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Docteur Ousmane KANE: « La Recherche et l’innovation, outils de performance et de compétitivité économique»

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Docteur Ousmane KANE: « La Recherche et l’innovation, outils de performance et de compétitivité économique»
L’ancien Directeur exécutif du Centre Régional Africain de Technologie (CRAT), aujourd’hui, Président de la Commission des Relations avec les Partenaires de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS), aborde dans cet entretien exclusif, la problématique du financement, de la valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation et celle des ressources naturelles du continent. Selon l’ancien directeur général de l’ITA, le développement des pays africains ne se bâtit plus uniquement sur l’importance des ressources naturelles dont ils disposent mais plutôt sur leur aptitude à les valoriser, en les transformant en biens ou en services à haute valeur ajoutée. C’est fort de cette conviction que le spécialiste en Sciences et en Technologie des Aliments soutient que la recherche et l’innovation sont, aujourd’hui, des instruments indispensables de compétitivité économique. 
 Pouvez-vous vous présenter brièvement monsieur Kane ? 

 Diplômé des universités de Dakar (devenue UCAD) et de Toulouse (Paul Sabatier), j’ai obtenu le DEA (Major de la Promotion 1973) et le Doctorat de 3ème Cycle en physiologie végétale appliquée à l Université Pierre et Marie Curie de Paris (1976), puis le Ph D en Sciences et Technologies des Aliments à l Université Laval de Québec, Canada (1987). Je suis aussi diplômé de l’Ecole Supérieure de Gestion des Entreprises (ESGE, devenue CESAG) en « Leadership et Commandement» et lauréat de l Université des Nations Unies (UNU) en Alimentation et Nutrition. Ancien chercheur et Directeur Général de l Institut de Technologie Alimentaire (ITA) du Sénégal, j’ai été Directeur Exécutif Adjoint, puis Directeur Exécutif du Centre Régional Africain de Technologie (CRAT). En plus de la recherche en Sciences et Technologies des Aliments, J’ai aussi conduit plusieurs autres activités, notamment d’élaboration de documents de stratégie nationale ou régionale sur la STI et la recherche, comme Consultant International ou personne-Ressource de diverses organisations internationales (ex : CEA, UNESCO, CRDI, ONUDI, PNUD, OMPI, AUPELF-UREF/AUF, BID, Union Africaine, UN OSCAL, etc.) et Gouvernements (Burkina Faso, Cameroun, Guinée, Mali, Pays Bas, RCA, République Turque de Chypre du Nord, Rwanda, Sénégal). Outre l’Académie des Sciences de New York (NYAS), je suis membre de plusieurs Sociétés savantes ou instances internationales en matière de STI. Enfin, j’ai été distingué dans les Ordres du Mérite, du Lion et des Palmes Académiques du Sénégal. 

 Votre parcours montre clairement que vous disposez d’une riche carrière académique et scientifique. Alors, étant à l’ANSTS aujourd’hui, quelles sont vos principales activités?

 En ma qualité de Président de la Commission des Relations avec les Partenaires, ma fonction vise principalement à élargir et à consolider le partenariat de l’ANSTS avec des tiers, tant au plan national que régional et international, ce qui va de pair avec la promotion de son rayonnement. Au plan national, par exemple, nous veillons à conforter l’utilité de l’Académie, par sa capacité à anticiper et à répondre aux préoccupations de nos concitoyens, notamment en se mettant au service des pouvoirs publics (prise de décision politique fondée sur l’évidence scientifique), de la communauté scientifique (culte de l’excellence et de la rigueur scientifique), des opérateurs économiques, sociaux et culturels (exploitation des résultats de la recherche endogène) et de la Société Civile (sensibilisation sur les grandes questions qui interpellent l’humanité et notre vie de tous les jours, à l’instar des changements climatiques, des OGM, etc.)

