Mme Viviane Wade est très remontée contre une partie du personnel de santé. Surtout ceux qui s’amusent à faire payer le test aux personnes venues se faire dépister, alors qu’il est gratuit sur toute l’étendue du territoire national. Rapportant une discussion qu’elle a eue, lors d’une visite dans une région du Sénégal, l’épouse du chef de l’Etat a déclaré être tombée des nues lorsqu’une personne lui a confié qu’on leur faisait payer 7 000 F pour le test de dépistage du sida. Une situation ‘insoutenable’ qu’elle a tenu à dénoncer hier, lors de la cérémonie de lancement de la semaine nationale Femme/Sida tenue au Théâtre Daniel Sorano. Devant les ministres de la Santé et de la Famille, devant le Conseil national de lutte contre le Sida et devant la représentante du Bureau régional de l’Onusida à Dakar, la première dame du Sénégal, qui dit évoquer pour la première fois cette histoire, s’est déchargée sur les prestataires de service. ‘La situation est devenue très grave et je ne peux cacher ce qui se passe dans ce pays’, gronde Viviane Wade, invitant les différents acteurs de la réponse au Vih à reparler du test.
Faire en sorte que le virus du Sida n’ait plus un visage féminin. Telle est la croisade que comptent mener les femmes à l’occasion de la semaine Femme/Sida lancée hier et qui se déroulera du 15 au 21 juillet. Le thème choisi pour cette semaine est : ‘Réduction de la vulnérabilité des femmes au Vih : un impératif économique et social’. Un thème qui vient à son heure, car l’épidémie du Sida se féminise de plus en plus.
Il y a vingt ans, la prévalence au Vih révélait qu’au Sénégal, quatre hommes sont infectés contre une femme. Aujourd’hui, la vapeur s’est totalement inversée avec deux femmes infectées contre un homme. ‘Cette féminisation de l’épidémie du Sida inquiète les autorités du pays’, souligne Viviane Wade qui invite tous les acteurs de la réponse au Vih à faire l’inventaire des causes à l’origine de cette féminisation de l’épidémie. Parmi ces causes, on peut citer les abus sexuels contre les femmes, les mutilations génitales, la prostitution clandestine et officielle, la précocité des relations sexuelles chez les jeunes filles, la pauvreté…
Dans la réponse contre le Vih, Viviane Wade a invité d’autres départements ministériels, notamment le ministère du Commerce et les deux ministères de l’Education, à accompagner le ministère de la Santé dans sa croisade contre le virus du Sida. Pour sa part, le ministre de la Famille, Ndèye Khady Diop, a invité ses camarades à donner un carton rouge au virus. ‘Dehors Sida’, répéte-t-elle en chœur avec l’assistance. Elle a également fait un plaidoyer à l’endroit des parlementaires pour que le Sénégal puisse disposer d’une loi sur le Vih.
L’épidémie du sida est un fléau mondial. Chaque jour, six mille jeunes sont infectés par le virus à travers le monde. Dans ce lot, les deux tiers sont des jeunes filles, révèle la représentante du Bureau régional de l’Onusida à Dakar. Depuis le début de l’épidémie, le sida a fait 30 millions de morts dans le monde. Aujourd’hui, 33 millions de personnes sont infectées dans le monde et seules 30 % sont traitées. D’ici l’horizon 2015, le coût de la réponse tourne autour de 50 milliards de dollars, selon l’Onusida. L’Afrique paye le plus lourd tribut de cette pandémie. Selon l’Onusida, on estime à 67 % les personnes séropositives qui vivent en Afrique subsaharienne, soit 22 millions. En 2007, dans cette région, 1,5 million de personnes sont mortes du sida.
A l’échelle mondiale, les femmes représentent la moitié de toutes les infections à Vih. Ce pourcentage reste stable depuis plusieurs années. On estime que 370 000 enfants (de moins de 15 ans) ont été infectés par le Vih en 2007. Le nombre total d’enfants vivant avec le Vih est passé de 1,6 million en 2001 à 2 millions en 2007. Près de 90 % d’entre eux vivent en Afrique subsaharienne.
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