignants qui ont décidé de lutter jusqu’au bout pour faire aboutir leurs revendications.
Pour le secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden), l’heure des promesses est totalement révolue. Et à tout prix, il faut amener les autorités à changer de comportement. Ainsi depuis le début de l’année scolaire 2007-2008, le mouvement de grève décrété par l’intersyndicale enseignante, est largement suivi sur toute l’étendue du pays particulièrement à Dakar et dans sa banlieue. La banlieue qui est réputée être très peuplée et/où les classes atteignent des effectifs pléthoriques de 70 à 80 élèves par classe, offre aujourd’hui un visage méconnaissable. Car dans certains établissements, les portes et les fenêtres sont fermées. Il y régne un silence absolu. C’est le cas à l’école PA 5 des parcelles assainies.
Tout le monde était absent : élèves, maître, et même le directeur. Seuls quelques moutons se baladent dans la cour. Il règne dans cet établissement en ce jour de classe de classe donne un calme de cimetière. Par contre, à quelques kilomètres de là, l’école Sérigne Niang de l’Unité 01 des Parcelles donne un autre décor. Sur une quinzaine de classes que compte l’établissement, seules deux sont fonctionnelles. Habituée à la grande ambiance et à la grande affluence des élèves, l’établissement se présente sous un autre visage. Les classes de CM2 A, CM2B sont les seules qui sont ouvertes.
Tranquillement, les maîtres s’adonnent explications des leçons suivies religieusement par les élèves. Les maîtres de ces deux classes, une dame et un monsieur, n’ont pas suivi le mouvement de grève. « On est des enseignants comme tous les autres, nous sommes logés à la même enseigne en matière de traitement, mais nous avons mission à préparer les gosses pour qu’ils soient au même pied d’égalité que leurs autres camarades le jour de l’examen. » Et d’ajouter :’ Nous sommes là tous les jours comme si de rien n’était pour s’acquitter de notre devoir d’enseignants. »
Au cour privé Yaakar plus à la cité Fadia, la situation est tout autre. Du CI à la troisième les cours se passent normalement et l’effet de » grève ne se fait pas sentir sur le fonctionnement de l’établissement. À en croire le surveillant général, l’école n’a jamais connu de grève et les cours se sont toujours déroulés le plus normalement du monde. « Nous sommes une école privée, les grèves ne nous concernent pas, soutient-il ». Seulement il redoute que les grèves puissent les affecter autrement. C’est quand les autorités décréteront qu’il y a année blanche « espérons que ça ne sera pas le cas . »
Au cours secondaire des Parcelles Assainies (CSPA) de l’unité 22 , l’ambiance des jours de classe est au rendez-vous. Des cris, des sauts et des jeux de cache –cache . Les enfants s’adonnent ici et là à leurs jeux favoris. D’après cet enseignant trouvé sur place, les cours se passent normalement « on dispense les cours sans problème et on est sur les derniers chapitre du programme. »
Mais du côté des parents d’élèves de l’école publique, cette grève qui perdure commence à susciter de graves inquiétudes même si les autorités académiques rassurent en avançant qu’il n y a aucun risque quant à la tenue des examens. D’après Monsieur Ciss, un parent d’élèves rencontré aux abords d’un établissement public, les assurances données par les autorités n’ont aucune valeur si les enfants n’ont pas appris leurs programmes de l’année. Pour sa part Monsieur Camara cet autre parent d’élève très amer lui parle de sabotage de l’école « ils n’ont rien à dire. Le gouvernement et l’intersyndicale sont en train de saboter le système éducatif. Ils sont tous des politiciens ’. ‘ C’est sûr que l’on s’achemine directement vers une année blanche, il ne sert à rien d’espérer, quoi que se soit » conclut il.
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