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DECLARATION - En grève de la faim, les ex-travailleurs de la Sotrac sur le paiement de leurs indemnités : « Nous sommes déjà morts, ils ne reste plus qu’à nous enterrer »

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DECLARATION - En grève de la faim, les ex-travailleurs de la Sotrac sur le paiement de leurs indemnités : « Nous sommes déjà morts, ils ne reste plus qu’à nous enterrer »

Les ex-travailleurs de la Sotrac n’en peuvent plus d’être ignorés par les autorités du pays. Ils ont entamé, depuis plus de cinq jours, une grève de la faim afin de se faire entendre. Ils réclament le paiement de leurs droits à l’Etat.

Un vent frais englobe Dakar, la poussière âcre titille les yeux des passants qui empruntent les allées sablonneuses du terminus de Liberté 5, lieux de stationnement des bus de Dakar Dem Dikk (3D). En cette matinée, le terminus a retrouvé son animation habituelle, les vrombissements des moteurs des bus, les cris des passages, les élèves qui se lancent des quolibets en attendant l’arrivée du bus pour aller à l’école, rompent d’avec le climat morose qui règne à quelques encablures de là. En effet, tout près, dans une petite mosquée construite par les ex-travailleurs de la Société de transport du Cap-Vert (Sotrac), au temps des vaches grasses de l’entreprise, qui a par la suite sombré dans un marasme économique pour disparaître et laisser la place à 3D, des hommes luttent contre la mort.

Dans cette mosquée, les génuflexions quotidiennes des travailleurs pour rendre grâce à Dieu ont cédé la place à une vingtaine de corps maigrichons, couchés, attendant que la mort les emporte comme elle l’a fait avec leurs camarades. A défaut d’être des fous errants dans les rues, victimes de la déchéance humaine.

Dans cette mosquée, ultime refuge des pères de familles désespérés, les yeux hagards, le ventre meurtri, tenaillé par une faim insoutenable, les ex-travailleurs de la défunte Sotrac s’agrippent comme un naufragé à une bouée de sauvetage, dans l’espoir que les autorités de la République vont leur payer leurs indemnités, après plus de vingt ans de dur labeur. L’évacuation des deux grévistes de la faim, Serigne Amadou Bâ et Serigne Maka Dioukhane au Samu municipal n’a pas semblé amoindrir leur ardeur. Bien au contraire, ils se sont cotisés, ont payé les frais médicaux et ont remplacé les deux évacués par d’autres camarades, qui se tiennent assis, devant la porte fermée à clé.

La foi en bandoulière, les ex-travailleurs de la Sotrac, restent persuadés, à l’image de leur porte-parole, Babacar Ndir, que quelles que soient les turpitudes de la vie, «la vérité va finir par éclater». Cette vérité implacable consiste pour les travailleurs à dire : «Nous avons travaillé pendant des années et le gouvernement du Président Abdoulaye Wade, qui a créé Dakar Dem Dikk à la place de la Sotrac, nous doit des millions et refuse de nous les payer.» Mais, tonne Babacar Ndir : «Nous allons, d’une manière ou d’une autre, recevoir notre argent. Car, il nous appartient.»

La grève de la faim, est alors, pour les ex-travailleurs de la Sotrac, «le seul moyen de se faire entendre» des «autorités de la République qui préfèrent (les) laisser mourir petit à petit que de (leur) payer notre argent». Mais qu’à cela ne tienne, ils disent préférer «mourir dans la dignité et le courage que de rester les bras croisés sans bouger».

Le plus regrettable, tonne l’un des porte-parole de ces ex-travailleurs, Babacar Ndir, c’est de voir des «camarades à (eux) mourir petit à petit sans qu’aucun membre du gouvernement ne vienne s’enquérir de (leur) situation».

«Sur 2 369 agents, 487 sont déjà morts, 67 ex-agents devenus des fous errants dans les rues de Dakar. Certains vivent dans des maisons inachevées qu’on leur a prêtées», informe M. Ndir. La misère est le seul dénominateur commun de ces ex-agents de la Sotrac. Babacar Ndir explique : «le dernier recensement que nous avons effectué renseigne que sur 2 369 agents, nous avons perdu plus de 487 camarades». A côté de ces morts, le vieux travailleur, qui a bouclé ses 62 ans, annonce qu’«il y a 67 ex-agents qui sont devenus des fous errants dans les rues de Dakar».

Pis, certains ex-travailleurs sont dans un état d’extrême pauvreté tel que, se désole le vieux Ndir, on leur a «prêté des maisons non achevées pour mettre à l’abri leurs enfants». Ainsi, ces derniers, tels des nomades, changent de domiciles à chaque fois que leurs abris sont repris par les véritables propriétaires. Les enfants, ajoute le vieux, «n’arrivent plus à étudier correctement et la plupart sont dans la rue». Beaucoup de «ménages sont brisés», renchérit le vieux Babacar Ndir, plongeant leurs camarades dans un «total désarroi».

Les ex-travailleurs de la défunte Sotrac ont dénoncé vivement le manque de considération des autorités et regrettent la disparition du député Abdoul Latif Guèye, qui était «le seul à avoir entrepris des démarches louables pour (eux)». La volonté affichée par le ministre du Travail, Innocence Ntap Ndiaye, pour décanter leur situation «n’est pas, à leur yeux, suffisante», c’est pourquoi, ils exigent de «rencontrer le président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui est le seul capable de régler notre problème».

 



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