C’est un document auquel il faut apposer l’enseigne : «Interdit aux moins de 18 ans, ou défense d’y jeter un coup d’œil pour les âmes sensibles.» L’Anthropologie de la sexualité : philosophie, culture et construction sociale du sexe au Sénégal, thèse d’Etat du socio-anthropologue Cheikh Ibrahima Niang, offre un décryptage des us et coutumes d’une société sénégalaise fort érotique.
De loin, la société sénégalaise se présente sous les traits d’une femme très pudique. De très près, elle se révèle foncièrement érotique. Tout dans ses habitudes renvoie au sexe. «Il y a une éducation sexuelle qui existe dans nos sociétés et qui est très vieille. On parle de sexe mais on en parle d’une manière cryptée», indique professeur Cheikh Ibrahima Niang auteur d’une recherche sur la question. Dans sa thèse d’Etat «L’anthropologie de la sexualité : philosophie, culture et construction sociale du sexe au Sénégal» soutenue il y a quelques mois, il épluche la sexualité dans certaines sociétés africaines surtout en milieu wolof.
Tout commence à la naissance. Depuis le berceau, des chants à forte connotation érotique sont déclamés pour endormir le bébé. «Les chansons qu’on utilise pour bercer les enfants ont pour fonction de les calmer, de les entourer de mélodies, de paroles qui ont pour effet d’adoucir certaines de leurs frustrations mais elles ont une autre fonction. Outre leur fonction ludique, elles véhiculent des messages», déclare M. Niang. A preuve, le socio-anthropologue cite la chanson «Saloum niaari nek la, nietel ba di wanie ba (...)» où l’on parle beaucoup de sexe sans le citer nommément. «Saloum n’est pas géographique, c’est une métaphore pour parler de sexe. Quant au chiffre niaari (deux), nietel (3) rapporté dans le chant, toutes ces significations rapportées convergent aussi vers le sexe. (...) Donc, la chanson ne s’adresse pas à l’enfant mais à un public qui connaît, peut décoder cela. Pratiquement dans beaucoup de chants, utilisés dans les différentes étapes de la vie de l’enfant, on le berce avec des chants érotiques afin qu’il prenne conscience plus tard de la manière de vivre sa sexualité», éclaire le professeur.
Dès le 8ème jour qui suit la naissance du nouveau-né, argumente Cheikh Ibrahima Niang, quelle que soit la configuration des organes génitaux du bébé, il a le crâne rasé dans «un rituel qui comprend les symboles de la masculinité et de la féminité». «L’eau servant au rasage est placée dans une calebasse dans laquelle, on a mis également du gros mil (basi symbole sexuel de la femme), des noix de cola (représentant des testicules qui symbolisent l’homme), du sucre (symbole de douceur pour les deux sexes) et du sel -symbole d’excitation sexuelle pour l’homme et la femme», explique l’auteur de cette thèse, fruit d’une recherche de vingt longues années. La sexualité est même perçue dans la manière de porter le bébé. «Le port à califourchon participe au développement, à l’accentuation de la marque et taille des fesses du bébé, juge-t-il. Le fait de porter le bébé sur le dos agit sur la colonne vertébrale pour lui donner une courbure associée à la proéminence des fesses.»
«Arrangement lors du labaan…»
L’érotisme jalonne aussi tous les moments importants de la vie de l’enfant. Loin d’être un simple geste «chirurgical», la circoncision dans la société sénégalaise, notamment en milieu wolof, est une période de «formation culturelle» et une préparation «progressive» à une vie sexuelle active. «Dans les Kassack (cérémonie destinée aux initiés), même si c’est un lieu hostile au féminin, il s’y passe une scène très érotique où une jeune femme accroupit par terre, saisit une calebasse remplie de farine de mil qu’elle remue tout en faisant tourner la farine, en y ajoutant de temps à autre de l’eau. Pendant tout le temps que dure la scène, une chanson accompagne ses faits et gestes. Il y a une préparation à l’érotisme. C’est-à-dire que l’érotisme ne doit pas déboucher sur une vie sexuelle avec pénétration. Il permet de construire des sentiments, des émotions, des sensations à maîtriser, à développer pour arriver à construire une vie sexuelle épanouie», décortique-t-il.
