94 % des Sénégalais ne sont pas satisfaits du fonctionnement de la justice. C’est ce qui ressort d’une étude de la perception du fonctionnement de la justice, tenue hier à Dakar. L’Etat sénégalais compte davantage œuvrer pour le Programme sectoriel justice pour une justice conforme aux attentes des populations. L’étude a été commanditée par le Réseau africain pour le développement intégré (Radi).
La majeure partie de la population n’a pas confiance en la justice sénégalaise. C’est ce qui ressort d’un échantillon réalisé par un consultant et juriste de formation. Les zones d’intervention sont Dakar, Thiès, Saint-Louis et Kaolack. Selon Babacar Ndiaye, le réalisateur dudit document, sur 400 personnes interrogées, 94 % se disent non satisfaits du fonctionnement de la justice. 2 % ont donné une réponse mitigée. 4% des personnes interrogées pensent que la justice a réglé des problèmes. Interpellé sur une réforme de la justice, 95% des populations ne sont pas au courant. 5 % sont mis au parfum, mais le rapport précise que ces personnes interviewées n’ont eu qu’un écho minimum. Dans la même veine, des Sénégalais (98%) souhaitent une réforme du système judiciaire ; néanmoins 2% soutiennent qu’une réforme ne changera en rien, s’il y a toujours les mêmes hommes. Le rapporteur a dévoilé la perception de la population qui laisse entendre que la justice est l’affaire des nantis.
Les maux de la justice (la corruption, l’impunité, la lenteur administrative, la complexité des procédures, les enquêtes bâclées de la police...) figurent en bonne place dans le document. En ce sens, 60 % des individus affirment qu’ils ne sont pas satisfaits des règlements des conflits et de l’exécution des décisions de justice. 30% regrettent l’absence de transparence et 5% croient que la saisine des juridictions de la police, de la gendarmerie est très difficile. Si le Sénégal compte près de 300 avocats, les intervenants jugent leur nombre petit pour 11 millions d’habitants. Analysant ces spécimens, l’enquête révèle que les populations ne se sentent nullement impliquées ou informées sur les réformes entreprises pour le bon fonctionnement de la justice.
M. Ndiaye a déploré la non disponibilité parfois du journal officiel. « Nous allons jusqu’à Rufisque pour le chercher », a regretté l’enquêteur. Représentant le ministre d’Etat et Garde des Sceaux, Massamba Guèye a dit que cette étude constitue un indicateur. Ce dernier a rappelé le Programme sectoriel justice (Psj), mis en 2004, et dont l’ambition est de moderniser la justice. De ce fait, le magistrat prône « une justice de proximité » avec « la mise en place des maisons de Justice aux Parcelles assainies, à Mbao », entre autres. « Nous ciblons les populations les plus vulnérables. Les prestations sont gratuites. Nous mettons en place des bureaux d’accord au niveau des instructions. C’est une démarche de qualité », s’est félicité Massamba Guèye.
Dans son allocution, le président du Réseau africain pour le développement intégré (Radi), Abdou Al Mazid Ndiaye, a magnifié la rencontre qui permet de savoir le niveau d’évolution du système judiciaire de notre pays. Georges Ferrari de la Coopération française a résumé l’appui de sa structure sur trois axes : la formation, le renforcement de la justice de proximité et l’amélioration de la perception des justiciers. Le président du Conseil des Ong d’appui au développement du Sénégal (Congad), Momar Talla Kane, s’est joint aux félicitations pour dire que le travail de la justice est la mamelle du Radi. « Nous cherchons toujours à armer les populations... pour avoir des orientations assez significatives », a précisé M. Kane.
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