En outre, nous nous employons à promouvoir la Synergie de tous ces Acteurs car le développement de tout pays ou de toute région est un processus continu, nécessitant l’implication de plusieurs parties prenantes qui se doivent d’œuvrer dans une dynamique de complémentarité, de collaboration et de partenariat. 

 Etant à l’époque Directeur du Centre Régional Africain de Technologie (CRAT), vous aviez beaucoup plaidé pour une meilleure articulation entre la recherche-développement et l’innovation technologique. Où en sommes- nous aujourd’hui ?

 Avec les paradigmes actuels qui caractérisent les progrès ou avancées de l’humanité, la Recherche et l’ensemble du processus d’innovation, permettant d’exploiter ses résultats, sont aujourd’hui les instruments majeurs de performance et de compétitivité pour pratiquement toute activité économique, commerciale, sociale ou culturelle. Cette ère nouvelle engendre de nouveaux modes de production et, à présent, le développement des pays ne se bâtit plus uniquement sur l’importance des ressources naturelles dont ils disposent mais plutôt sur leur aptitude à les valoriser, en les transformant en biens ou en services à haute valeur ajoutée. C’est à ce déterminisme que doivent obéir la recherche et la valorisation de ses résultats, selon une approche de chaines de valeur et à travers un système bien pensé d’innovation. A cet égard, l’amorce d’une véritable dynamique de progrès en Afrique, au service de l’émergence et devant pleinement projeter nos pays dans « l’économie du savoir », gagnerait beaucoup à relever d’une conception proactive, fondée sur une stratégie volontariste d’innovation, à la fois technologique et sociale.

Aussi, face à ses multiples défis, récurrents et complexes, ce continent se doit de miser sur la capacité de sa recherche à apporter une contribution significative dans la prise en charge des problématiques majeures qui interpellent son développement intégral et durable. Cette forte conviction a toujours guidé mon action au CRAT et force est de reconnaître qu’elle est toujours d’actualité. 

 AU Sénégal, les résultats de la recherche peinent à être suffisamment valorisés et à être visibles et accessibles aux populations : où se situe, selon vous, le problème? 

 La liaison Recherche-Développement devant se traduire par la valorisation des résultats de recherche est un processus ou continuum d’opérations impliquant plusieurs acteurs différents mais devant œuvrer dans une parfaite synergie d’action, dans une optique de complémentarité. Ce sont, notamment, les pouvoirs publics (définition d’un environnement propice, mise en œuvre des cadres stratégiques, etc..,), les chercheurs (génération des « paquets technologiques »), les opérateurs économiques (production de biens ou de services) et les populations (marchés de consommation).

Dès lors, il faudrait une bonne stratégie, fondée sur le triptyque ’’Recherche-Production-Marché’’, ayant une priorité pour le ’’consommer local’’ et comportant une incitation significative des entreprises de développement, notamment du secteur privé, à exploiter les acquis de la recherche endogène. En outre, elle doit être bien comprise de tous et articulée à une Politique Nationale en matière de Science, de Technologie et d’Innovation qui soit visionnaire et volontariste et elle-même intimement liée aux Politiques sectorielles de développement économique et socioculturelle, telles l’éducation, l’agriculture, l’industrie, la santé, l’énergie, etc.. Elle serait ainsi conçue comme une longue chaîne de solidarité et de partage, impliquant l’ensemble des acteurs de ce processus et entre lesquels doit s’instaurer un courant permanent d’échanges, de concertation et d’interaction.

Or, malgré les efforts consentis, nous assistons toujours au manque de synergie entre les parties prenantes, à la faible coordination des initiatives, au cloisonnement des secteurs, à la désarticulation des différents centres de responsabilité, etc.., procédant de l’absence d’une telle stratégie et d’une telle politique, participant, entre autres, aux obstacles à la valorisation des résultats de la recherche endogène.