En étudiant et en observant de très près les cultures sénégalaises, Cheikh Ibrahima Niang fait aussi ressortir le capital érotique dans les jeux des enfants. «On enfouit une rythmique sexuelle dans le corps par la stimulation de danses mettant en relief le mouvement des reins. De manière générale, on pourrait trouver dans les jeux des enfants une récurrence de microprocessus destinés à développer la réactivité, la connexion rythmique et l’écoute de l’autre qui sont autant de conditions construites comme nécessaires à l’épanouissement sexuel futur. Ce sont toutes les danses où on fait bouger les reins. On va dire dagin ndat, dagin ndat, ndat say, là aussi cela l’amène à intérioriser un rythme qui va jouer un rôle important dans la sexualité. Vous allez aussi avoir des jeux où on met en garde contre la grossesse précoce, la perte de l’hymen. Ce n’est que plus tard que la fille va se rendre compte de ce qu’on a voulu lui dire», assène-t-il.
Une sexualité qui débouche sur les liens du mariage. De l’avis du professeur Niang, l’entrée dans le mariage est souvent construite idéalement alors qu’en réalité les choses sont beaucoup plus «compliquées» et «complexes» qu’ils n’y paraissent. «On fait correspondre ou donne la croyance officieuse que la femme commence sa vie sexuelle active avec pénétration après le mariage. Cela n’arrive pas dans tous les cas. C’est juste une image. Au lendemain de la nuit nuptiale, il y a le labaan où l’on fait l’éloge de la fille qui aura protégé son hymen. On va s’arranger pour trouver des mascarades. Il y a souvent des mascarades (du sang de poulet mis sur le pagne maculé) qu’on effectue ou des arrangements entre familles que même si la fille n’est pas vierge, le mariage ait lieu», déclare-t-il.
«Plaisir du mort…»
En parcourant les deux volumes de la thèse, l’auteur associe aussi le plaisir à l’accouchement. Ce qui le pousse à demander la «réintroduction» du plaisir dans l’accouchement en «réaménageant» les structures sanitaires en tenant compte «pleinement» des besoins de la femme qui sont à la fois des besoins de libération et du plaisir. «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’accouchement est un acte de plaisir à moment donné, affirme-t-il. Ce n’est pas l’ensemble du processus qui procure du plaisir mais c’est un moment bien précis. Cette libération d’hormones du plaisir intervient après que la femme a traversé la douleur. Ce processus est bloqué quand la femme se trouve dans un milieu hostile. Par exemple, vous êtes à l’hôpital, on vous crie dessus, on vous insulte, les hormones du plaisir sont bloqués. En lieu et place, des testostérones vont retarder ce processus du plaisir.»
Passé ce moment de douleur, la femme reconstitue son capital érotique dès l’accouchement juste après la sortie du placenta. «Après l’accouchement, on fabrique à l’aide d’un bâton et d’un morceau de tissu, une boule qui ressemble à une tête de poupée. Ensuite, on prépare un mélange avec des feuilles de mbanté et de néb-néb (plantes) bouillies. Enfin, on masse le sexe avec la tête de poupée trempée dans cette préparation chaude», confie-t-il.
Comme dans une fin de cycle, l’érotisme est aussi retrouvé dans la cérémonie funéraire. «Le principe de vie est associé au plaisir. Et la mort est une continuation. Nous sommes dans des sociétés où la recherche de la satisfaction est intégrée à l’individu. Le droit au plaisir est une obligation. Si l’être humain meurt sans être comblé, c’est comme si la société n’a pas rempli l’ensemble des obligations vis-à-vis de lui. Ainsi, dans les cultures sénégalaises, le fait pour les femmes d’enjamber le mort ou porter les habits du défunt est une relation sexuelle symbolique», révèle Cheikh Ibrahima Niang.
Croyances populaires : Mercredi «sans voyages»
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, mercredi, jour où l’on décommande les voyages, n’est pas une question religieuse. Il renvoie plutôt à la sexualité. Cet interdit découle d’Alarbay (mercredi) Karé, une déformation de xaré -la guerre ou les batailles particulièrement meurtrières-. Ainsi au cours de cette journée, on décommandait toute activité sexuelle ou action associée à la jouissance. Si un enfant mâle y était conçu, il risquait de naître impuissant. Et les filles de naître sans hymen, explique le professeur Cheikh Ibrahima Niang dans sa thèse. L’auteur explique que l’on demandait même aux personnes «de ne pas se laver, de ne pas faire le linge ou encore de balayer ; les enfants étaient confinés à la maison et on procédait à des offrandes pour conjurer une éventuelle malédiction».
