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Darou salam II : La hantise du relogement

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Darou salam II : La hantise du relogement

Les maisons abandonnées ne se comptent plus dans les rues et les ruelles de Darou Salam II, un sous-quartier de Guinaw-rails. Des milliers d’habitants sous les eaux sont dans l’embarras : partir ou rester.

Une rangée de tables s’étire sur le rebord de la route. Les vendeuses sont assises sous les parasols, au marché Thiaroye. Les rayons de soleil brûlent Guinaw-rails, ce jeudi 8 juillet 2010, à 10 heures. Des tuyaux longent le trottoir boueux. Les racoles ne sont pas débranchées depuis l’hivernage de 2009. Les opérations de pompage n’ont pas connu de répit. Elles ont diminué d’intensité. Darou Salam II est bâti sur un site inhabitable.

Le commerçant, Mbaye Houlèye, est sorti de la boue, depuis plusieurs mois. Il évalue à 3 millions de francs Cfa les pertes causées par les inondations. « Il me serait très difficile de quitter ce quartier, parce que mon magasin est placé sur une route très fréquentée, non loin du marché. Si je pars à Keur Massar, je perdrai toute ma clientèle », objecte-t-il. « Vous pouvez venir visiter l’intérieur de ma maison », nous invite-il. L’humidité a décapé la peinture de sa maison.

Mbaye Houlèye consacre, chaque année, un budget pour des adjonctions et des remblayages. Ce commerçant toucouleur préfère s’acquitter de ces charges plutôt que de quitter. Juste, derrière son magasin, les anciens voisins ont jeté l’éponge dans leur lutte contre les inondations. Les typhas flottent dans l’eau entre les murs.

« Mes anciens voisins sont partis louer, actuellement, à Keur Massar et aux Parcelles assainies. Ils ne pouvaient rien faire, sinon partir », confesse un homme, d’une soixantaine d’années, grillant une cigarette sur le seuil de sa porte.

L’eau noire couvre les allées séparant les maisons à Darou Salam II. Des pneus sont superposés. Un peu plus loin, un tas de sable est dans un coin de la famille Ndiaye. Pape Ndiaye et ses frères sont sur le qui-vive. « Nous préférons rester, plutôt que d’aller vivre dans une tente. Raison pour laquelle, nous avons entrepris des travaux pour limiter les éventuels dégâts. Si c’est pour vivre dans des maisons, beaucoup de personnes accepteront de déménager. Par contre, si c’est pour habiter dans des tentes, je ne pense pas qu’il y aura des personnes qui l’accepteront », confie Pape Ndiaye, impliqué dans les opérations de lutte contre les inondations à Guinaw-rails.

Partir, une obligation pour certains

Au fur et à mesure que l’on fonce à Darou Salam II, les maisons inhabitables défilent. Le quartier a enregistré un flux de départs continus. Depuis 2005, 5 maisons sont inhabitables, juste derrière la Boulangerie Khadimou Rassoul. Elles sont peuplées par des herbes. Les bouteilles, les sachets en plastique surnagent dans l’eau verdâtre. Le coin s’est dépeuplé. Après, les maisons inhabitables, nous sommes dans la cour de Mme Awa Sarr. La nappe phréatique affleure dans les chambres et dans la cuisine. Cette femme de teint clair et ses enfants vivent avec les eaux depuis plus de trois ans. « Je suis prête à déménager, si je trouve un meilleur cadre de vie. Je ne peux plus continuer à vivre dans l’eau. En 2005, j’ai passé des mois à Keur Massar. Je suis revenue, à cause de mes enfants. Actuellement, je n’en peux plus », confesse Awa Sarr.

Les contraintes affectives

Son voisin, Mamadou Fall, assis sur une chaise, dans un couloir, ne veut pas qu’on lui parle de relogement. Il propose d’autres solutions, comme la restructuration, la construction de canalisations. Mamadou Fall regarde Mame Thierno Birame Ndiaye extraire du sable noir pour le remblayage. Mame Thierno Birame Ndiaye perle de sueur. Il s’adonne avec entrain à ce travail. Mame Thierno Birame Ndiaye tient à son Darou Salam II.

« Je ne peux pas abandonner Darou, parce que j’y ai des connaissances, j’ai des amis. Toute ma famille est ici. Nous sommes en train de refaire la cour pour limiter la remontée de la nappe », répond-il.Marcel Mendy, son voisin, présente une argumentation beaucoup plus objective. « Les inondations ont déjà contraint plusieurs familles à partir. D’autres seront obligées de quitter, parce qu’elles vivent en permanence dans les eaux. Dans ces conditions, je pense que les personnes ont intérêt à déménager et à aller loger dans les tentes », soutient-il. Il partage, aussi, la proposition de Mamadou Fall. Marcel Mendy a dénombré 8 maisons abandonnées.



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