Une ville bloquée qui étouffe. Voilà qui caractérise bien le calvaire que vivent les populations de la capitale sénégalaise depuis maintenant plus de trois mois. Fermé dans l'essentiel de ses grandes avenues, sur l'autoroute et la Corniche, Dakar rassemble aujourd'hui tous les avatars d'une ville qui ne bouge plus… En attendant les travaux du Maître.
Comme un piège qui se referme sur vous à tous les instants, Dakar et ses environs n'offrent plus aux trois millions d'habitants qui vivent, un cadre de vie décent et plus sécurisé. Avec la chaleur qui s'installe progressivement, la ville n'a pas encore fini d'étouffer. Elle hurle de son manque d'oxygène. Simplement d'air frais. Il fait chaud. Très chaud même. Le plus mal étant que si les embouteillages sur la voie publique n’étaient remarqués qu’à des heures de pointe, on pourrait encore garder un brin de sourire. Mais, aujourd'hui, force est de constater que ces encombrements de véhicules sont devenus la règle. Tous les jours, il faut perdre trois à quatre heures pour rallier le centre ville à partir de la banlieue.
Le phénomène des embouteillages que les populations ne croyaient vivre qu’en période d’hivernage, s’est amplifié avec la fermeture de la Corniche Ouest pour cause de travaux de l’Onaci. Ainsi, toutes les principales voies d’accès de la capitale se trouvent démolies au même moment poussant du coup le peuple à supporter moralement, dans le temps et dans leurs chaires ces travaux. Dès lors, certains en perdent leur le sommeil et des kilogrammes. Pour eux, supporter ces embouteillages, ces encombrements nécessitent patience et discipline de la part des usagers de la route.
Ce qui n’est pas les cas chez certains passagers et chauffeurs. Chez eux, l'indiscipline est la norme. Comme des cavaliers de l'apocalypse, ils n’acceptent pas de suivre le long fil de véhicules qui les précèdent sur les voies. Ils empruntent des trottoirs et des issues secondaires. Le désordre indescriptible qui s'ensuit dépasse parfois même les braves agents de la circulation. Les nombreux accrochages notés entre voitures en est une des conséquences.
En ces moments où seuls les grondements de moteurs et de la fumée qui se dégage des voitures polluent l’environnement immédiat, tous les sujets de discussion sont les bienvenus dans les cars. Pour ce qui est des bus, souvent pleins à craquer en cette période de chaleur, plus la circulation est bouchée, plus les jambes (pour ceux qui sont debout) commencent à supporter le poids du corps. Tous les nerfs sont tendus. Cette colère partagée par presque tous les passagers en station debout s’exprime par des scènes de dispute. Ceux qui parviennent jusque-là parviennent à se maîtriser, livrent leurs constats et craintes.
« Actuellement, c’est très rare de voyager de la banlieue vers le centre ville sans assister ou faire les frais d’un accrochages ou d’un accident spectaculaire entre deux ou plusieurs cars. Et, paradoxalement, seuls les hommes sont à l’origine de ces spectacles engendrant des retards. Les femmes étudient et appliquent le code de la route. C’est pourquoi elles commettent exceptionnellement des accidents. Pourtant, elles roulent, tout en s’armant de patience dans la circulation, sur les mêmes tronçons que les hommes », a fait remarquer un conducteur de Dakar Dem Dikk.
Même constat pour ces autres personnes venues de la proche banlieue, qui affirment que, « S’il faut souffrir ainsi tous les jours pour regagner les lieux de travail, qu’en serait-il pendant l’hivernage ? Les chefs d’entreprises et même l’administration ne doivent pas être surpris des retards abusifs et répétitifs des certains de leurs agents habitant les départements de Pikine, Guédiawaye et Rufisque. Sinon, beaucoup de pères de familles se verraient licencier à cause de ces embouteillages qui les dépassent et qui leur sont imposés par les autorités à travers la construction et la rénovation de pont et de routes », s’est indigné un fonctionnaire.
0 Commentaires
Participer à la Discussion