Deuxième session des assises de Dakar : Meurtre, infanticide, trafic de drogue, agression et vols aggravés au menu

Dakar démarre, ce lundi, sa deuxième session de Cour d’assises, pour l’année judiciaire 2009-2010. Le menu de cette session porte sur onze affaires pour lesquelles vingt et un accusés défileront au prétoire. Ces crimes vont du meurtre à l'infanticide, en passant par le vol aggravé, l’association de malfaiteurs ainsi que les cas de cambriolage, d'agression, de braquage et d'attentat à la pudeur. Particularité de cette session : la relative jeunesse des accusés, le niveau scolaire très bas ainsi que leur ancrage dans le milieu de la délinquance. En sus, la vie menée par ces derniers est surtout marquée par des actes déviants, comme l'évolution en bande, la fréquentation des bars et des dancings. La plupart d'entre eux sont des multirécidivistes, avec un lourd passé carcéral.

QUATRE CAS DE MEURTRE INSCRITS AU ROLE : Le crime de sang le plus récurrent aux assises

Le meurtre constitue le crime de sang le plus fréquent aux assises. Ainsi, il ne se passe pas une session sans que des cas de ce crime ne soient inscrits au rôle. Pour cette deuxième session de l’année judiciaire 2009-2010, quatre affaires de ce genre figurent au rôle.

L'accusé Abdoulaye Bâ (27 ans, domicilié à Grand-Yoff) ouvrira le bal, au terme de sept années de détention préventive. Il est poursuivi pour avoir mortellement poignardé le nommé Maguette Wade à l'aide de couteau, lors d'une bagarre les ayant opposés. Les pandores de la gendarmerie de Thiaroye ont trouvé, à l’époque, la victime couchée à plat ventre, baignant dans une marre de sang et qui respirait encore. Elle présentait quatre blessures occasionnées par un couteau. L'un au niveau du côté droit sous l'aisselle, un coup au bas ventre et un autre sur la cuisse droite. La victime a succombé avant son évacuation.

Moussa Sonko sera jugé au deuxième jour des assises, après sept ans de détention provisoire. Il est poursuivi pour le meurtre du sieur Jean Marie Preira, perpétré le 1er mars 2002. C'est à la suite d'une bagarre que l'accusé a administré trois coups de couteau qui n’ont laissé aucune chance de survie au défunt. Devant les enquêteurs, Moussa Sonko a reconnu son crime qu’il a justifié par l'effet de l'alcool.

Au neuvième jour, le sieur Mamadou Ndiaye, 28 ans, domicilié au quartier Sam-Sam 2 de Thiaroye, sera à la barre, pour avoir porté un coup mortel au nommé Pape Sidy Ndome, le 22 décembre 2002.

Le dernier cas de meurtre inscrit au rôle concerne le quinquagénaire Lamine Dione (52 ans, habitant à Ngor). Le corps sans vie de la victime Bassirou Khoulé a été retrouvé par les gendarmes, au bord de la plage de Ngor, plus précisément à l'endroit dit ‘Petit Ngor’. C’était le 6 février 2003. L'enquête menée sur place a indiqué que l'auteur présumé de ce drame n’est personne d’autre que le sieur Lamine Dione. Ce dernier a été accablé par le témoignage du frère du défunt, Mbacké Khoulé, qui estime que la victime a été tuée dans le quartier, avant d'être traînée au bord de la plage, pour effacer toute trace du crime. Sur les causes de la bagarre, il expliquera que le soir du drame, son frère a surpris sa femme dans la chambre de Lamine Dione. C'est ce qui explique, selon lui, la bagarre qui a coûté la vie à son frère. L'accusé Lamine Dione a été placé sous mandat de dépôt depuis le 28 février 2003. Il sera jugé le mardi 20 avril prochain.

POUR UN CAMBRIOLAGE PERPETRE LE 27 FEVRIER 2001 : Djibril Fall boucle 9 ans de détention préventive !

C'est au terme de neuf années de détention préventive que le quadragénaire Djibril Fall fera face au juge, le mercredi 21 avril. Il est poursuivi pour vols aggravés et attentat à la pudeur. Il ressort de l'arrêt de mise en accusation des faits de cambriolage, perpétrés le 21 février 2001. C’est à cette date précise que le sieur Djibril Fall s'est introduit dans un domicile à l'unité 9 des Parcelles assainies et a ligoté deux dames, lesquelles ont appelé au secours les voisins qui ont informé la police. La maîtresse de maison Hélène Dieng explique que le mis en cause s'est introduit dans sa douche et l'a ligotée et bâillonnée, avant de tenter de la violer. N'y étant pas parvenu, il s'est emparé de sa boîte à bijoux et sera interpellé par les voisins, alertés par la bonne, au moment où il tentait de prendre la poudre d’escampette. L'employé de maison Awa Dieng a aussi subi les assauts de Djibril Fall. Cette dernière a été trouvée dans le salon et son bourreau lui a pointé un couteau sur sa gorge. Avant de la ligoter à une chaise pour ensuite regagner la chambre à coucher de la patronne. Relativement à l'attentat à la pudeur, l'accusé est allé jusqu'à forcer sa victime à l'embrasser. Il a même tenté d'enlever son short, d’après l’arrêt de mise en accusation. Ce mode opératoire utilisé a milité en faveur de sa traduction devant la Cour d'assises pour être fixé sur son sort.

