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DÉBAT - LES CRISES DE L’UCAD : Quelles solutions ?

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DÉBAT - LES CRISES DE L’UCAD : Quelles solutions ?

Dans Le Soleil du lundi 15 octobre 2007, sous le titre « Où va l’Ucad ? Pour une université d’excellence », je faisais un diagnostic des maux de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Je souhaiterais aujourd’hui, au vu de la grave crise qui perdure et qui secoue l’Université, apporter une contribution à la résolution de ses maux, en en identifiant les importants et en proposant des solutions. Je voudrais le faire très succinctement, mais sans complaisance. Auparavant, que l’on me permette de saluer un de nos plus illustres universitaires qui fut mon rapporteur de thèse de doctorat d’état, Seymou Pathé Guèye, dont l’honnêteté, la simplicité, la rigueur, l’intelligence et l’éthique sont reconnues de tous. L’université lui doit beaucoup, mais, moi, je lui voue le profond respect que l’on doit à son rapporteur de thèse qui fut l’un des plus attachants intellectuels de ma génération, qui, avec beaucoup de sérénité, sait dire non à ce qui déroge à ses convictions, mais toujours avec la manière qui sied à l’honnête homme qu’il fut. Un aristocrate !

Revenons à notre propos que du reste nous n’avions pas quitté, car rendre hommage à Seymou, c’est encore combattre pour une université d’excellence. Ma démarche se veut ici pragmatique et mon intention, libre de tout parti pris, est guidée par le désir de faire mon devoir d’universitaire et de citoyen, en m’impliquant, avec les moyens qui sont les miens, à la résolution des conflits auxquels tous, à des degrés divers, nous sommes confrontés.

L’Ucad connaît un certain nombre de problèmes, de difficultés, de maux, qui bloquent l’institution, qui génèrent la violence, défavorisent la recherche et l’enseignement. Quels sont ces maux ? Quelles en sont les solutions ?

En préambule, je dirais que l’identification des maux et leur solution ne peut se faire en dehors de l’Ucad, c’est-à-dire sans les étudiants, les personnels administratif, technique et de service (Pats), les chercheurs et les enseignants. Ils doivent se concerter, par des formules à trouver, par le biais de leurs représentants, pour discuter de leurs problèmes en suggérant des solutions ou des pistes à l’Etat pour leur concrétisation. Mais il faut d’abord s’entendre, se réunir et discuter, c’est inévitable.

Personne ne pourra arriver à quoi que ce soit de positif sans ce préalable, si bien que, pour ma part, je voudrais inviter tous les universitaires à la réflexion et à la prise de conscience de cette urgence. Il est vrai que l’Ombudsman, le professeur Boubacar Diop Buuba s’y emploie avec force et passion.

Pour ma part, je vois un certain nombre de problèmes que je souhaiterais soumettre à mes collègues, aux étudiants et à tous ceux qui sont soucieux de la bonne santé de l’Ucad. C’est peut-être du déjà dit, mais il faut que de l’étincelle jaillisse la lumière. Je salue l’initiative et l’excellente contribution de monsieur Samba Saër Diop, dans le Quotidien n°1841, page 10, du vendredi 27 février 2009, « université : exorciser les démons et ténèbres de ce temple de la lumière ». Je ne sais si ce monsieur est universitaire ou non, mais grand merci tout de même du souci qu’il garde pour cet « ex-temple » du savoir en passe de devenir un lieu de toutes les « perditions », où dit-il, se brisent rêves et ambitions des plus légitimes.

Alors quels sont les maux et quels remèdes ?

1. Effectifs pléthoriques de l’Ucad. Des solutions ont été proposées dont celle qui ne peut plus attendre, qui est, pour certains, la délocalisation d’une partie de la Faculté des Lettres et Sciences humaines qui est le grand réservoir, devenu trop plein. Qui ne peut plus rien contenir, d’où le refus, certes très légitime, mais peut-être « illégal », de réduire le nombre de ses étudiants... moi, j’aurais préféré, pour ma part, envisager une autre solution qui est ou la création d’une autre Faculté des Lettres dans la banlieue, entre, par exemple, Rufisque et Diamniadio, ou encore doter davantage les autres universités régionales d’étudiants venant des régions.

Cette mesure résoudra, aussi en partie, le problème du logement des étudiants. C’est impératif et c’est une urgence, mais qui ne peut se faire sans certaines conditions, dont un redéploiement des enseignants, l’accroissement de leur nombre, la revalorisation des carrières, etc., autant de facteurs dont, au préalable, il faudra discuter avec tous ceux qui sont concernés, si l’on ne veut pas encore arriver à des blocages ;

2. insuffisance du nombre d’enseignants. Cette question est liée et dépendante de la précédente. Il est évident que la massification des étudiants pose de sérieux problèmes, relativement à la qualité de l’enseignement dispensé, de l’encadrement..., ce qui explique en partie les nombreux échecs aux examens. Il est donc nécessaire de recruter un personnel enseignant conséquent, qui puisse faire face à cette situation qui perdure d’année en année. Il faudrait, par exemple, permettre aux enseignants qui le désirent de pouvoir enseigner jusqu’à 70 ans (ce qui est d’ailleurs le cas de certains collègues avec un contrat dérisoire) pour préserver la qualité, la pérennité des acquis, l’expérience et, ainsi, pour promouvoir davantage un encadrement de qualité au niveau des écoles doctorales, ce qui exige des professeurs de rang magistral...

Permettez une petite digression. Cette possibilité de rallonge de l’âge de la retraite, une des recommandations du dernier Congrès du Saes, le bureau national y travaille. L’Etat serait favorable pour une retraite des enseignants et chercheurs à 68 ans, mais avec, à partir de 65 ans, 3 contrats (un contrat par an renouvelable automatiquement). Et l’agent garderait l’intégralité de son salaire. Puisqu’il en est ainsi, que cet acquis du renouvellement du contrat et du salaire ne peut être remis en cause et qu’au fond rien ne change de la situation précédente, pourquoi alors établir des contrats et ne pas décider derechef une retraite à 68 ans, si l’on est d’accord pour 68 ans ? L’exception devrait plutôt être que ceux qui veulent partir à 65 ans le demandent et ceux qui veulent rester restent sans avoir a signer de contrat. Cela économiserait grandement les formalités, la paperasse et des décisions qui pourraient être arbitraires, et qui se feraient à la tête du client.

La question de la retraite, particulièrement de la pension qui est allouée, est d’une extrême importance, tellement dans l’état actuel cette pension dérisoire est ridicule pour des élites censées, dans tous les pays civilisés du monde, représenter une classe sociale digne de considération et de respect... La pension qui est actuellement versée contribue à la paupérisation de plus en plus grande des enseignants chercheurs à la retraite, si bien qu’ils doivent plutôt s’inquiéter peut-être aussi davantage de cela que de ces heures complémentaires et des sommes dues, sources de grèves cycliques à l’Ucad.

Par Ibrahima Sow

Chercheur à l’IFAN Ch. A. Diop - [email protected]



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