Journée «chargée», le mercredi est considéré comme un jour de deuil où l’on évite les voyages. Si l’on s’obstine à outrepasser la mesure, des conséquences graves peuvent en découler, avoue le professeur Niang. Poursuivant, le socio-anthropologue indique qu’autant le mercredi est décommandé pour les relations sexuelles, autant le jour suivant (jeudi) est recommandé pour le mariage ou pour les rapports sexuels dans les unions conjugales entre personnes âgées (takoo en Wolof).
Relations incestueuses : Un passe-droit en faveur des rois, divins
L’inceste n’est pas toujours une relation défendue. Il est permis à une catégorie de personnes. «Il y a des lieux, des espaces, des moments, des formes où l’inceste n’est pas interdit. C’est permis. Notamment pour le pharaon d’Egypte qui voulait épouser sa sœur. Lors de l’intronisation du Brack du Walo (royaume issu de l’éclatement de l’empire wolof du Djolof au XVIe siècle), le roi a eu des relations sexuelles avec sa sœur. Une partie de l’Afrique centrale, au moment de l’intronisation du roi, celui-ci a aussi des relations sexuelles avec sa sœur. Les divins naissent dans beaucoup de mythologies par couple. Lequel a des rapports sexuels. Vous avez Isis et Osiris dans l’Egypte pharaonique. Ces personnages sont des personnes sacrées. C’est au moment où ils sont sacrés qu’ils brisent l’interdiction de l’inceste», écrit Cheikh Ibrahima Niang dans sa thèse.
Une règle qui n’est plus valable lorsqu’on passe du statut de divin à celui d’humain. «Dès l’instant où les dieux sont désignés comme étant uniques, ils peuvent avoir des rapports sexuels entre eux. A partir du moment où vous avez la multitude, la règle ne peut plus s’appliquer. Et dans la langue wolof, ce couple divin est un couple de jumeaux. Dans la construction sociale des jumeaux, on ne distingue pas le vrai du faux. Le jumeau ou seex (en wolof), le terme partage la même racine que sexlou (répulsion). Vous allez avoir une situation très ambiguë où à la fois on est très proche et s’écarte mutuellement. Donc, la répulsion va conduire à l’éloignement l’un vis-à-vis de l’autre. Et cet éloignement est un des fondements de l’interdit de l’inceste», explique-t-il.
En dehors des rois et autres divins, argumente le socio-anthropologue, l’interdiction de l’inceste est fortement développée. Surtout dans les sociétés wolofs où la sœur s’occupe parfois de la toilette intime de son frère pour l’amener à développer une répulsion vis-à-vis de ce dernier lorsqu’il s’agit de relations sexuelles. «Parfois quand un garçon veut faire la cour à une jeune fille, celle-ci va le repousser en repensant au fait qu’elle l’assistait dans sa toilette. D’un autre côté, quand vous suivez les cas de viol, d’inceste dans nos quartiers, communautés, la première réaction des gens, c’est de dire à l’auteur : «sexlu lou wo ko» (tu n’as pas eu une répulsion vis-à-vis d’elle). La répulsion doit être tellement forte que le corps de l’individu doit trembler, tressaillir. Il somatise l’interdit à tel point que son corps réagit lui-même ; dans l’humain, il y a cette dimension de la répulsion qui la différencie des animaux. C’est cette dimension qui est construite pour réguler les relations sexuelles», déclare-t-il.
De l’avis de Cheikh Ibrahima Niang, l’absence du sentiment de répulsion est facteur «de tentations à l’inceste». «C’est la raison pour laquelle, dans les cérémonies de mariage dans certaines cultures sénégalaises, on va casser la répulsion (tothie seexlu) quand l’homme met du sanglé dans la bouche de la femme et mange ce même sanglé. C’est à partir de ce moment qu’ils pourront dans le futur avoir des relations sexuelles», développe-t-il.
38 Commentaires
Dfghjk
En Mai, 2013 (15:00 PM)Lioo
En Mai, 2013 (15:00 PM)P
En Mai, 2013 (15:01 PM)Dxb
En Mai, 2013 (15:01 PM)Girol
En Mai, 2013 (15:02 PM)Saf Safal
En Mai, 2013 (15:09 PM)Sunugal
En Mai, 2013 (15:24 PM)Si le professeur etait partis a l'interieur du Saloum pour demander on lui expliquerait la chanson saloum niari nekh.
Dans la tradition du Saloum cette chanson veut dire qu'au saloum il y avait la famille royale, la famille religieuse ( les marabouts) qui constituent les 2 nekhs et le 3eme la classe ouvrière ( les niegnos) c'est pour cela on disait que cette chambre etait pour le roi.