Il ne faut pas non plus oublier que chacun de ces acteurs demeure confronté à des difficultés spécifiques, à l’instar de celles des institutions de recherche (insuffisance de ressources, fragmentation des Programmes de R&D, inadéquation des cadres structurels de communication avec les entreprises de développement, surtout du secteur privé, par une stratégie idoine d’information, de vulgarisation, de démonstration et de marketing, avec une bonne implication dans les activités de consultation et d études de faisabilité). Il faudrait aussi un changement de mentalités et d’attitudes dans nos universités, pour que la valorisation des résultats de recherche ne soit pas seulement perçue comme un simple service à la communauté mais fasse l’objet d’une véritable stratégie, allant de la protection des droits de propriété intellectuelle à la commercialisation, en passant par l’implantation d’incubateurs ou de « start up » d’entreprises, avec des ressources conséquentes, au même titre que pour les fonctions d’enseignement et de recherche.

De même, avec l’extraversion des habitudes de consommation des populations locales, il faut relever les obstacles propres aux Structures de développement, notamment avec la faiblesse du potentiel manufacturier, la configuration disparate du tissu Industriel et diverses autres difficultés (financement des investissements, facteurs humains, techniques, structurels et juridico-administratifs, etc.).

Le problème de la valorisation des résultats de la recherche endogène n’est donc pas si aisé car chacun de ces acteurs a sa part de responsabilité. Sa solution requiert la mise en œuvre d’une véritable stratégie d’ensemble qui soit efficiente, parce que bien pensée, avec un cadre juridique approprié, des programmes de R&D pertinents, dotés de priorités et d’objectifs clairs, de ressources conséquentes et d’un échéancier précis, avec une bonne définition du rôle de chaque acteur pour répondre adéquatement à la fois aux orientations prescrites par les politiques et aux besoins des chercheurs, des entreprises et des populations. 



Un des maillons faibles de notre système national de recherche demeure son financement. A côté des fonds alloués par les pouvoirs publics, quels sont les mécanismes innovants qu’il faut mettre en place pour solutionner ce problème ?


 En Afrique, la volonté politique d’utiliser la Science et la Technologie à des fins de développement endogène et auto-entretenu a été proclamée par les plus hautes autorités, depuis le Plan d’Action de Lagos (1980) et rappelée en diverses occasions, encore dernièrement, avec la Déclaration d’Addis Abéba (2007). Cependant, cette volonté se heurte principalement à l’obstacle du financement, eu égard à de multiples causes. Par exemple l’objectif de porter le financement de la recherche à 1% du PIB des Etats demeure toujours lointain. Seule l’Afrique du Sud s’en approche, suivie par le Rwanda, avec environ 0,9% et 0,5%, respectivement. Outre l’insuffisance des financements publics, la contribution du secteur privé est dérisoire.

En nous inspirant de l’expérience asiatique (Corée du Sud, Malaisie, etc.), il nous faudrait être plus imaginatifs et, outre l’accroissement du budget public et la forte implication du secteur privé national, mettre en place des mécanismes efficaces de financement du secteur de la STI, adaptés à nos propres réalités, tout en tirant le meilleur profit des ressources concessionnelles et budgétaires allouées par les Institutions Financières Régionales (IFR) ou Internationales (IFI). Ce qui, naturellement, suppose de mieux comprendre leurs procédures de mobilisation, souvent complexes, et que ne maîtrisent pas toujours les professionnels de la STI/R&D africaine, en général et Sénégalaise, en particulier.

Au demeurant, pour faire face à ces contraintes et dégager des pistes de solutions, l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS) et la Société des Amis de la dite Académie (SA-ANSTS), en partenariat avec la Banque Islamique de Développement, ont convenu d’organiser un Symposium international sur « Quels Nouveaux Mécanismes de Financement de la Science, Technologie et Innovation (STI) en Afrique? ». Les réflexions d’éminentes personnalités participant au Symposium seront axées sur l’identification de nouveaux mécanismes de financement de la STI africaine et/ou de mobilisation des ressources allouées à ce secteur. Il s’agira, notamment, de définir de nouvelles opportunités ou perspectives devant permettre aux institutions africaines d’enseignement, surtout supérieur et de recherche ou de R&D, de disposer des ressources nécessaires pour mettre en œuvre des programmes de STI répondant adéquatement aux impératifs du développement endogène et durable du continent.


