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Emigration « forcée » ou révolte des damnés de la terre

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Emigration « forcée » ou révolte des damnés de la terre

Voilà que subitement l’opinion est agressée par de tragiques nouvelles et l’ampleur de l’assaut des milliers d’africains vers l’Europe et les Amériques fuyant les affres de la pauvreté des pays sous développés, d’Afrique, du Mexique et autres.
C’est là l’expression grandeur nature des relations entre les anciennes colonies meurtries par l’esclavage, l’exploitation coloniale et néo-coloniale et les pays riches du Nord qui maintiennent le cap sur la domination et l’exclusion.
C’est cette réalité qu’il est question d’assumer pleinement et courageusement, que l’actualité met en relief avec les problèmes de la double sécheresse de l’émigration et de la mondialisation néo-libérale, facteurs pouvant remettre en cause ce que l’humanité a gagné en démocratie, en solidarité et en paix.
La migration n’est pas un phénomène nouveau, une fatalité, encore moins une folie brutale qui s’empare des populations des pays pauvres pour constituer une menace ou un péril pour l’Europe et les Etats Unis ou l’Asie.
Les soubresauts morbides de Mr Sarkozy et compagnie, même pour cause de campagne électorale, ne sont qu’_expression immorale, inconséquente et relevant de l’inconscience historique.

