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Des chinois s’emparent d’une partie du cimetière : Yoff profané !

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Des chinois s’emparent d’une partie du cimetière : Yoff profané !

Le ciel de Dakar séduit, en cette matinée, par les cumulus. Un temps, apparemment, propice pour les albatros qui perturbent, par moments, le repos des âmes enterrées au cimetière de Yoff par leurs gazouillements. Au même moment, le vent de l’océan vient dépoussiérer les milliers de sépultures que compte cet endroit calme.

Devant la grande porte dudit cimetière, des mendiants assis à même le sol. Aux abords des lieux, des ateliers de mécaniciens et autres menuisiers assurent le décor. A côté de la mosquée érigée par Abdel Kader Bourgi -un richissime homme d’affaire libanais décédé, un grand site abritant le dépôt de Henan Chine, une entreprise chinoise qui a initié un vaste programme d’assainissement au niveau de la banlieue dakaroise et des régions -ils sont présentement à Touba. A l’intérieur, des ouvriers assis sur deux long bancs devisent allégrement. En attendant de se mettre au boulot.

Fers, tuyaux, fosses septiques, couvercles métalliques, sacs de ciments disposés par monts et par vaux. De là, on aperçoit les sépultures des enfants qui jouxtent le dépôt de l’entreprise chinoise. Cela, du fait de l’affaissement du mur de clôture qui les séparait. En lieu et place de ce mur de clôture, des barbelés installés par l’entreprise.

Mais, le dépôt des chinois dans le périmètre des cimetières intrigue et heurte, à la fois, certains riverains de la paisible Cité Djily Mbaye, située en face des lieux. Ces derniers ne voient pas, en effet, d’un bon œil la présence de ces Chinois «qui ne sont pas censés appréhender la sacralité des cimetières». Ce qui peut conduire, à leurs yeux, à la profanation des lieux.

C’est le sentiment de Lamine Diop, un des habitants de ladite cité trouvé dans son atelier de couture en compagnie de ses deux jeunes apprentis.

«DE SAINTS HOMMES SONT ENTERRES DANS CE CIMETIERE»

Installé devant sa machine à coudre, le centimètre autour du cou, vêtu d’un tee-shirt noir, cet homme d’une trentaine d’années apprécie : «Ce n’est pas décent de laisser des Chinois sur des lieux sacrés comme ces cimetières où sont enterrés de saints hommes. D’autant que nous ne partageons pas la même religion et la même culture.» Très regardant, il suggère : «Je pense qu’ils doivent être surveillés pour qu’ils ne profanent pas le lieu sacré.» Pour lui, les autorités devaient, plutôt, choisir un autre site, loin de ces cimetières. Malheureusement, constate-t-il, «les autorités, qui ont permis aux Chinois de s’installer sur les lieux, sont très cupides. Ils ne croient qu’à l’argent que leur donnent les Chinois».

Interpellé sur le sujet, un des ouvriers, visiblement gêné par notre présence, dédramatise. «Le dépôt ne gêne en rien le cimetière puisqu’on a même mis des barbelés pour séparer les deux sites», explique cet ouvrier qui précise, toutefois, que le «camp» sera levé, «dès que les chantiers seront achevés». Quand ? Aucun détail. Et, lorsqu’on demande à rencontrer les responsables de Henan Chine qui logent, d’ailleurs, en face de ce dépôt, l’ouvrier tente de se défiler en soutenant que ses patrons «sont allés à Guédiawaye». Ce qui est faux, puisque, quelques minutes après avoir pris congé des ouvriers, deux Chinois sortent de leur logement peint en blanc faisant, en même temps, «office de bureau», pour se rendre au dépôt. L’un détenait, par devers lui, une fiche. Ont-ils reçu une consigne de ne piper mot ? C’en a tout l’air. D’autant plus qu’il est quasi impossible de parler aux Chinois réputés «méfiants».

Du côté des responsables de cimetière de Yoff, on ne se sent pas concerné par cette affaire. Abdoul Aziz Seck, adjoint du régisseur Ibrahima Diassy, déclare : «J’avoue que je ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants de cette affaire, puisque, ce n’est pas nous qui avons autorisé ces Chinois à s’installer sur ce site. Il faut s’adresser, plutôt, à la Mairie de Dakar. C’est elle qui gère les cimetières», laisse entendre M. Diène qui avoue, par contre, n’être «aucunement gêné» par cette cohabitation. Cela, d’autant que «les Chinois ne remettent jamais les pieds dans ce dépôt ; ils se limitent seulement à l’entrée». Une déclaration en porte-à-faux avec les faits (voir ci-dessus).

Poursuivant dans sa logique, le régisseur-adjoint lâche : «De toutes les façons, nous n’auront pas besoin de sitôt de ce site. Certainement, il sera utilisé par nos petit-fils (Sic !)» Une certitude fort étonnante, au vu de ce qui reste de l’espace non occupé des cimetières.

LES MAIRIES DE DAKAR ET YOFF SE RENVOIENT LA BALLE

La Marie de Dakar, pour sa part, rejette toute responsabilité sur cette affaire. Seydina Oumar Touré, le directeur de cabinet du maire de Dakar Pape Diop, déclare : «J’ignore qui les (Chinois) a autorisés à s’installer sur ces sites. En tout cas, ce n’est pas la Mairie. Les services de la direction de l’Aménagement urbain me l’ont confirmé. Par contre, nous avons constaté, depuis quelque temps, que les autorités de la commune de Yoff délivre à tout-va des permis d’occuper. Ce qui n’est pas normal.»

D’ailleurs, M. Touré annonce qu’une mise en demeure a été servie à Henan Chine, samedi dernier. «C’est effectif. Ils (les Chinois) vont partir. Nous allons la mettre en œuvre, dès cette semaine (Ndlr : Il s’exprimait ainsi dimanche dernier).» Ce qui n’est pas le cas après constat. Car, le dépôt de Henan Chine demeure encore. Du côté des autorités de la Marie de Yoff, on renvoie la balle à la Mairie de Dakar. Joint au téléphone, le directeur de Cabinet du maire de Yoff, Mamadou Diop, affirme : «Nous ne pouvons pas leur (Chinois) délivrer une autorisation, puisque le cimetière (de Yoff) dépende de la ville de Dakar depuis la dissolution de la Communauté urbaine des Dakar.» «Ils (les Chinois) ne nous ont pas contactés», ajoute M. Dieng, qui qualifie les accusations du directeur de Cabinet du maire de Dakar, Pape Diop de «politiciennes».

Sur la sommation interpellative, M. Dieng dit ne pas avoir reçu une quelconque notification venant de la ville de Dakar. Puisqu’«il n’y a aucun lien de dépendance» entre les deux collectivités locales.  



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