Au sens propre du terme, le mot «siru» veut dire le gros chat qui ne circule que la nuit. Et c’est pour faire allusion à cela que les chauffeurs de taxi qui ne roulent que la nuit sont appelés des «siru man». Leur activée démarre l’après-midi à 14h pour se terminer à minuit ou 1h du matin. Ces chauffeurs se disent victimes d’incompréhension.
Le métier de conducteur de véhicule est synonyme de grande fatigue. C’est pour avoir un moment répit que les chauffeurs titulaires confient leurs véhicules à d’autres appelés «siru man» qui prennent la relève. Ces derniers ne sont pas embauchés. Mais veulent être d’honnêtes gens «qui travaillent à la sueur de leur front», comme ils le disent eux-mêmes. C’est le cas d’Ibra Mbaye, un «siru man» âgé de 34 ans. Il exerce depuis 1 an ce métier. À l’en croire, c’est très dur. Ils sont confrontés à d’énormes difficultés qui ont pour nom : tracasseries policières, agressions et incompréhension de la population à leur endroit. «La ceinture de sécurité est une source d’insécurité pour nous, car des agresseurs les utilisent pour nous attacher et prendre nos voitures une fois leurs forfaits accomplis. Malheureusement, à chaque fois, on met tout sur le dos des «siru man», alors qu’ils n’ont rien à y voir», soutient notre interlocuteur. C’est pourquoi, nombre de «siru man» refusent d’attacher la ceinture de sécurité pour parer à toute éventualité. Et là encore, ils tombent sous le coup des tracasseries policières. Souvent, ils sont verbalisés par les policiers pour cette faute.
Un autre «siru man», parlant sous couvert de l’anonymat, estime : «Nous sommes victimes de l’incompréhension de la population qui met sur notre dos les agressions commises la nuit, alors que les «siru man» sont des personnes qui veulent gagner leur vie dignement.»
Autre difficulté constatée par Ibra Mbaye, c’est la baisse de leurs revenus. «Du fait des coupures d’électricité, nous gagnons moins que ce que nous avions l’habitude d’avoir. Les gens ne sortent quand il y a coupure par peur d’être agressés», dit-il. Mises à part ces difficultés, les chauffeurs ne se plaignent pas. Selon M. Mbaye, il arrive, par moments, qu’il rentre avec plus de 10 000 FCfa. Il révèle que les «siru man» entretiennent de bons rapports avec les chauffeurs titulaires. Une bonne entente et une vraie solidarité règnent dans leur milieu. Le métier est tellement lucratif que Ibra Mbaye pense que certains chauffeurs préfèrent rester «siru man» plutôt que d’être embauchés. «C’est bien mieux par rapport à certaines conditions d’embauche qui sont parfois insupportables pour le chauffeur», dit-il. Mais, malgré toutes les difficultés, les «siru man» disent gagner dignement leur vie sans tendre la main à qui que ce soit.
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