Jamais on oubliera que les relations de la France et de l’Afrique ont été faites de conquêtes coloniales, de déportations et d’envahissement sans visa ni avis. Durant des siècles, l’Europe, en quête d’espaces économiques, de matières premières et de main d’œuvre pour ses industries et pour son développement a pillé littéralement nos ressources, enseveli nos cultures et nos langues , confisqué nos libertés et notre dignité d’homme. A chaque phase de son développement, la France s’est “équipée” en main d’œuvre utile selon ses besoins, pour travaux « durs », de salubrité et d’assainissement, mais aussi de chairs à canons de guerres pour la gloire et la grandeur de la patrie.
Aujourd’hui avec les avancées des sciences et de la technologie, de la communication et du capitalisme triomphant , le temps est venu où la main d’œuvre utile concerne que les « cerveaux », les porteurs de la maîtrise des connaissances indispensables pour tout développement et progrès.
C’est en cela que la loi dite « Sarkozy » sur l’immigration« choisie » est grave de dangers, d’exclusion, de racisme et est à contre courant de la marche inéluctable vers la mondialisation dont le socle d’humanisme et de sociabilité exige de tous les démocrates du monde une lutte âpre et conséquente ici et maintenant.
La réalité et les origines de l’émigration est aussi l’histoire du non développement en Afrique, du désespoir de milliers et de milliers de jeunes africains à l’horizon et à l’avenir tragiquement bouchés.
Il est incontestable pour les puissances coloniales qu’elles ont l’obligation et le devoir, d’assumer cette histoire liant nos destinées qu’est l’émigration africaine à laquelle elle doit faire face en récoltant ainsi ce qu’elles ont semé allégrement hier et continue d’arroser subtilement aujourd’hui.
Après les complots foccardiens durant les deux décennies après les indépendances, la France a opéré à des réajustements de sa politique coloniale et de ses rapports avec les pays africains. Le monde change, les acteurs aussi. La politique du “pré-carré”, du domaine réservé, du système des réseaux , la persistance de pratiques néo-coloniales de grandes compagnies en situation de monopole prétendant protéger des marchés protégés, se révèle une politique qui ne peut plus prospérer.
Dans les années quatre Vingt dix (90), depuis l’avènement de la démocratisation dans ses anciennes colonies, l’éclatement et la disparition de l’URSS la marche forcée des Etats africains à la privatisation de leurs économies sous la houlette des institutions de BRETTON WOOD, l’Europe, surtout la France a adopté une stratégie de guerres économiques par les rebellions armées pour régler les conflits nés de la remise en cause des intérêts français. L’imagination populaire africaine en est arrivée à la certitude que partout en Afrique où jaillit le pétrole, éclatent des rebellions enfonçant les populations dans un bain de sang, l’exode, la misère, la barbarie comme ce fut le cas au Congo, au Zaïre, en Angola, en Centre Afrique, au Rwanda, en Cote d’Ivoire, au Tchad etc.. Dans chacune de ces situations de déstabilisation on met tapageusement en avant des raisons tribales, ethniques ou religieuses.
Dans le monde capitaliste d’aujourd’hui, c’est l’aggravation des contradictions remettant en exergue les égoïsmes et le recourt à des solutions les plus extravagantes et inhumaines.
Pourquoi tant d’acharnement contre les gens de couleur si ce n’est du racisme et de la xénophobie ?
Hé oui, en ce moment-ci, souffle un chaud vent du Sud sur les pays développés. Cette hystérie collective de la génération africaine montante et d’ailleurs apparaît comme l’_expression des exigences de survie, de s’alimenter, de se soigner, de s’instruire et qui forcent à franchir les frontières pour partager la pitance là où elle existe !
Le constat est que la situation de grande pauvreté d’échec des politiques d’ajustement du Fonds Monétaire International ‘FMI) et de la Banque Mondiale (BM) d’une part, et d’échec des politiques locales d’incurie et d’irresponsabilité de dirigeants apatrides, n’offrent que peu de choix aux hommes valides que partir au péril de leur vie. Des milliers de jeunes africains de l’Ouest sans perspective aucune, s’engagent à partir des Côtes de l’Océan, dans ce vaste mouvement de révolte des damnés de la terre et de façon consciente et cogitée avec les parents. Est ce le sacrifice nécessaire à jeter à la conscience des dirigeants et populations du monde ?
Ce mouvement tragique est bel et bien l’_expression de refus et de remise en cause des relations Nord Sud, Europe Afrique.
S’il est exact que ce sont les mécanismes de domination et d’exploitation du système capitaliste qui sont principalement responsable de la tragédie du continent, il est manifeste que l’aggravation des inégalités et de la pauvreté devenues endémiques, engagent aussi la responsabilité des dirigeants des régimes africains devant leur peuple et l’histoire. En ces jours-ci, où au Sénégal, le phénomène de l’émigration clandestine est subitement devenu l’événement majeur et préoccupant, tout indique sans ambages l’échec de la gestion de Wade et son manque de vision politique. Toutes les analyses aboutissent aux raisons d’aggravation de la pauvreté, du chômage, de la liquidation de secteurs entiers essentiels et fondamentaux de l’activité économique nationale : agriculture ; industries, pêche, santé, enseignement, alors que depuis fort longtemps, tout le monde s’accorde sur le fait que la question principale et urgente c’est le problème de la jeunesse-formation-emploi. Le Sénégal est le pays où les sésames universitaires ne conduisent qu’au chômage. Nous avons connu des médecins et autres divers diplômés chômeurs malgré les besoins pressants du développement du pays.
C’est aussi le pays où chaque jour, la classe dirigeante du régime en place est éclaboussée par des scandales financiers et fonciers. Ce sont des hommes particulièrement préoccupés avec vilenie à trouver des appartements en Europe, au Canada, aux USA, au Brésil et en Afrique du Sud. L’avènement de Me Wade est marqué par une politique –propagande tape à l’œil fait de comportements insolents et arrogants des hommes du Président. Les milliards, les passe droits, les passeports diplomatiques et de service sont distribués à tour de bras aux ministres, à leur famille, aux députés et leurs conjoints, aux personnalités politiques, sociales, religieuses du camp présidentiel. Leur progéniture vit à l’étranger bénéficie de cet avantage et souvent, arrive à s’octroyer la double nationalité.
Par le fait des émigrés, du blanchiment de l’argent sale, des immeubles d’un luxe insolent et provocateur s’élèvent partout et refoulant de plus en plus de pauvres gens dans les zones d’inondation.
Le Sénégal est un pays de mirage et d’illusions où se déroule un vaste plan machiavélique destiné à en faire une vaste ville de services.
Voilà d’où puiser exemples et repères pour nos enfants ! Alors que faire ?
Malgré tout « Toukki », partir, émigrer n’est pas l’unique solution, la solution obligée. Mais le fait est là et il faut y trouver des réponses adéquates et équitables à l’abri des violences et des comportements arrogants du plus fort, par la concertation et une commune volonté de réussir, européens et africains en partenaires égaux en droit et aux destinées imbriquées, d’autant plus que la réalité de l’émigration et ses conséquences peuvent être la source de conflits nocifs aux relations et au progrès de l’Humanité. Chaque pays et ses dirigeants doivent être conscients de toute leur responsabilité dans la situation présente et l’urgence d’apporter les réponses idoines prenant effectivement en compte la volonté de construire un avenir commun humanitaire.
S’insurger et prendre des mesures unilatérales et répressives ne constitue pas une solution qui permettra d’éradiquer ce phénomène de société qui s’inscrit parfaitement dans la logique des relations Europe Afrique.
Aujourd’hui, il n’est pas acceptable que l’Europe s’adjuge à nouveau le droit de traiter ses relations avec l’Afrique comme bon lui semble et toujours sans demander aux africains leur opinion. Il est bien de notre devoir de nous inviter dans le débat en cours en France sur l’immigration. Nos gouvernants doivent s’obliger à entreprendre concertation et réflexion au plus vite tant au niveau bilatéral que multilatéral. Des solutions concertées sous l’égide se l’U A peuvent être recherchées.
Voilà que brutalement, la vie impose aux acteurs que nous sommes, l’exigence d’une large réflexion pour de nouvelles relations entre la France et l’Afrique.

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