Ils avaient violemment manifesté à Yarakh, brûlant des pneus et barrant la voie publique, vendredi dernier. Bilan : dix arrestations par la police de Hann. Les jeunes sénégalais rapatriés d’Espagne ne décolèrent toujours pas contre l’Etat du Sénégal et les autorités espagnoles. Une vingtaine d’entre eux ont manifesté, ce mercredi 7 juin, devant les grilles du Palais présidentiel avant d’être reçus par le Président Wade. Des manifestants qui dénoncent entre autres les conditions dans lesquelles ils ont été ramenés de force au pays et déclarent ne pas trop faire confiance au projet « Retour vers l’agriculture » (Reva), proposé par l’Etat du Sénégal.
Un projet que le ministre de l’Agriculture, Farba Senghor a décliné dernièrement. Mais qui va sans nul doute peiner à canaliser l’énergie débordante de ces jeunes dont le slogan reste : « des visas ou la mort ». Dialogue de sourds entre rapatriés d’Espagne et le gouvernement. Farba Senghor, porteur du message présidentiel et du projet Reva, se verra répondre par les expulsés d’Espagne, notamment par un des porte-parole, Abou Kane : « ce projet n’est pas notre ambition, ce que nous voulons, c’est de repartir. Nos parents ont tout perdu pour nous permettre de voyager. L’agriculture du pays ne marche pas et le gouvernement se permet de nous proposer un retour vers l’agriculture. Au moment où l’arachide des paysans pourrit en milieu rural ». Une position qui campe le décor. Et pourtant l’Etat propose aux rapatriés intéressés par ce programme de les organiser en dix groupements de 50 membres qui auront en charge 100 hectares de terre à exploiter dans les principales zones d’aménagement agricole. Des groupements qui devraient être équipés de matériels agricoles. Durant la première année d’exploitation, il est prévu la mise à leur disposition d’intrants agricoles (semences, engrais produits phytosanitaires en fonction des cultures retenues par les intéressés). Le programme dont le démarrage est prévu en décembre 2006 et qui prévoit la participation de la coopération française en appui logistique et en encadrement technique. Seulement pour alléchant qu’il soit, le programme ne fait pas saliver les émigrés clandestins rapatriés d’Europe, la plupart des Iles Canaries. Et le bras de fer est bien réel. Signe des temps, c’est le Président du groupe parlementaire libéral et démocratique, Doudou Wade qui se fend d’une violente sortie. Pour déclarer que les émigrés ont mieux à faire au Sénégal que d’aller se prostituer ou vendre de la drogue en Europe. Un type de discours qui en rajoute à la tension, renseigne une source proche des forces de sécurité. En fait il n’en manque pas qui estiment que le problème des émigrés clandestins devrait être pris en charge de façon adroite. « Ce sont des gens qui ont risqué leur vie déjà. Ils peuvent être dangereux », renseigne-t-on.
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