La décision gouvernementale de déguerpir les mendiants des différentes artères de la capitale alimente les débats et suscite une kyrielle d’interprétations . D’aucuns parlent, en fait, d’une décision dictée par les bailleurs de fond , d’une volonté de sauver le tourisme, d’une ruse tendant à reléguer au second plan le brûlant débat sur la candidature de Wade aux présidentielles de 2012 . D’autres soutiennent l’idée d’une marginalisation accrue des mendiants, de la violation de leur droit sacré , d’une volonté étatique de combattre les maîtres coraniques, de la nécessité de sonner le glas de l’anarchie qui sévit au niveau de cette pratique sociale et religieuse . Mais au - delà des interprétations, des passions, force est de reconnaître que la mendicité est devenue maintenant surtout à Dakar l’apanage de certains individus, partisans de moindre effort qui , physiquement, ne présentent aucun signe de pauvreté.
Il existe également des enfants mendiants, à coté des élèves coraniques, qui attaquent et traquent les passants jusqu'à leurs derniers retranchements pour leur soutirer une petite pièce . Le comble de ce drame, c’est que ces enfants ne sont pas à l’abri des menaces accidentelles. D’aucuns disent que la plupart d’entre eux ne sont pas des sénégalais . Il existe à Dakar également de jeunes filles qui cèdent à la mendicité et qui trouvent le plus souvent comme prétexte le souhait de s’assurer un billet de transport. C’est dire que la pauvreté est sans doute l’un des principaux mobiles de la mendicité. Mais toujours est-il que le manque de dignité et d’initiative, le comportement démissionnaire
de certains parents peuvent aussi expliquer la mendicité . Mais, il va sans dire que l’Etat, dans sa croisade contre ce phénomène, doit trouver de véritables mesures d’accompagnement, mais non pas , se contenter du simple fait de parquer les mendiants dans les lieux de culte . Pourquoi ne pas créer un fond de solidarité pour les démunis, des maisons d’assistance sociale des pauvres, lutter contre le grand fossé qui existe entre riches et pauvres ? De toute manière, l’Etat sénégalais a engagé une bataille qui est loin d’être un sinécure. Et cela nous rappelle « La Grève des battus » ( 1979 ) d’Aminata Sow Fall, une fiction et une réalité qui traduisaient la volonté des autorités de l’époque de déguerpir les mendiants afin de donner à la capitale une image reluisante et de favoriser le tourisme .
Mais, les mendiants s’étaient révoltés contre cette décision et avaient opéré une grève en habitant loin de la capitale ; comme une ironie du sort, de simples citoyens, des hommes politiques ambitieux les retrouvaient la- bas pour les besoins de sacrifices. On ne vient pas facilement à bout des pesanteurs sociaux , culturels et religieux comme la mendicité dont les véritables pratiquants n’ont aucun espoir .
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