En raison des chantiers de l’Anoci, la Corniche-ouest, vitrine immobilière a perdu son luxe hier après le passage des tracteurs. Ce qui laisse un goût amer chez les artisans qui menacent de se venger pendant les élections. En attendant, les menuisiers devront prendre leur mal en patience et attendre qu’on leur octroie un lieu où ils pourraient exercer leur métier.
Ainsi dit ainsi fait. C’est avant-hier qu’ils ont reçu pour un dernier avertissement-ordre de vider les lieux. Et dès le lendemain (hier) à la Corniche ouest, la douce mélodie des perceuses, des scies et le doux tintamarre des clous ont cédé au vrombissement sourd des catarpillars et des camions gros porteurs. Une musique inhabituelle que les sculpteurs n’ont jamais harmonisé à leur travail. Boule de colère, ils étaient là, les bras croisés, signe d’une impuissance à contempler avec amertume les tracteurs pulvériser les lieux qui leur servaient de vitrine d’exposition. Et l’on assiste à un véritable sauve-qui-peut. De l’autre côté de la chaussée étaient posés certains meubles de manière anarchique, alors que d’autres meubles sont disposés le long du canal 4 près de l’école Itecom.
Les ouvriers étaient à pied d’œuvre sous une bonne escorte policière. «Ce qui se passe sous nos yeux nous fait mal mais nous sommes impuissants, nous sommes surpris. Nous n’avons pas reçu de sommation et en plus nous n’avons pas où aller, d’ailleurs nos meubles sont de l’autre côté aux abords de la rue», fulmine Cheikh Tidiane Mboup responsable de Amac, une association qui regroupe les artisans de la corniche. «Et en plus les cantines qui nous sont proposées au niveau de la Corniche coûtent excessivement cher», se désole-t-il. «Je cherche de manière désespérée une maison car depuis hier mes meubles étaient sous la pluie et ils sont estimés à 80 millions de francs, c’est de l’art africain de l’Antiquité», nous apprend Tidiane Diallo.
Mor Niang quant à lui, n’arrive pas à cacher sa colère. D’un ton dur et d’une voix ferme, il lâche : «Nous sommes des jeunes et nous voulons travailler, mais ils veulent faire de nous des paresseux et des voleurs, ce que d’ailleurs je vais devenir en raflant tout sur mon passage», menace-t-il. Astou une exposante dans les lieux pense que «c’est l’Etat qui crée des malfaiteurs».
Cette face de la corniche en plus de constituer une vitrine pour les artisans est aussi un carrefour commercial où les occupants gagnent leurs vies. D’ailleurs, ils sont prompts à rappeler qu’ils ont vendu à maître Wade des meubles qu’ils ont eu à livrer chez lui au point E. Aujourd’hui, ils regrettent fort que celui-ci ne soit pas reconnaissant au point de les chasser de ces lieux. Toutefois, ils ne désespèrent pas de pouvoir lui retourner la pièce de sa monnaie lors des joutes électorales à venir. «Nous ne voulons plus de lui et nous l’attendrons au tournant», crie un groupe de jeunes menuisiers présents sur les lieux.
La seule solution qui leur est proposée est d’aller s’installer au Cices. Et là les avis sont partagés. Certains comme Cheikh Tidiane Mboup attendent l’avis du gouvernement, mais d’autres à l’image de Mor Niang pensent que le Cices ne saurait être un lieu où les artisans pourraient exercer avec quiétude leur travail. D’après son interprétation, ils pourraient encore connaître le même scénario au moment de la foire de Dakar. «Nous ne voulons pas du Cices au risque de nous faire partir comme c’est le cas maintenant au moment de la foire», insiste-t-il. Sidi Sagna sculpteur de bois, qui ajoute que ce lieu est déjà occupé et que le métier de sculpteur tout comme celui de menuiserie a besoin d’espace et de liberté, ce qui est incommode à la foire.
Par ailleurs, à en croire Sidi Sagna si la Corniche-ouest n’est pas épargnée des travaux de l’Anoci c’est parce qu’il y a la complicité du chef de chambre de métier, dont l’intervention pourrait être positif d’autant plus que c’est un lieu stratégique. «Mais il a refusé de se prononcer», se désole le sculpteur. Abondant dans le même sens, Ousmane Socé environnementaliste et dessinateur de son état dit avoir proposé au gouvernement une solution qu’il a même déposée dans le bureau du Premier ministre. La solution pour lui consiste à ériger un pont qui passerait derrière la Corniche-ouest et rejoindrait le musée. Seulement, il n’a pas eu d’échos favorables. Stagiaire
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