6 Commentaires

  1. Auteur

    Deug

    En Juillet, 2015 (17:59 PM)
    MOI je crois que chez nous , on parle plus qu'on fait . mille propositions et zero action .
  2. Auteur

    Saltimbanque

    En Juillet, 2015 (02:43 AM)
    peu de personne vont commenté cet entretien en comparaison de l'actualité politique politicienne ou tout le Sénégal excel ou tout le monde est expert et surtout les banalités du quotidien des Sénégal mBALAX GRIOT QUI VERSE DANS ANIMATION RELIGIEUX ETC...

    Je suis ce jeune qui à choisi de compatir dans la promotion de produit locaux je suis en contact avec des spécialistes dans les pays asiatique qui dispose de plus de 40 millions de d'acheteur Journalier de produit DIVERS , J'ai travailler à promouvoir LE BISSAP rouge QUE L'ON TROUVE EN ABONDANCE à nos début j'ai été frappé par l'attitudes de ce MONSIEUR qui acheta notre produit conditionné dans des PACK en carton doublé aluminium c'étais les année 89 donc respectant dejas les normes internationaux et de l’Écologie LORS d'une SOIRÉE gala COMME ON SAVAIT L'ORGANISER EN CE TEMPS , ce MONSIEUR se cache pour consommer sont JUS DE BISSAP ROUGE pour éviter d’être apercu par sa copine parce que consommer le BISSAP EST POUR LUI DÉVALORISANT PAR RAPPORT au BOISSON GAZEUX

    je viens de LANCER UN SITE ou la bonne femme qui vend du " thiaf" DEVANT SA PORTE en utilisant les Emballage DE CONSERVATION ATMOSPHÉRIQUE MODIFIER qui peut permettre a n'importe quel produit de garde toute sa fraîcheur durant des mois sans perdre sa qualité nutritif etc

    LE SITE PEUT PERMETTRE a NOS PRODUCTEUR DES NIAYES DE VENDRE LEUR OIGNONS ,tomates ,choux sur le marché INTERNATIONAL mais hélas, allez savooir ce que veut les SENEGALAIS pour prétendre au développement



    LE LIEN DU SITE : Http://www.topbusinessafrica.com
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    Auteur

    Anonyme

    En Juillet, 2015 (13:50 PM)
    tu es un jaloux, en plsu aigri.



    Ces genres d articles ne t interessent pas, cat tu es adeptes de futilités
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    Auteur

    Ousseynou

    En Juillet, 2015 (08:50 AM)
    je connais bien ce mr il est sérieux tres integre é il ne pro^pose que de bonne choses.

    Il connait certainement bien ce qu il dit ....vous savez le developpement du senegal ne passe pas forcémént par les politicards....on doit aussi entendre les scientifiques

    wa salam....

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    Auteur

    Anonyme

    En Juillet, 2015 (14:01 PM)
    Un grand monsieur, une sommité internationale. Malheureusement au Sénégal il n'ya pas les hommes qu'il faut à la place qu'il faut.
    Auteur

    Palune

    En Juillet, 2015 (11:43 AM)
    vraiment c'est bien de lire ce page....désolé mais le senegal n'a pas encore trouvé le chemin du developpement...en matiére d'Etat tout est question de recherche,information,chiffre decision et economie.



    la population au service de l'economie!



    l'Etat auservice de l'economie!



    les lois au service de l'economie!



    les croyances socioculturelles au service de l'economie!



    les institutions au service de l'economie!



    et en retour l'economie au service de la population.



    j'aime BEAUCOUP le passage du DR KANE

    "INTERACTION COMMUNICATION ET PARTAGE DES SECTEUR D'ACTIVITES" :sunugaal: 
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