DIFFICULTÉS DANS LE RENOUVELLEMENT DES LICENCES DE P êCHE : L'offre de poisson commence à baisser sur le marché

Le marché du poisson est actuellement très perturbé. Le retard accusé dans le renouvellement des licences de pêche a des répercussions fâcheuses sur le marché du poisson où la denrée commence à se faire rare. Les pêcheurs dénoncent depuis quelques jours le coût élevé du renouvellement en cette fin d'année des licences de pêche en Guinée-Bissau.

L'opération administrative qui se faisait moyennant 800 000 F Cfa est passée, selon les pêcheurs, à 2 millions de F Cfa. Une situation qui commence à perturber l'approvisionnement du marché en poisson. Au niveau du site de débarquement de Hann, qui était généralement pris d'assaut par les détaillant et certains chefs de ménage ayant l'habitude de s'approvisionner mensuellement, la raréfaction du poisson était flagrante ce week-end.

 Samedi matin, seules deux pirogues ont débarqué leurs prises, le reste des pêcheurs ayant décidé de rester à quai. Une situation qui a influé sur les prix de vente des poissons dits nobles. « Vous ne pouvez pas obtenir un gros poisson blanc de la famille des nobles à moins de 10 000 F Cfa l'unité alors qu'il s'échangeait contre 6000 ou 7000 F Cfa maximum. N'hésitez pas, ce sont les renouvellements des licences qui sont bloqués du fait de leur surenchère en Guinée», clame Talibé Cheikh, un des rares mareyeurs ayant un petit stock de poisson de «luxe», installé sous un grand parasol et veillant rigoureusement sur sa marchandise. Pointant du doigt les autres étals, il enchaîne pour mieux ferrer les clients : «Vous le voyez, aucun de ces mareyeurs n'a une seule pièce de Yawaal ou de Coof».

Compte tenu de la supériorité de la demande par rapport à l'offre, dit-il, «les prix ne peuvent pas être aussi abordables que d'habitude». D'ailleurs, prévient sa voisine, la trentaine, une mareyeuse spécialisée dans la vente des rougets, «ça n'a rien à voir avec le Magal, la situation risque d'empirer si l'Etat n'aide pas les pêcheurs de Dakar à renouveler rapidement leurs licences guinéennes». Dans l'après-midi, à Soumbédioune, le décor était différent, mais la réalité des prix était la même. Ici, malgré cette nouvelle donne, le marché est bien approvisionné du fait de l'abondance des stock de surgelés.

 Le prix du kilogramme des poissons nobles demeure élevé comme d'habitude, à cause de la position géographique de Soumbédioune situé sur un axe routier desservant les principales zones résidentielles de la capitale. Au nord du pays, c'est le même problème lié au renouvellement des licences qui se pose.

Si le porte-parole des jeunes pécheurs de Saint-Louis, Babacar Gaye, confirme la hausse de la contrepartie versée en Guinée-Bissau pour l'obtention de la licence, il révèle qu'avec la Mauritanie, où elle est gratuite sous réserve du débarquement d'un quota déterminé des mises à terre sur les côtes mauritaniennes, «ce sont les lenteurs administratives et le caractère informel des démarches qui pose problème». Selon M. Gaye, le retard dans les renouvellements pourrait bientôt créer des difficultés sur le marché.