Déboires dans le pèlerinage 2008 : L’Etat Cherche une piste de sortie

Le Dc-10 affrété par Zam Zam ayant des difficultés à s’acquitter de sa mission, le gouvernement aurait approché Asi pour lui redonner le marché. Cette information confirmée de sources sûres, a toutefois été démentie par l’Anacs comme par la direction de Asi. Néanmoins, la réalité est que le Dc 10 de la Nas est une véritable épine au pied dont l’Etat voudrait se débarrasser au plus vite.

Le gouvernement du Sénégal semble chercher le moyen de se sortir du pétrin qu’est devenu l’organisation du pèlerinage de cette année vers La Mecque. Des informations obtenues hier de source très fiable, ont indiqué que les pouvoirs publics du Sénégal ont approché la direction de Air Sénégal international (Asi), pour lui remettre le marché des pèlerins à convoyer. Cela, au vu des ratés qui se multiplient avec l’avion affrété par la société Zam Zam, et qui a toutes les peines à décoller. Le dernier incident noté avant-hier, a été un début d’incendie de moteur, qui a immobilisé, sans doute définitivement, le Dc-10 de la National Air Services (Nas) et obligé de faire recours à un Aibus A 330, en provenance d’Espagne.

Néanmoins, il semblerait que le fameux «Plan B» évoqué par le ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, soit des plus provisoires, au vu des développements évoqués plus haut. Des sources internes à la compagnie Air Sénégal international et à l’Agence nationale de l’aviation civile du Sénégal (Anacs) ont affirmé que le directeur général de l’Anacs, M. Arona Cissé, a contacté tôt dans la matinée d’hier, le directeur général de Asi, Mohamed El Yaalaoui. But de cet entretien, remettre Asi sur la piste des opérateurs du pèlerinage, en lui donnant la charge des pèlerins restant et dont beaucoup se demandent s’ils verront La Mecque cette année. On se rappelle que la compagnie aérienne nationale a été écartée au profit du Tour opérateur Zam Zam, sous prétexte que ce dernier était moins disant.

Interpellés sur ce point, les deux personnages se sont réfugiés dans l’ignorance. Le directeur général de Asi a affirmé qu’aucun membre du gouvernement ne l’a contacté pour traiter de cette question. Cette double dénégation ne décourage pas certains de leurs collaborateurs respectifs pour autant. Aussi bien à Asi qu’à l’Anacs, des personnes bien placées ont confirmé ce contact entre les deux hommes.

Les contacts du journal Le Quotidien à Asi ont expliqué, avant la dénégation du directeur El Yaalaoui, qu’il était difficile, dans les circonstances actuelles, qu’Asi en vienne à suppléer la compagnie saoudienne Nas au pied levé, pour ainsi dire. On se rappelle que, jeudi dernier, l’Anacs a publié un communiqué pour annoncer la mise sur place d’un «aéronef de type Airbus A 330 en remplacement de l’avion qui devait effectuer, dans la nuit du mercredi au jeudi, le cinquième vol privé, à destination de la ville de Médine en Arabie Saoudite». Même si on a appris que l’appareil en question a pris son envol hier, avec quelques passagers, certains n’ont pas vu leurs inquiétudes dissipées pour autant. Rien dans le contrat ne garantit que l’Airbus A 330 effectuerait le restant des vols.

L’inquiétude sur ce point ajouté au fait que Arona Cissé a pris la responsabilité d’agréer le Dc-10 présenté par Zam Zam ont expliqué son empressement à passer le bébé à Asi. C’était sans doute, sans calculer avec les réalités d’une compagnie en pleine phase de redressement. Des cadres de la maison avouent : «La situation est déjà catastrophique et nous ne pouvons pas prendre le risque de poursuivre les vols, d’autant que les modalités d’application seront très compliquées.» Ces personnes rappellent que la compagnie avait dû s’endetter à perte pour louer des appareils en prévision du marché du pèlerinage, qui lui est passé sous le nez.

Vouloir reprendre le bébé à Zam Zam, signifierait pour Asi de trouver très rapidement un autre prêteur, sans compter d’autres avions gros porteurs disponibles et dans l’immédiat. Cela se ferait à des coûts que la compagnie ne peut être sûre de pouvoir supporter sans problème. Autant de raisons qui militent contre cette reprise, mais que les protagonistes, aussi bien le gouvernement que Asi, ne peuvent avouer publiquement. D’où les dénégations.

Il n’en reste pas moins que le refus de Asi pose des sérieux problèmes au gouvernement de Wade, dont certains ministres semblent s’être fortement engagés aux côtés de la compagnie saoudienne. Ils ont pour souci de trouver le moyen d’assurer aux pèlerins les conditions de réaliser leur pèlerinage dans une quiétude dont ils ont été privés à ce jour.