DETENUES DEPUIS PLUS DE TROIS ANS : Néné Sané et Aïda Diouf comparaissent pour infanticide

Toutes les deux accusées seront jugées, séparément, le vendredi 16 avril. Elles sont poursuivies par le parquet général de Dakar, pour le crime d’infanticide.

Néné Sané (27 ans, domiciliée à la Cité Millionnaire à Grand-Yoff), placée sous mandat de dépôt depuis le 28 mars 2006, est poursuivie pour infanticide et infraction aux lois sur les inhumations. Le 31 mars 2006, son cousin Mamadou Lamine Sagna l'a conduite au poste de police de Grand-Yoff du fait qu'il la soupçonnait d'avoir donné la mort à son nouveau-né. Ce dernier l'a accablé par ses témoignages : ‘Malgré une grossesse assez visible, elle a persisté à nier son état jusqu'à la veille. Après s'être plainte de dents, elle a quitté tôt le domicile familial en prétendant se rendre en consultation. Pas du tout convaincu de ses déclarations, j'ai fait le tour des structures sanitaires des environs et cela m’a permis de découvrir qu'elle a accouché, le même jour, au centre de santé Nabil Choukair. Au début de la soirée, nous avons eu la surprise de la voir revenir à la maison, sans son nouveau-né’.

Face aux limiers, l'accusée a reconnu avoir accouché d'un bébé de sexe masculin bien portant qu'elle a malencontreusement étouffé pour l'avoir enveloppé dans un pagne lourd. Après avoir constaté le décès, elle affirme avoir enterré le corps près du stade Léopold Sédar Senghor, pour ensuite rentrer chez elle.

Quant à la nommée Aïda Diouf, en détention préventive depuis le 9 janvier 2007, c'est le boutiquier du quartier, un certain Waly Ndiaye, qui l'a conduite au commissariat des Parcelles assainies. Ce dernier a surpris la mise en cause en train de creuser un trou dans un terrain, avec, en sa possession, un sachet contenant le cadavre d'un nouveau-né, enveloppé dans un morceau de tissu. A la police, la dame soutient être tombée enceinte des œuvres d'un homme marié qui, mis au courant de la grossesse, a catégoriquement refusé d'endosser la paternité. Voici comment elle s'est débarrassée de son nouveau-né de sexe masculin d’après ses confidences contenues de l’arrêt de mise en accusation : ‘J'ai tenté d'avorter sans succès. A sa naissance, j'ai fermé le nez et la bouche jusqu'à ce que mort s'en suive. Par la suite, je me suis rendue au terrain vague pour l'enterrer’.

CAMBRIOLAGE, BRAQUAGE, AGRESSION, VOLS AGGRAVES… : La bande à Mame Ngor écumait Grand-Yoff, Liberté 5, Scat-Urbam, Usine Bène Tally, Parcelles assainies et Yarakh

C’est la dernière affaire inscrite au rôle de cette deuxième session. La bande à Gora Bâ ‘Mame Ngor’, âgé seulement de 25 ans au moment des faits, écumait les quartiers de Grand-Yoff, Liberté 5, Scat-Urbam, Usine Bène Tally, Parcelles assainies, Yarakh, entre autres. Les membres du groupe sont spécialisés dans le cambriolage, l’agression en série, le braquage et les vols aggravés.

C’est ainsi que le 20 mars 2003, le nommé Serigne Bamba Ndiaye (30 ans) s'est présenté, accompagné de son père, à la Division des investigations criminelles (Dic) pour dénoncer des faits de vols avec violences, commis par une bande de personnes dont il fait partie. Il déclare ainsi que c’est dans le souci de se repentir qu'il a préféré porter ces faits à la connaissance de la police judiciaire. Sa coopération a permis de démasquer les autres membres du groupe qui seront arrêtés. Ces présumés malfaiteurs menaient des activités criminelles depuis novembre 2002. L'essentiel des vols portait sur des mobylettes et des scooters. Ils ont eu à opérer dans un magasin de tailleur, puis à la station Shell de Liberté 5 et ensuite, sous le pont de Yarakh. Dans ces mêmes circonstances, un braquage a été perpétré dans une boutique Select de la station d’essence de Liberté 5.