Cette explication me rappelle juste les peomes de femme noire et Rama Ka que certains professeurs vulgaires interpretaiens en sexe
Reply_author
il y a 3 jours (22:56 PM)Pif
En Mai, 2013 (15:37 PM)Bigue Ndao
En Mai, 2013 (15:42 PM)Ce qu il raconte n est pas vrai
Saloum Saloum
En Mai, 2013 (15:49 PM)ON SAIT QU'IL Y A RIEN A KAOLACK MAIS RIEN AU DANS NOS COURRIERS RESTONS DIGNE
ON DEMANDE PLUS DE SÉCURITÉ POUR NOS COURRIERS UNE BANDE DE SOULARD
QUI SONT LA QUE POUR EUX
Nombril
En Mai, 2013 (15:52 PM)Jo
En Mai, 2013 (16:01 PM)Lorsqu'on leur montrera le film de leur vie au moment de mourir, elles vont pleurer et regretter cela. C'est valable pour tous ceux qui agissent mal. Le jour où vous allez quitter ce bas monde et qu'on vous montre le film de votre vie, c'est à dire le film de tout ce que vous avez fiat, ce jour là sera UN JOUR TRISTE. PENSEZ Y.
"La vie présente n'est que jouissance temporaire."
Sidiki Diouf
En Mai, 2013 (16:07 PM)c'est plus juste.
Sa Matt Goloniaye
En Mai, 2013 (16:11 PM)Quand meme je reste sur ma faim apres avoir lu le resume, je m'attendais plus.
Aussi, je ne comprends pas comment les mercredi sans voyages renvoient-ils a la sexualite?!
Quand me je bien d'accord k en sexualite, le diable est dans l'imagerie.
L'ensemble des tassous que les femmes executent sont tres erotiques.
Je me rappelle bien de cette chanson de "Kita Laye" kr.....moi-meme je l'ai saisi 1 peu tard mais c'est une chanson tres erotique que les enfants chantent en clappant les mains.
Kita Laye ma kalitou laye
Kita Laye ma kall !
Kita da fa deme bay nelaw
Khell ma de cii kall!
Encore Merci, Je reve d'un jour que quelque mette a jour un dictionnaire erotique!
Sa Matt Goloniaye
En Mai, 2013 (16:17 PM)fallait lire....Kita da fa "deme" bay nelaw khell ma deme cii kall!!
(C'est au moment de dormir que sa pensee ......!
Boy Boal-boal
En Mai, 2013 (16:29 PM)Nasaf
En Mai, 2013 (16:38 PM)Répulsion
En Mai, 2013 (16:56 PM)L'avocat Du Peuple
En Mai, 2013 (17:04 PM)Yf
En Mai, 2013 (17:19 PM)Sos
En Mai, 2013 (17:25 PM)je veux le numero de telephone de la voyante FATOU DIOP.
Merci.
Modou Moudou
En Mai, 2013 (18:09 PM)Reply_author
il y a 3 jours (22:56 PM)Imam$
il y a 3 jours (22:57 PM)Zam Zam
il y a 3 jours (23:19 PM)Reply_author
il y a 3 jours (23:26 PM)Reply_author
il y a 3 jours (23:44 PM)Reply_author
il y a 3 jours (23:46 PM)Restaurer La Gestion Honnête !
il y a 3 jours (09:48 AM)Doumalaye
En Mai, 2013 (18:44 PM)Kodiouf
En Mai, 2013 (20:32 PM)Il a renvoyé la balle à tous les étudiants sénégalais en général et à ses anciens étudiants en particulier.
Hoin
En Mai, 2013 (23:51 PM)Goor Piir
En Mai, 2013 (23:59 PM)Ali
En Mai, 2013 (03:24 AM)S il a fait des annees pour en arriver la , il a perdu son temps
Jl
En Mai, 2013 (06:19 AM)N'importe Quoi
En Mai, 2013 (08:39 AM)Thiey Li
En Mai, 2013 (07:15 AM)Connerie
En Mai, 2013 (11:07 AM)Walowalo
En Mai, 2013 (12:06 PM)Khoune
En Mai, 2013 (09:13 AM)Rew Rek
En Mai, 2013 (12:33 PM)Youssousow92
En Mai, 2013 (08:31 AM).....
En Mai, 2013 (23:48 PM)Eclipsss
En Mai, 2013 (01:51 AM)Lawol
En Mai, 2013 (19:00 PM)Participer à la Discussion