Les informations provenant des zones de conflits et qui sont diffusées sans concertation avec l’armée n’agréent pas la hiérarchie dans la grande muette. En représailles, l’armée sénégalaise a décidé désormais de communiquer moins avec la presse.
Cette position tranchée a été portée à la connaissance des journalistes lors d’un séminaire qui a réuni vendredi et samedi derniers des correspondants venus de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou.
Au cours de ce séminaire, les journalistes ont été invités à ne plus parler des positions de l’armée car, estime-t-on du côté de la grande muette, cela peut profiter «aux ennemis». Pour rappel, plusieurs journalistes ont défilé à la Direction des investigations criminelles (Dic), des stations radios ont été fermées après avoir diffusé des informations sur ce conflit.
Selon Seydi Gassama, directeur d'Amnesty international Sénégal : «Les journalistes sont exposés et très souvent ils sont menacés soit par le Mfdc soit par l'armée sénégalaise». L’armée a aussi déploré les titres des journaux sénégalais de même que les photos qui «ne font qu’aggraver la situation».
«Souvent, on nous montre portant une tenue déchirée, alors que cela n’est pas la réalité», a pesté un militaire. En face, les journalistes ont expliqué que ces images sont tirées d’Internet juste pour illustrer et non fournies par ceux qui sont sur le terrain. Il faut préciser que jusque dans un passé récent des points de presse étaient régulièrement organisés par l’armée pour échanger avec les journalistes sur plusieurs questions. Une tradition rompue avec l’arrivée d’un nouveau chef qui pense que la diffusion des informations sur le conflit en Casamance peut affecter le moral des troupes.
De son côté, le proviseur Nouha Cissé, membre des associations qui s’activent pour le retour de la paix en Casamance, est revenu sur la genèse du conflit. Selon N. Cissé, tout est parti d’une frustration des supporters du Casa Sports qui ont souvent décrié le traitement réservé à leur équipe par les arbitres. À cela, estime M. N. Cissé sont venues s’ajouter d’autres frustrations dues au manque d’infrastructures en Casamance, à la pauvreté chronique qui y sévit et à l’accaparement des terres des Baïnouks par des Sénégalais venus des autres régions. Il s’y ajoute, toujours selon le proviseur Cissé, le refus des populations de Saint-Louis de voir un gouverneur casamançais présider aux destinées de leur localité. Pour finir, le proviseur Cissé dira : «Avec le président Diouf on a réussi à mettre sur pied un comité de dialogue avec le Mfdc, le gouvernement du Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau pour la paix, et on était bien parti, mais avec l'arrivée de Wade en 2000 tout a été chamboulé, notamment lorsqu’il déclare qu'il allait résoudre ce conflit en 100 jours, mais le constat est clair, nous assistons aujourd'hui à plusieurs problèmes.»
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