Les policiers enquêteurs ont effectué des vérifications dans les différents commissariats des ressorts où les actes ont été perpétrés. Les mentions relevées à la commission des faits ont été retrouvées et les différentes victimes identifiées : Pape Hugo Seck a été assailli par les malfrats qui l'ont dépossédé de son scooter, de la somme de 350 mille francs Cfa, ainsi que du matériel informatique d'une valeur de 130 mille francs Cfa. Le sieur Eric Corréa a été attaqué par ces accusés qui circulaient, ce jour-là, à bord d'un Jepp Cherokee de couleur noire. Ils l’ont délesté de ses vêtements, de ses chaussures de marque Timberland, de sa bague en or et de sa chaîne en argent. Quant à la dame Coura Soumaré qui tenait compagnie à ce dernier, elle s'est vue délester de ses chaussures de marque Adidas.

Les autres membres du groupe sont les nommés Malang Faty, Seny Mbengue, Jean Mendy, Amadou Diol et Amadou Wane dit Toucou. Le dernier nommé a bénéficié d'une liberté provisoire depuis le 12 juin 2008. Les autres sont en détention préventive depuis 2003. Poursuivis par le ministère public pour vols en réunion commis la nuit avec usage d'armes et de véhicules, ils seront jugés le vendredi 23 avril 2010.

AGRESSION DU CHAUFFEUR GORA SECK, LE 14 JUIN 2003 : Pacha et Cie jugés, après 7 ans de détention préventive

Ousmane Diop dit Pacha (31 ans) est le cerveau d'une bande composée des sieurs Emmanuel Gomis et Mamadou Lamine Seck. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, vols aggravés sur les chemins publics et détention d'armes sans autorisation administrative. La bande était spécialisée dans des agressions en série sur l'avenue Bourguiba. C'est ainsi que le 14 juin 2003, le chauffeur de taxi Gora Seck s'est présenté à la police de Dieuppeul avec une plainte pour agression suivie de vol, alors qu'il se trouvait à la station Total sise au carrefour de Castor. C’est à cet instant que quatre individus ont sollicité ses services pour qu’il les transporte aux Parcelles assainies. En cours de route, l'un d'eux, assis sur le siège arrière du véhicule, l'a étranglé ; tandis qu'un autre membre de la bande, assis à côté de lui, sur le siège avant, a pointé un couteau sur lui en lui réclamant sa recette. A la suite de la résistance que le chauffeur Gora Seck a opposé à ses bourreaux, il a perdu le contrôle de sa voiture qui a persécuté un poteau électrique avant de s'immobiliser. Quant aux autres, ils ont réussi à prendre la fuite en emportant la recette du taximan, estimé à 20 mille francs Cfa. Ils ne lui ont laissé que le véhicule endommagé.

ASSOCIATION DE MALFAITEURS, TRAFIC DE DROGUE… : Gorgui Guèye et son acolyte à la barre

Les membres de ce groupe sont poursuivis pour vols aggravés, association de malfaiteurs, détention de drogue et détention d’armes sans autorisation administrative. Il s’agit du sieur Gorgui Guèye (38 ans, domicilié à la Médina) et de son acolyte El Hadji Demba Der, tous en détention préventive depuis le 21 septembre 2001à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss.

Dans la nuit du 13 au 14 septembre 2001, ils ont agressé des touristes de nationalité étrangère sur la Corniche Est. L’une répondant au nom d’Esther Palacio a été grièvement blessée et délestée de son sac qui contenait de l’argent, un téléphone portable, un chéquier et des documents divers. Les policiers ont trouvé par devers les assaillants 58 cornets de chanvre indien, le permis de conduire de la dame Palacio, un couteau et un poignard. En outre, l’entente survenue entre les accusés, le choix de profil des victimes (touristes européens), le lieu de guet ainsi que le mode opératoire, ont milité en faveur de leur comparution devant la juridiction d’exception qu’est la cour d’assises de Dakar où ils seront jugés le 19 avril prochain.

CAMBRIOLAGE DE CABANONS AU VILLAGE MINAM : Un quinquagénaire dirigeait l’opération criminelle

Cette affaire est celle qui avait fait l’objet de renvoi à une session ultérieure, durant l’année judiciaire 2008-2009, pour défaut d’avocats défenseurs. Les membres de ce groupe seront ainsi jugés durant cette présente session, plus précisément après-demain, mercredi 14 avril, au terme de quatre années de détention préventive. Abdoulaye Thioune (54 ans) et son co-détenu Samba Ndiaye comparaissent pour un cambriolage perpétré dans des cabanons situés en bordure de la plage du village de Minam, occupés alors par des citoyens américains. D’après les constatations des gendarmes, ils ont trouvé sur place le gardien des lieux blessé, des traces d’effraction et de sang sur les murs, des impacts de balles sur les portails, et deux individus nus ligotés et portant des blessures.