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DECHARGE DE MBEBEUSS : La banlieue dakaroise sous la menace d'une bombe écologique

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DECHARGE DE MBEBEUSS : La banlieue dakaroise sous la menace d'une bombe écologique

Depuis quelque temps, c'est la croix et la bannière chez les nombreux camionneurs qui viennent décharger les ordures à la décharge de Mbebeuss. Le volume d'ordure dans cette décharge est devenu impressionnant, et empêche ces camionneurs d'y accéder pour décharger les ordures collectées un peu partout dans la région de Dakar. Cette situation dangereuse n'empêche guère les récupérateurs d'objets et autres « boudioumanes » de s'activer dans ces montagnes d'ordures. Reportage.

10 heures du matin. Nous sommes à l'entrée de la décharge de Mbebeuss. Les camions remplis d'ordures font la queue pour d'abord s'acquitter des formalités de décharge. Un seul agent forestier, carnet à la main, livre des bons de décharge aux apprentis chauffeurs des camions d'ordures. Devant lui, le pont bascule est en panne depuis des semaines, et seul le nombre de camions est noté. Les chauffeurs, les commerçants et les mécaniciens, chacun vaque à ses occupations. Un tour dans la décharge nous a permis de constater la situation dans cette décharge. D'abord, il était difficile d'accéder à l'intérieur, du fait du nombre impressionnant de camions qui font une seule file à travers un chemin très étroit, du fait des ordures. L'odeur nauséabonde, mélangée à l'eau pluviale, nous asphyxie les narines. Et les complaintes démarrent, avec le chauffeur qui a accepté de nous conduire à l'intérieur de la décharge. Selon lui, ces derniers temps Mbebeuss est devenu infernal du fait de l'absence d'un chemin pouvant les conduire à l'intérieur. « Nous sommes obligé de faire cette file et de rouler à deux à l'heure, avec cette situation », nous explique notre conducteur. Cette situation est due, selon lui, à l'augmentation des ordures en cette période hivernale, avec des opérations de toutes sortes dans les différentes localités. Sur le chemin, un engin tente de dégager une deuxième voie pour les camions qui ont déjà déchargé. Après presque une demi-heure d'attente, nous sommes arrivés enfin sur le site où il faut décharger. Sur les lieux, des engins font le remblai des ordures après chaque décharge d'un camion. Là-bas, l'odeur est étouffante, et il est difficile de respirer sans masque pour les nouveaux venus, contrairement aux « boudioumanes », qui n'ont aucun type de protection. Ces derniers, d'après certains parmi eux, se frottent les mains du fait de l'augmentation de la quantité d'ordure ces derniers temps. Ces récupérateurs d'objets nous informent que cette situation n'est pas constatée à tout moment, mais d'habitude, en période hivernale, les quantités d'ordures deviennent de plus en plus importantes. Ces montagnes d'ordures n'empêchent pas ces récupérateurs d'objets de s'activer. M. Guèye, un des anciens Boudioumane de Mbebeuss, nous informe qu'il est dans le milieu depuis plus de vingt ans. Son boulot à lui, c'est de récupérer les objets en bois qu'il revend aux « baol baol ». Interrogé sur les risques concernant sa santé, le vieux Guèye soutient qu'ils sont obligés de faire avec, parce qu'ils ne bénéficient d'aucune forme d'assistance de la part des autorités, qui sont au courant de leurs activités. « Nous sommes conscient des risques qui pèsent sur nous, mais c'est mieux de voler, ou de faire autre chose de contraire à la loi pour gagner sa vie », nous lance le doyen des « boudioumanes ». Dans ce lot de fouineurs d'objets, des femmes et des jeunes. Chez les nombreux jeunes, la réponse est la même, « il n'y a pas assez d'emplois dans notre pays, nous sommes obligés de gagner notre vie dans cette saleté ; c'est mieux que de voler ou de se lancer dans d'autres activités illicites ». Ces nombreux jeunes souhaiteraient être aidés dans leurs activités, surtout au niveau de la prise en charge médical. Les quelques populations des quartiers environnants de Mbebeuss, que nous avons interrogées, continuent de se désoler de cette situation. D'après certains, dans quelques années, pour ne pas dire quelques mois, il n'existera plus aucune place pour décharger ces ordures. « Nous avons lancé notre cri du cœur pendant des années, et les autorités  avaient annoncé la délocalisation de cette décharge, mais depuis rien n'est fait », soulignent-ils. Avec cette situation inquiétante, Mbebeuss  demeure encore une bombe écologique pour toutes les populations de la banlieue dakaroise.



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