Gordon Hempton est un chasseur de silence. Ce bioaccousticien américain recense les lieux qui sur la planète sont dénués de tous bruits issus de l'activité humaine. Selon Hempton, il n'en resterait plus qu'une cinquantaine dans le monde.
Nos oreilles seraient-elles trop habituées aux bruits pour cerner le silence ? Pour faire le test, il faut désormais s'en remettre à Gordon Hempton, bioacousticien américain. Depuis trente ans maintenant, ce dernier parcourt le monde pour cartographier les zones dénuées de pollutions sonores issues de l'activité humaine.
Il recherche des endroits où la biophonie, le son des êtres vivants, et la géophonie, le son des éléments naturels comme l'eau, sont intactes. Muni d'un sonomètre réglé sur la fréquence des ondes percevable par l'ouïe humaine, Gordon Hempton a recensé une petite cinquantaine d'endroits « vierges » : une dizaine en Afrique, douze en Amérique du Nord mais plus un seul en France.
Des semaines pour trouver le silence
« Dans les années 80, trouver du silence était beaucoup plus facile, même si trouver un lieu silencieux pendant au moins quinze minutes prenait déjà des semaines. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile : après une trentaine d’années de recherche, il n’y a qu’une douzaine de lieux aux États-Unis où l’on peut trouver un quart d’heure de silence d’affilée », constatait récemment le chercheur à la radio américaine NPR dont les propos sont rapportés par France TV info.
Aussi Gordon Hempton tire-t-il la sonnette d'alarme. « Les lieux où l’on peut bénéficier du silence sont aussi communs que ceux avec de l’eau ou de l’air pur, explique-t-il. Et pourtant, ils sont en voie de disparition et se sont éloignés de nous sans même que nous nous en rendions compte. »
Selon le planisphère établi par le chercheur américain, la France serait désormais privée de zone« silencieuse ». Ce que dément quelque peu Mylène Pardoen, docteur en musicologie interrogée par France TV Info. Cette dernière dit avoir trouvé un tel refuge dans la prison des femmes de la Conciergerie. « C’est typique de ce que j’appelle un puits de silence, indique la chercheuse.Ce n’est pas super silencieux comme à plusieurs milliers de mètres d’altitude, mais par rapport aux bruits de la ville, on se retrouve d’un seul coup dans un monde plongé dans un autre monde. Silencieux. »
Écoutez l'un des "silences" captés par Hempton
1 Commentaires
Anonyme
En Août, 2016 (17:58 PM)Participer à la Discussion